«La création et l’art face à l’extrémisme et au discours de la haine»

Conférence inaugurale du centre WAI 

Mohamed Nait Youssef

Le centre WAI pour les études, la médiation et la réflexion a ouvert le bal de ses activités par une conférence intellectuelle autour du thème «la création et l’art face à l’extrémisme et au discours de la haine qui a eu lieu, mardi 2 mars, au siège national du Parti du progrès et du socialisme (PPS), à Rabat.

En effet, l’art en particulier et la culture en général, explique Abdelwahab Rafiki, président du centre, peuvent jouer des rôles majeurs dans l’épanouissement et l’éclaircissement des esprits et la lutte contre les mentalités totalitaires qui poussent surtout les jeunes à tomber dans l’extrémisme. En outre, Azzouz Senhaji, membre du bureau politique du PPS, a souligné  dans un  mot inaugural au secrétaire général du parti, Mohamed Nabil Benabdallah  que ce centre sera une valeur ajoutée aux champs de la pensée, de la culture, de l’art et de l’art et de la création.

«C’est un honneur pour le parti d’accueillir un tel débat avec la participation d’une pléiade d’intellectuels et d’artistes reconnus sur la scène nationale dans un contexte où la société a besoin plus que jamais de la culture et de l’art», a-t-il affirmé.  Et d’ajouter : « Le PPS a toujours été pour les valeurs de la création, de la pensée et de la culture ». Car, selon lui toujours, le PPS  a toujours veillé à ce que  la culture et la pensée et l’art soient  au cœur du nouveau modèle de développement. « Dans notre visions, on ne peut pas aspirer au développement et à la prospérité sans investir dans l’humain, notamment au niveau des valeurs, de la culture », a-t-il indiqué.

Pour Mohamed Amine Sbihi, ancien ministre de la Culture, la culture a un rôle extrêmement important dans la société parce qu’elle représente tout d’abord l’identité, la cohésion sociale mais aussi, elle est génératrice de revenus notamment dans une ère marquée par l’évolution des industries culturelles et créatives.

En revanche, Il est difficile, a-t-il ajouté,  de parler d’une politique nationale de la culture en l’absence d’une vision stratégique globale sachant que la Constitution marocaine est  avancée dans ce cadre en consacrant une place importante aux questions culturelles et artistiques.

Selon lui, cette politique doit reposer essentiellement sur des fondements, à savoir  la liberté d’expression et de création, l’intervention de l’Etat dans le secteur culturel afin de garantir les conditions nécessaires pour la pratique culturelle, notamment au niveau du soutien, de la protection juridique. Parmi les  piliers du modèle culturel marocain auquel nous aspirons, il y a également le droit à la culture et le partenariat avec tous les secteurs et instituions concernés mais aussi et surtout avec le secteur public qui a un rôle important dans le développement des industries culturelles et créatives. Sans oublier le principe de la protection des droits patrimoniaux et des droits moraux des créateurs à travers des lois. «Les acteurs politiques ont aussi un mot à dire dans l’élaboration des politiques culturelles et artistiques», conclut-il.

Le rôle du centre, explique Fatima Zehra Maelainine, est de braquer les lumières sur des sujets concernant les domaines de la culture, de la pensée, de la politique et de la société. «En créant ce centre, on a pensé à comment lutter contre l’extrémisme et le discours de la haine », a-t-elle expliqué.

Abderrahim El Allam, président de l’Union des écrivains du Maroc (UEM), a affirmé quant à lui que la création littéraire et romanesque a braqué les lumières sur le phénomène de la violence, de l’extrémisme, de la haine. Par contre, elle a contribué, dit-il, à la diffusion de la culture de la tolérance et du dialogue. « Le roman arabe faisant partie de la création humaine universelle a lutté pour les valeurs du vivre ensemble et de la paix », a-t-il indiqué. Selon lui toujours, le roman et l’imaginaire  arabes ont  tissé au fil du temps de nouveaux liens avec l’autre tout en respectant ses spécificités culturelles, linguistiques et religieuses. «La force des écrivains et créateurs peut changer le visage de l’humanité dans le présent comme elle avait déjà changé dans le passé », a-t-il souligné. 

Oulaya Idrissi, écrivaine et poétesse, a souligné que le monde a besoin de trouver une nouvelle piste, voire se révolter contre la voix de la haine. Pour quelle fin créons –nous?, s’est elle interrogée. Certes  la création, dit-elle, est une affaire très personnelle mais elle a aussi pour but d’apporter quelque chose au monde, aux autres. « Je pense que la création est l’un des mécanismes fondamentaux pour lutter contre l’extrémisme »,  a-t-elle affirmé. Et d’ajouter : «nous avons besoin d’une véritable révolution créative et plus d’intérêt à l’art, à la chorégraphie et les autres arts faisant l’éloge de la beauté humaine ». 

Quant à Yassin Ahjam, acteur et metteur en scène, il  a pointé du doigt sur le discours de la haine, notamment sur les réseaux sociaux. Selon lui, l’éducation est très importante pour faire face aux idées extrémistes. Pour renfoncer le rôle de l’art et de la culture au Maroc, il faudrait renforcer l’arsenal juridique, le secteur, a-t-il estimé.  « Nous espérons la mise en œuvre du statut de l’artiste tout en faisant référence à l’évolution au niveau de la structuration du secteur culturel », a-t-il fait savoir.

Fatima Ifriqui, journaliste et femme des médias, a évoqué dans son intervention l’impact de la révolution numérique sur l’art et la culture ainsi que leur discours. «Nous vivons ces dernières décennies une révolution numérique remarquable et profonde ayant influencé les sociétés dans le monde dont les réseaux sociaux. Ces derniers sont devenus des nouveaux espaces pour relayer des informations, pour s’exprimer librement et pour diffuser la culture loin de la censure », a-t-elle souligné. Or, un autre discours violent, attaquant a vu le jour avec l’avènement de ces  nouveaux canaux de communication, dont les intellectuels et les artistes en sont des victimes.

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