Donald Tusk quitte le Conseil européen et rejoint l’opposition polonaise

Attendons pour voir…

L’ancien président du Conseil Européen, Donald Tusk, 64 ans, qui fut Premier ministre de la Pologne de 2007 à 2014, est de nouveau au devant de la scène politique de son pays après avoir pris la direction du parti d’opposition « Plateforme civique » (PO), centre-droit, qu’il avait co-fondé en 2001.

A l’issue de la réunion, tenue ce samedi, par le Conseil national de « PO », son porte-parole, Jan Grabiec, a déclaré qu’après la démission de Borys Budka, « les tâches de président de la ‘Plateforme civique’ sont assumées par Donald Tusk », désormais, vice-président du parti jusqu’à l’organisation d’une élection formelle avant la fin de l’année.

Finaliste de l’élection présidentielle de l’année dernière, le maire de Varsovie, Rafal Trzaskowski, qui s’était dit prêt à prendre la direction de la « Plateforme civique » a fini par se rétracter et par accepter que celle-ci soit dirigée par Donald Tusk.

Dans son allocution, chaleureusement ovationnée par les militants de sa formation politique, Donald Tusk a affirmé être « de retour à 100% » et accusé le parti conservateur nationaliste « Droit et Justice » (PiS) de Jaroslaw Kaczynski, au pouvoir, d’être un « démon » qui a placé la Pologne dans une « situation dangereuse » en créant des dissensions avec ses partenaires de l’Union européenne.

Selon un récent sondage effectué par l’Institut Ibris pour la chaîne de télévision « Polsat », même s’il a perdu la courte majorité qu’il détenait au sein du Parlement du fait notamment de ses réformes judiciaires fortement controversées, le parti « Droit et Justice » (PiS) occupe toujours la première place avec 34% des intentions de vote. Suivi par le parti centriste d’opposition « Pologne 2050 » (17,1%), il n’a laissé à la « Plateforme civique » (PO) que la troisième place (16,9%). Mais, même avec de telles prévisions, Donald Tusk ne s’est pas empêché de s’en prendre directement à Jaroslaw Kaczynski, le chef du « PiS », dans son intervention devant les militants de la « Plateforme civique », et d’accuser ce dernier d’avoir éloigné la Pologne des valeurs de l’Union européenne et conduit le pays à un « isolement complet » sur la scène internationale.

Ainsi, bien que les élections polonaises soient prévues pour 2023, certains commentateurs n’hésitent pas à affirmer que, pour se prémunir d’un vote de défiance au Parlement, il y a de très fortes chances pour que le « PiS » qui a tenu son Congrès, ce samedi, soit tenté par l’organisation d’élections anticipées après qu’il ait confirmé le maintien de Jaroslaw Kaczynski, 72 ans, à la tête du parti et approuvé la nomination du Premier ministre Mateusz Morawiecki, 53 ans, au poste de chef-adjoint ; ce qui fait de lui, de facto, l’héritier présomptif du vieux dirigeant.

Dans son intervention face aux congressistes, Jaroslaw Kaczynski a affirmé qu’il serait à la tête du « PiS » pour une dernière fois et promis d’accélérer le programme économique de son parti afin « d’aligner les conditions matérielles des polonais sur celles de leurs voisins d’Europe de l’ouest ».

Donald Tusk qui a grandi à Gdansk, cette ville portuaire du nord du pays qui fut le berceau du mouvement « Solidarnosc » ayant démantelé le régime communiste polonais et qui, en sa qualité de Président du Conseil européen de 2014 à 2019, avait géré ces dossiers épineux se rapportant notamment à la crise migratoire, à la situation économique de la Grèce et aux difficiles négociations concernant le Brexit et qui est connu pour  avoir longtemps été le seul, dans le paysage politique polonais, à combiner la sensibilité populaire et l’habileté rhétorique capable de bousculer le « PiS » et le premier chef de gouvernement, depuis 1989, à avoir été reconduit pour un second mandat et à avoir permis à son parti de remporter sept victoires consécutives entre 2007 et 2014 en dépit d’une situation intérieure et d’une conjoncture internationale particulièrement difficiles va-t-il laisser le vieux Jaroslaw Kaczynski mettre en œuvre son programme politique ?

Nabil EL BOUSAADI

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