Ventre vide, tables garnies

Ramadan au Mali

Par CISSE Inna Mariam

Il s’agit du neuvième mois du calendrier et le mois le plus sacré de la culture musulmane. La première journée commence le lendemain de l’observation du nouveau croissant de Lune par un comité d’observation de la lune par les autorités religieuses maliennes. Le Ramadan est un mois où les musulmans jeûnent et cherchent à grandir davantage leur vie spirituelle.

Les femmes sont les premières à se lever dans le noir, pour se rendre dans la cuisine et préparer le repas du « Souhour ». Pendant ce temps aux environs de 4h du matin, les autres membres de la famille se réveillent un à un pour se réunir dans la salle à manger ou au salon. Certains préfèrent manger du riz. D’autres du pain avec des œufs, du fromage, beurre… ils doivent finir de manger avant l’appel du « fajr » de la mosquée afin d’entamer cette journée de jeûne.

Passés à l’appel, ils s’abstiendront de manger et de boire jusqu’au couché du soleil. C’est-à-dire la rupture du jeûne, « iftar ». Pour passer à la prière de l’aube, certains préfèrent partir à la mosquée.  Par ailleurs, d’autres restent pour faire la prière chez eux.

« La mort existait avant le coronavirus, elle existera après », philosophent quelques personnes sur le chemin de la mosquée. Contrairement à d’autres, le Mali n’a pas fermé les mosquées, et la persistance de cette promiscuité propice à la contamination est devenue un sujet de controverse.

Après 6h, tout le monde vague à ses activités, les fonctionnaires vont à leurs différents  lieux de travail, les commerçants et les vendeuses de légumes au marché, les cultivateurs aux champs… entre temps, il faudra supporter le soleil et les 40 degrés.

Les heures passent au même rythme : les femmes au fourneau ou au marché, encore ouvert malgré la crise sanitaire.

 Après 16H00, le déclin du soleil se fait désirer. Le bord de fleuve se remplit d’enfants qui se délassent, s’éclaboussent et font des saltos. Un air de légèreté flotte sur le quartier. L’approche de la rupture du jeûne amène le sourire.

En Afrique, les plats consommés après la rupture du jeûne sont très différents selon les régions. Les seuls points communs concernent le respect de la tradition prophétique musulmane, on rompt le jeûne comme Muhammad le rompait, avec une date et du lait ou encore de la tisane. Pour le reste, c’est la tradition et la culture de chaque pays qui entrent en jeu.

A 18h45, tout le monde est de retour chez eux et fin prêt dans la cour : au moment de rompre le jeûne, c’est l’un des moments les plus conviviaux ou tout le monde se réunit en attendant l’appel de la mosquée afin de passer à la rupture.

Il est enfin l’heure, tout le monde s’empresse, commençant par manger des dattes, puis à boire du « kinkéliba » chaud (une plante consommée en tisane, pleine de vertus). Elle facilite la digestion et est conseillée aux personnes qui font le jeûne.

Les plats de résistance au Mali durant le Ramadan sont très salés et épicés et sont réalisés à base de riz, accompagnés généralement de sauce à la viande, le woudjila (plat typiquement sonrhaï du nord du mali faite de farine et sauce à base de tomates),  le yassa (sauce à base d’oignons), mafé (sauce de pâte d’arachide)…

Chaque journée est rythmée par 5 supplications : à l’aube, au moment où le soleil atteint son zénith. Pendant l’après-midi, au coucher du soleil. Et enfin celle de la nuit.

 Certains prient chez eux, d’autres préfèrent la mosquée (prier en groupe étant recommandé dans la tradition). Pendant le Ramadan, hommes et femmes sont invités à se rendre dans ce lieu de culte tous les soirs : l’intégralité du Coran est lue en l’espace d’un mois.

 Certes ce mois de jeûne n’aura pas la même saveur pour les musulmans maliens : entre confinement strict, crise économique et soutien aux plus démunis, le couvre-feu et certaines interdictions, décrétés pour lutter contre la propagation du coronavirus ; il reste tout de même un mois spirituel, de bénédiction, de partage, de convivialité.

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