La découverte au Maroc d’une vie microbienne extrémophile

Une avancée majeure pour la recherche scientifique

Par Idriss Tekki (MAP)

La découverte par une équipe internationale pluridisciplinaire d’une vie microbienne remontant à 570 millions d’années, qui a pu se développer dans des conditions extrêmes en milieux confinés, constitue une avancée majeure pour la recherche scientifique, affirme Abderrazak El Albani, professeur à l’Institut de chimie des milieux et matériaux de Poitiers (Université de Poitiers/CNRS).

Cette découverte, effectuée dans le cadre d’un projet mené conjointement avec l’Université Cadi Ayyad de Marrakech, permettra la mise en place d’un réseau de recherche pluridisciplinaire transversal et ouvert sur le monde, a souligné le scientifique marocain, qui dirige cette équipe de paléo-biologistes et géologues dans un entretien à la MAP.

Cette recherche, dévoilée à travers un article publié dans la revue scientifique internationale “Geobiology” va permettre aussi de comprendre les origines de la vie sur terre même quand les conditions sont hostiles, a-t-il dit, ajoutant qu’en plus, elle constitue un “excellent” analogue terrestre pour la recherche de formes de vie simple susceptibles d’exister sur d’autres planètes, ce qui explique l’intérêt que porte la NASA au site où cette découverte a été faite, dans la région de Ouarzazate.

Les recherches ont été menées près de la localité d’Atmane Tazgart, un site connu de la communauté scientifique, où l’équipe de M. El Albani a mis en évidence que des microbes ont su coloniser et prospérer dans des milieux extrémophiles associés à un environnement très confiné de lac volcanique.

Pour aller de l’avant dans ce genre de projets, M. El Albani insiste sur la nécessité de valoriser le travail des jeunes doctorants et des chercheurs à travers des projets de doctorats ou de post-doc bien ficelés et mieux encadrés.

“Le Maroc viendra alors concurrencer sérieusement à l’échelle du continent africain, l’Afrique du Sud, mais il pourra également se positionner à l’échelle mondiale”, préconise-t-il.

Toutefois, déplore le chercheur, le Royaume abrite plusieurs sites d’intérêt hautement scientifique qui parfois sont méconnus ou abandonnés, faisant observer que seules quelques universités étrangères, hors Europe “en bénéficient allégrement”.

Relevant que les ressources intellectuelles au Maroc ne manquent pas, il souligne la nécessité de dynamiser la recherche scientifique dans le cadre de projets de coopération.

L’objectif principal, à ses yeux, est de rendre la recherche attractive et accessible à tous, notant que la mise en valeur et la protection d’un site géologique passe d’abord par des publications de haut niveau et un travail de recherche solide basé sur la formation des jeunes.

“C’est eux l’avenir…Valoriser un site c’est également protéger et conserver l’histoire de l’Humanité”, insiste l’expert marocain, formulant le souhait de voir cette dernière découverte près de Ouarzazate contribuer à l’inscription du site sur la liste indicative du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Ceci permettra également au Maroc d’en bénéficier du point de vue géo-touristique et culturel vu la rareté de ce genre de sites à travers le monde.

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