Du 5 au 7 août 1907, le bombardement colonial de Casablanca

Il y a 114 ans

Il y a plus d’un siècle, la marine de guerre française bombardait la ville Casablanca, à la suite de l’insurrection de la population de la ville et des tribus de la Chaouia contre la volonté de mainmise de la France sur la ville et le pays, qui avait fait 6 blessés parmi les soldats français.

Ces événements remontent au début de la première décennie du 20e siècle, suite à l’occupation de l’Algérie et de la ville d’Oujda, et après que la face atlantique du Maroc, notamment les villes de Casablanca, Al Jadida, Azemmour, Essaouira, Tanger et Rabat aient fait l’objet, à leur tour, de visées coloniales, eu égard à leur rôle économique et à leur position géographique.

Ces événements, survenus entre le 3 juillet et le 3 septembre 1907, ont été déclenchés après que les forces d’occupation aient décidé, en mars de la même année, la construction du quai du port de Casablanca et d’une ligne de chemin de fer de 1.500 mètres reliant le port à une carrière pour le transport de matériaux de construction du quai.

En effet, le colon a entamé en mai 1907 les travaux de construction du quai et imposé en juillet des contrôleurs étrangers au port.

A la lumière de ces événements, les tribus de la Chaouia, voisine de la ville de Casablanca ont constitué une délégation pour expliquer le point de vue des populations et faire parvenir leurs doléances réclamant l’expulsion des contrôleurs étrangers des services de douanes, la destruction de la ligne de chemin de fer reliant le port à la carrière et l’arrêt immédiat des travaux de construction au port de Casablanca. Les tribus de la Chaouia ont tenu, le 28 juillet 1907, une réunion au Souk Al Had, à Ouled H’riz, pour réitérer les revendications des populations et chargé une délégation de dix personnes pour les transmettre.

Le 30 juillet, Casablanca a connu une vague de protestations demandant le boycott des commerçants européens. Le soir du même jour, des accrochages dans le chantier du port entre Marocains et Français ont fait neuf morts parmi les ouvriers français et d’autres nationalités.

Réagissant à ces incidents, les autorités françaises ont dépêché le croiseur Galilée au large de Casablanca. Le 5 août 1907, le commandant du croiseur reçoit l’ordre d’envahir la ville tuant tout citoyen marocain se trouvant sur leur chemin. Arrivés au consulat, les marins ont levé le drapeau français, faisant signe au croiseur, comme convenu, pour déclencher les bombardements de la ville.

Face à cette opération, des groupes de moujahidine venus des différentes tribus de la Chaouia ont encerclé, le même jour, les marins français. Dans la nuit du 5 au 6 août 1907, ils ont attaqué des intérêts des envahisseurs.

Les accrochages armés se sont intensifiés alors entre les Marocains et les Français qui ont bombardé la grande mosquée détruisant le minaret. Les navires de guerre français commençaient à bombarder les portes de la ville particulièrement Bab Marrakech pour empêcher les moujahidine de gagner Casablanca.

Le 7 août 1907, la flotte française amarra au large de Casablanca et les navires mettaient les troupes à terre alors que leurs canons déblayèrent la ville et ses environs tuant des civils, sans armes, qui fuyaient les quartiers bombardés. Il a été constaté que les consulats ont été utilisés comme lieux de stock d’armes et de munitions, profitant de l’immunité diplomatique de ces établissements.

Après ces événements, de nouveaux contingents des forces d’occupation étaient dépêchés à Casablanca. Les moujahidine ont, de leur part, organisé, le 10 août 1907, une attaque contre le camp français, suivie d’une autre le 18 août.

Ces événements ont été suivis par une série de combats au cours desquels les Marocains ont fait montre de volonté, de conviction profonde, et de sacrifice pour la défense des valeurs sacrées religieuses et nationales.

L’Histoire gardera en mémoire les batailles du 28 août à Dar Bouaâzza et du 3 septembre à Sidi Moumen, lors de laquelle deux officiers et un groupe de soldats français ont trouvé la mort, ainsi que la confrontation des moujahidine avec les forces d’occupation le 11 septembre 1907 au camp de Tadarte.

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