Le projet de gazoduc Nigeria-Maroc a des avantages géopolitiques et économiques

Nigeria-Maroc    

L’importance du projet de gazoduc entre le Nigeria et le Maroc réside dans le fait qu’il constitue la principale voie de développement et d’intégration à grande échelle et transfrontalière et qu’il s’agit d’un projet stratégique-atlantique visant à améliorer la sécurité énergétique des pays africains et européens, ainsi que d’un carrefour des intérêts énergétiques de plusieurs acteurs internationaux, estime M. Mohamed Bouden, politologue et président du Centre Atlas d’analyse des indicateurs politiques et institutionnels.

La vision logique du projet n’était pas de raccourcir les distances mais d’en faire une voie de développement et d’améliorer la vie de près de 400 millions de personnes, car un projet de cette ampleur devrait être une artère vitale, souligne le politologue marocain dans un article publié dans le portail sénégalais « reveildakar.info ».

Les deux pays auraient pu envisager un projet de gazoduc qui partirait du Nigeria vers le Maroc et ne passerait que par trois pays, à savoir le Niger, le Mali et la Mauritanie ou quatre Etats qui sont le Bénin, le Burkina, le Mali et la Mauritanie. Mais, la vision maroco-nigériane concernant le pipeline a pris en compte les facteurs de sécurité et de stabilité et les opportunités d’intégration et de développement durable dans un large éventail d’Afrique de l’Ouest comprenant 11 pays, a fait noter M. Bouden.

Les récents développements internationaux ont mis un accent stratégique sur les sources d’énergie et ont contribué à la consolidation de l’importance stratégique, économique et géopolitique du projet de gazoduc Nigeria-Maroc, fruit de la volonté commune de deux pays leaders dans le continent africain, et ce, lors de la visite effectuée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI au Nigeria en 2016, et de Ses entretiens avec le président nigérian, Muhammadu Buhari, a ajouté le politologue.

Les avantages économiques du projet de gazoduc Nigeria-Maroc se reflètent pour le Royaume du Maroc dans le renforcement et la diversification des choix et des alternatives sur le marché de l’énergie, alors que pour le Nigeria ce projet géant améliorera considérablement le PIB du pays, note-t-il, relevant que les pays que traversera le pipeline seront en mesure de produire suffisamment d’électricité pour la consommation intérieure, les activités manufacturières, les activités agricoles, la production agricole, ainsi que pour créer des offres d’emploi et d’améliorer les conditions de vie des populations.

Dans un cadre plus global, le projet pourrait accélérer la mise en œuvre de la vision de la route transafricaine de Tanger-Lagos et permettra également d’améliorer les possibilités de traiter les causes de la migration irrégulière en provenance des pays d’origine et de contribuer à réduire la pollution, stimuler une industrie propre et promouvoir la sécurité et la stabilité, a-t-il ajouté.

Il ne fait aucun doute que le projet donnera un nouvel élan au Maroc sur le continent africain sur les plans économique, politique et développemental, et renforcera la position du Royaume du Maroc en tant que pays africain leader dans l’investissement en Afrique, a encore souligné M. Bouden, précisant que la position stratégique du Maroc donne accès à de nombreux acteurs importants régionaux et continentaux et hors du continent africain, d’autant plus que le projet de gazoduc Nigeria-Maroc représente une vision stratégique dont l’ambition dépasse 5660 km vers le nord.

Sur le plan géopolitique, la voix du Maroc et du Nigeria se fait entendre par les différents acteurs internationaux qui parlent en termes d’énergie pour soutenir ce futur projet, a-t-il fait remarquer, affirmant que le Royaume adopte une stratégie tridimensionnelle qui vise, d’une part, à renforcer le marché intérieur de l’énergie avec une alternative importante, et d’autre part, à sécuriser un passage de gaz vital afin de créer un modèle complémentaire entre l’Afrique du Nord et de l’Ouest, ainsi que de rendre le lien entre l’Afrique et l’Europe fondé sur la logique de l’équilibre et du bénéfice mutuel.

Au volet des partenariats et des investisseurs, M. Bouden a indiqué que le projet a certainement besoin de partenaires internationaux des secteurs public et privé, car il représente un partenariat à long terme et un cadre d’action collective pour accélérer la croissance économique.

A rappeler que le ministre d’État nigérian aux Ressources pétrolières, Timipre Sylva, avait expliqué lundi dernier que le projet de gazoduc Nigeria-Maroc, qui est une extension de celui de gazoduc de l’Afrique de l’Ouest et qui achemine déjà du gaz du Nigeria jusqu’au Ghana, en est au stade des études et de la recherche de partenaires financiers, pour le mener jusqu’au Maroc où il sera relié au marché européen.

« Nous voulons poursuivre ce même gazoduc jusqu’au Maroc en longeant la côte. Pour l’heure, nous sommes au niveau des études, et bien sûr, nous sommes au niveau de la sécurisation du financement de ce projet et beaucoup d’entités manifestent leur intérêt », avait déclaré M. Sylva.

Il avait révélé que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et la Russie font partie des organismes internationaux prêts à investir dans le projet de gazoduc Maroc-Nigeria.

Toutefois, le ministre avait souligné que « nous n’avons pas encore totalement conclu un arrangement financier. Il y a beaucoup d’intérêt international, d’intérêt des investisseurs pour le projet, mais nous n’avons pas vraiment identifié les investisseurs avec lesquels nous voulons travailler ».

« Pour l’instant, les deux investisseurs dans ce projet sont le Nigeria et le Maroc, nous sommes les deux pays qui sont prêts à s’unir pour développer ce gazoduc », avait-il indiqué.

Le méga-projet de gazoduc Maroc-Nigeria, dont l’étude de faisabilité a été entamée en mai 2017 avec un coût de plusieurs milliards de dollars, avait été lancé au cours de la visite officielle de SM le Roi Mohammed VI, en décembre 2016 à Abuja, et un accord y afférent avait été signé, le 10 juin 2018, lors d’un déplacement à Rabat du président nigérian, Muhammadu Buhari.

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