«La Covid-19 a grandement perturbé notre action»

Journée mondiale de lutte contre le Sida

Nadia Bezad

L’impact de la pandémie de Covid-19 sur l’action de sensibilisation au Sida, le rôle de l’école dans la prévention du VIH, et les progrès cumulés dans le combat contre cette maladie auto-immune sont autant de sujets abordés, dans trois questions, par la présidente de l’Organisation panafricaine de lutte contre le Sida (OPALS-Maroc), Nadia Bezad. Dans son entretien à la MAP à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le Sida, Mme Bezad insiste sur la nécessité de sensibiliser la population, et plus particulièrement les jeunes, aux risques de contamination par virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et de s’attaquer aux divers préjugés et stigmatisations autour de la maladie.

Quel a été l’impact de la Covid-19 sur l’action de l’OPALS-Maroc et les campagnes de sensibilisation au VIH?

La Covid-19 a grandement perturbé le système de travail de l’association. En effet, l’association a été contrainte de suspendre les campagnes de sensibilisation, de dépistage et de prévention pendant la période confinement sanitaire.

En outre, compte tenu de leur système immunitaire défaillant, les patients avaient grandement peur d’une éventuelle infection au coronavirus et s’empêchaient de sortir de leur domicile.

Heureusement l’OPALS a su s’adapter face à cette situation exceptionnelle en poursuivant ses services au sein des différents centres de traitements ambulatoires (C-TA) et en fournissant aux malades trois mois de traitement au lieu d’un, afin d’éviter tout déplacement supplémentaire des patients.

Quelles sont les contraintes rencontrées par l’OPALS-Maroc dans son action de lutte contre le VIH sur le terrain?

La plus grande contrainte pour l’association demeure l’absence d’une éducation sexuelle dans les écoles et au sein des familles. En effet, il n’existe pas au Maroc un véritable programme scolaire centré sur l’éducation sexuelle. L’école ne joue donc pas pleinement son rôle « d’éducatrice », en omettant de garantir une éducation sexuelle aux générations futures qui reste indispensable dans la vie de tout un chacun.

Aussi, la stigmatisation continue des personnes souffrant du Sida et l’immense tabou qui persiste autour de cette maladie constituent un réel obstacle pour faire face au VIH/Sida.

Au Maroc, il s’agit d’une maladie honteuse, la notion de « hchouma » (honte) étant omniprésente et les jugements pèsent continuellement sur les patients, les poussant parfois même à vivre cachés afin d’éviter les regards accusateurs.

Quels sont les progrès à faire au Maroc pour lutter contre la propagation du SIDA?

Il faut savoir que le Sida est une maladie totalement évitable, d’autant plus que la sensibilisation reste le meilleur moyen pour lutter contre sa propagation.

Ainsi, la société civile, les écoles et les familles sont appelées à s’engager pleinement dans cette action de lutte, afin d’expliquer aux jeunes les différents moyens de protection tout en leur offrant une éducation sexuelle sans tabous.

Les médecins traitants, plus particulièrement les généralistes, sont de leur côté invités à prendre en charge les patients. Le Sida étant une maladie chronique, chaque médecin doit apporter sa pierre à l’édifice afin de traiter les patients et sensibiliser au mieux la population à ce sujet.

En fait, le Maroc a réalisé des avancées notoires en termes de sensibilisation de la population dans les domaines de la santé sexuelle et reproductive, avec notamment l’adoption en 2019 des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur les soins auto-administrés (self-care) pour la santé sexuelle et reproductive. S’y ajoute le lancement de la première application des jeunes sur la santé sexuelle et reproductive qui s’intéresse à plusieurs sujets liés à la santé sexuelle et reproductive, dans un cadre aussi bien éducatif que ludique.

(Présidente de l’OPALS-Maroc)

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