La profondeur de l’écriture et l’observation du monde.

Entretien avec Dominique Gaucher

Par Noureddine Mhakkak

Dominique Gaucher est née en 1955 à Montréal. Sociologue, elle a travaillé pendant trente-cinq ans dans la fonction publique québécoise. Lauréate en 1995 des Prix Piché-Le Sortilège du Festival international de poésie de Trois-Rivières et Premier prix de prose de la Société littéraire de Laval, elle est l’auteure de cinq livres de poésie publiés aux Écrits des Forges : Poèmes du lendemain – quatre – (collectif), Solos, en 1999, Trajets, passages et autres déménagements d’atomes (2010), Avant de renoncer, en 2016 et L’inverse de la lumière (2020). Elle a dirigé la revue Brèves littéraires en 2006-2007 et publié une chronique régulière dans l’Unique, le bulletin de l’Union des écrivains québécois, pendant quatre ans. Elle a tenu une chronique à l’émission Le pays des livres durant deux saisons et participé à la préparation de The Echoing Years. An Anthology of Poetry from Canada & Ireland, publiée en 2007 en Irlande. Quelques-uns de ses poèmes apparaissent dans How the Light Gets in… Anthology of Poetry from Canada, aussi en Irlande, ainsi que dans d’autres anthologies, notamment en France, et en traduction en Angleterre, à Taïwan et en Allemagne. Elle est coordonnatrice du Centre québécois du P.E.N. international.

Écrivaine. Réviseure linguistique ⁄ correctrice d’épreuves pigiste. Coordonnatrice du Centre québécois du p.e.n. international.

Que représentent les arts et les lettres pour vous ?

Une bouffée d’oxygène… et une atmosphère qui me baigne depuis toujours. Mon père était artiste visuel et ma mère, professeure de lettres. J’ai grandi entourée de livres d’art et de littérature. Enfant, je dérobais des livres pour adultes dans la bibliothèque de ma mère, que je lisais en cachette. J’ai des œuvres exposées partout dans la maison.

Que représente l’écriture/la lecture pour vous ?

L’écriture est un besoin. J’écris sur ce qui m’importe, que ce soit sur le plan personnel ou social. J’ai commencé à écrire jeune, parce que j’étais malheureuse et que je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Je me semais des cailloux de Petit Poucet pour trouver plus tard l’origine de mes problèmes : en grande partie, ma mère. Mes textes d’adolescence m’ont été utiles en thérapie, et j’en ai fait un livre, Solos. Mon dernier livre, L’inverse de la lumière, porte aussi sur elle, de même qu’un récit en attente de publication.

Je lis beaucoup, surtout des romans. Beaucoup de littérature québécoise, mais aussi des romans français et des traductions. Je suis sensible aux climats froids (il me faut mes romans d’hiver en plein été) … et, comme beaucoup d’autres, je dévore les polars nordiques.

Parlez-nous des villes que vous avez visitées et qui ont laissé une remarquable trace dans votre parcours artistique.

Je voyageais à travers le monde pour mon travail et j’ai écrit sur ce que j’observais autour de moi, notamment les changements affectant l’Europe de l’Est après la chute du Mur. Vienne est ma ville préférée, surtout le centre, avec ses édifices aux façades si travaillées et sa propreté maniaque. J’ai aimé aussi les collines de Kiev, les rues ombragées de Sofia et la beauté de la Roumanie, qui m’ont toutes inspirées. J’ai été étonnée par Port-au-Prince et par Hong Kong. C’est l’objet de mon livre Trajets, passages et autres déménagements d’atomes. J’ai aussi passé un mois à Rabat en 2015, chez une amie, et j’ai un peu visité la ville, où j’ai fait une lecture de poésie à l’organisme Rabat Accueil. 

Que représente la beauté pour vous ?

Je crois que je vois de la beauté dans la simplicité, surtout dans l’écriture. Je n’aime pas les formules ampoulées, bien que mon écriture soit parfois complexe. Mes poèmes sont souvent courts et cherchent à aller à l’essentiel. Mais la beauté, c’est aussi la couleur et la magnificence de la nature et je vis entourée de jardins et de couleurs.

5- Parlez-nous des livres /films que vous avez déjà lus/vus et qui ont marqué vos pensées.

Ma poétesse préférée est la Luxembourgeoise Anise Koltz, qui a une plume incisive, dans des poèmes très brefs et percutants. J’ai été marquée jeune par le poète québécois Hector de Saint-Denys Garneau, dont la poésie simple m’a touchée au cœur. J’ai lu, comme bien d’autres, Lettres à un jeune poète, de Rainer Maria Rilke, qui a contribué à façonner mon écriture. Récemment, le roman Le bûcher de György Dragomán, un Hongrois de Roumanie, m’a transportée par son contenu et son écriture. Ouvrir son cœur de la Québécoise Alexie Morin est aussi une lecture récente qui m’a marquée parce qu’elle faisait remonter des souvenirs. Enfant, le roman jeunesse Pimprenelle et Mafouinette de Marcelle Vigneron-Vérité, publié en 1934 m’avait profondément remuée parce qu’il touchait à une certaine dualité en moi. Dans la vingtaine, le Journal d’Anaïs Nin m’a captivée, parce qu’il reflétait l’émancipation des femmes et l’époque troublante de libération sexuelle dans laquelle nous vivions alors.  

Parlez-nous de vos projets culturels/artistiques à venir.

J’ai écrit un récit sur ma vie avec ma mère pour lequel j’attends une réponse d’un éditeur. Il me semblait important de dire qu’on peut se sortir d’expériences difficiles. Je suis en train d‘écrire un autre récit, sur une relation amoureuse très complexe. J’ai aussi trois recueils de poésie en chantier, dont l’un est constitué de portraits.  

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