«Y a-t-il des limites à la recherche scientifique sur les dérivés du cannabis?»

Congrès à Tanger sur l’histoire, le potentiel et les perspectives de la culture du cannabis au Maroc

Le 1er Congrès marocain sur l’utilisation des dérivés du cannabis, qui se tient du 21 au 23 mai à Tanger, examine la nécessité de lier la recherche scientifique avec l’industrie pharmaceutique dans ce domaine.

Cette rencontre, organisée par l’Association marocaine consultative d’utilisation du cannabis, constitue une occasion pour aborder l’histoire de la culture du cannabis au Maroc, les caractéristiques de la plante du cannabis marocain, le potentiel et les perspectives de la recherche scientifique dans ce domaine et l’impact socio-économique de la légalisation de la culture du cannabis pour des fins médicales, pharmaceutiques et industrielles.

Le président de l’association organisatrice et professeur à l’Université Mohammed VI des sciences de la santé, Pr. Rabii Redouane, a souligné que ce Congrès, organisé en partenariat avec le ministère de la Santé, vise à lier la recherche scientifique sur le cannabis avec les industries pharmaceutique, cosmétiques et paramédicales, notant que pour tirer profit des opportunités disponibles, il faut procéder à la légalisation de la culture du cannabis parallèlement à la valorisation de ses produits.

Il a ainsi présenté les résultats d’une enquête menée, par l’association sur les usages médicaux du cannabis, auprès de 309 personnes, qui a montré que 86,4% des personnes interrogées sont favorables à l’usage médical du cannabis, et 62,1% pensent que le Maroc dispose de la capacité industrielle pour valoriser la plante de cannabis, alors que 87,4% estiment que les agriculteurs bénéficieront des potentiels de développement économique et social résultant de la légalisation de cette culture.

Pour sa part, la directrice des médicaments et de la pharmacie au ministère de la Santé, Pr. Bouchra Meddah, a affirmé que le cannabis et ses dérivés sont l’un des sujets de santé publique au Maroc, passant en revue les textes juridiques régissant la recherche scientifique dans le domaine de valorisation du cannabis, qui seront renforcées par le projet de loi n° 13.21 relatif à l’usage licite du cannabis, qui est en cours d’approbation.

De son côté, le professeur à la Faculté des sciences de l’Université d’Abdelmalek Essaâdi, El Marzouki Abderrahman, a présenté un exposé sur l’histoire de la recherche scientifique sur les usages médicaux du cannabis à l’université, qui a été lancée il y a environ 30 ans, relevant que cette conférence constitue l’occasion de faire le point sur les caractéristiques de la plante et comment utiliser ses dérivés d’une manière scientifique correcte, de manière à permettre au Maroc d’accompagner les progrès réalisés par plusieurs pays dans le domaine de valorisation des dérivés du cannabis.

Dans ce contexte, le président de l’Université Abdelmalek Esaâdi, Bouchta El Moumni, a noté que l’université lancera des appels à propositions de recherche sur le cannabis, pour enrichir les connaissances sur les avantages de cette plante et les utilisations possibles de ses composants, soulignant l’importance de se baser sur l’économie du savoir et de l’innovation pour parvenir au développement des territoires concernés par la culture du cannabis.
Quant au président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Adil Rais, il s’est arrêté sur les opportunités d’investissement disponibles et les emplois potentiels, grâce à la légalisation des usages médicaux et industriels du cannabis au Maroc, appelant à la nécessité de créer une nouvelle industrie manufacturière pour valoriser le cannabis et ne pas se contenter de la culture et de l’exportation des matières premières.

Après avoir rappelé que le Maroc dispose de grandes quantités du cannabis brut, mais n’a pas une industrie manufacturière forte, M. Rais a souligné la nécessité de se préparer à avoir une forte présence sur le marché international des dérivés licites du cannabis, qui connaît une croissance rapide et devrait atteindre 200 milliards de dollars à l’horizon 2028.  «Nous ne pouvons pas rater cette opportunité. Nous devons plutôt être au cœur de ce marché pour en profiter au maximum», a-t-il insisté.

Cette rencontre, placée sous le thème «Y a-t-il des limites à la recherche scientifique sur les dérivés du cannabis?», a été ponctuée par des exposés sur «l’histoire du cannabis au Maroc et à travers le monde», «les caractéristiques de la plante du cannabis marocain», «le potentiel et les perspectives de la recherche scientifique sur les dérivés du cannabis au Maroc» et «l’impact socio-économique de la culture du cannabis au Maroc».

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Chambre des représentants

Le projet de loi sur l’usage licite du cannabis adopté en Commission de l’Intérieur

Le projet de loi N°13.21 relatif à l’usage licite du cannabis a été adopté à la majorité, vendredi, par la Commission de l’Intérieur, des collectivités territoriales, de l’habitat et de la politique de la ville à la Chambre des représentants, en présence du ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit.
Ce projet de loi, qui vise à améliorer la situation socio-économique de la population de la région, a été adopté par 20 voix contre 3.
S’exprimant à cette occasion, le président de la Commission, Hicham El Mhajri, a indiqué qu’au bout de sept heures de débat acharné autour de ce projet de loi, le gouvernement a pris en considération certains amendements qui sont à même d’apporter une plus-value et d’avoir un impact positif sur la population de la région.
Ceci, a-t-il expliqué dans une déclaration à la MAP, permettra surtout aux jeunes de la région de développer leurs compétences et, au même titre que les grandes sociétés, de trouver des partenaires pour valoriser leur production, à condition que les activités liées à cette production (culture, collecte, industrialisation, commercialisation…) ne soient pas dominées par une seule entité afin d’en garantir la traçabilité.
Ce projet de loi, élaboré en harmonie avec les engagements internationaux du Royaume, avait été adopté par le Conseil de gouvernement en mars dernier. Il vise à soumettre toutes les activités liées à la culture, à la production, à la transformation, au transport, à la commercialisation, à l’exportation et à l’importation du cannabis et de ses produits à un système de licence.
Dans le même sillage, le ministère de l’Intérieur avait élaboré des études scientifiques exhaustives portant essentiellement sur la faisabilité du projet, son potentiel socio-économique et environnemental, ainsi que sur les atouts et les défis que le Maroc se doit de relever pour réussir ce chantier de grande envergure.

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