«L’histoire lui a donné raison…»

Talaâ Saoud Atlassi

Feu Nadir Yata, fut un grand ami à moi. Certes nous partagions les mêmes convictions étant donné que nous sommes issus de la même école idéologique, cependant, il faut dire que notre relation, outre le lien de camaraderie,  était imprégnée de fraternité.

En fait, nous avions beaucoup de points communs, lorsque je fus militant au sein de l’organisation de l’action démocratique populaire (OADP) alors que lui, il s’activait dans les rangs du Parti du progrès et du socialisme (PPS). Mais, ce qu’il faut mettre en exergue, qu’au-delà des principes de la gauche et du socialisme, qui constituaient le moteur de notre action, les questions nationales et les idées patriotiques fondaient la trame de sa vision. Il s’agit d’une dimension importante qu’on ne peut point l’ignorer. D’ailleurs, c’est ce qui fait l’originalité de ses écrits journalistiques.

Feu Nadir fut un homme aimable,  communicatif,  dotait de compétences génériques. Par sa pensée et ses idées, il a su ouvrir à son parti de grandes perspectives,  notamment nationaux, en s’inscrivant aux antipodes des calculs et idées étroites.  Cela étant, ses écrits journalistiques et ses éditos incarnaient son ouverture sur son environnement politique qui ne reflétaient point les orientations du Parti ou celles du Comité central  et ce loin des pratiques qui furent à l’époque  une monnaie courante dans  les partis communistes notamment  dans les pays de la Chine et l’Union soviétique.

Qui plus est, les écrits de Nadir traduisent la présence d’un espace de liberté au sein du PPS. Rappelons que le PPS était sur le point de connaitre à l’époque une grande mutation en visant à sortir du cocon et s’ouvrir davantage,  en forgeant sa propre ligne politique voire son propre identité, qui n’est pas forcement celle  des partis des pays du bloc de l’Est.   

Autrement dit, Feu Nadir a posé les jalons d’une écriture journalistique s’inspirant des idées du parti tout en étant ouvert sur le monde extérieur.

Je me rappelle, alors qu’il était encore en bonne santé, nous étions dans une cérémonie diplomatique, comment les représentants  des ambassades et diplomates le saluaient avec ferveur en lui faisant part de leur admiration à ses écrits publiés sur les colonnes du journal Al Bayane.

Son atout consiste dans le fait qu’il a su se forger une place remarquable dans le champ journalistique partisan et ce en exprimant ses idées hors des cadres étroits du parti. Bref, Feu Nadir a trouvé la bonne recette, celle de se conformer aux préceptes idéologiques de son parti mais tout en inscrivant son action dans une démarche interactive, en étant fermement attachée aux principes de la liberté et de la démocratie. Ses écrits étaient aussi  un acquis non seulement pour le PPS ou encore le support Al Bayane, mais également pour toute la presse  marocaine. Il s’agit d’une valeur sûre pour la presse du Maroc. Sa disparation fut une perte pour toute la presse marocaine.

Se écrits de haute qualité rédactionnelle, témoignant de sa  belle plume, conjuguant à la fois,  le style littéraire et la profondeur d’analyse. Il faut reconnaitre  qu’il a ouvert la voie à plusieurs journalistes qui ont essayé d’emprunter son chemin en se permettant une certaine liberté d’expression. Certes, ses écrits  ayant le sens de l’audace  lui ont valu certaines critiques, mais l’histoire lui a donné raison. Ce fut un homme politique d’action et perspicace et un  journaliste averti et intelligent qui a maqué l’histoire du journalisme marocain.    

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