Les américains se mobilisent pour défendre le droit à l’avortement

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI 

« Pas touche à nos corps ! » est le mot d’ordre qu’ont scandé, à l’unisson, plusieurs milliers d’américains lors des grandes marches qui ont été organisées, ce samedi 22 mai 2022, à Washington, New York, Chicago, Austin et Los Angeles avec pour objectif de défendre le droit à l’avortement actuellement menacé par la Cour Suprême.

Ainsi, à New York, les sénateurs démocrates Chuck Schumer et Kirsten Gillibrand, la procureure de la ville Laetitia James et le maire Eric Adams étaient en tête d’un cortège de quelques 3.000 personnes qui brandissaient des pancartes roses sur lesquelles on pouvait lire « Pas touche à nos corps ! » et qui clamaient « La Cour Suprême veut tuer les femmes », « Faites avorter la Cour !». Sur une grande banderole placée à l’avant du cortège était écrit  « Nos corps, nos avortements ».

 « Nous en avons fini avec les attaques contre l’avortement. Nous manifestons aujourd’hui pour le dire haut et fort : Pas touche à nos corps », a affirmé, samedi, dans un tweet, « Women’s March », l’une des organisations à l’origine de cette journée d’action.

Selon des révélations faites par le site « Politico », la Cour Suprême américaine qui est tenue de rendre, d’ici fin juin, sa décision sur une loi du Mississippi qui limite les délais légaux pour avorter, serait sur le point de remettre en cause l’arrêt « Roe vs Wade » qui protège, depuis Janvier 1973, le droit des américaines à interrompre leur grossesse. Un projet d’arrêt qui confèrera, aux Etats américains, le droit d’interdire ou d’autoriser l’Interruption Volontaire de Grossesse serait donc en voie d’être adopté par la plus haute juridiction du pays.

Ainsi, depuis que le site précité a fait des révélations relatives aux intentions de la Cour Suprême des Etats-Unis, c’est par dizaines que les protestataires se retrouvent, chaque soir aux abords des bâtiments de ladite Cour afin de manifester leur colère et que certaines d’entre elles vont même jusqu’aux villas cossues de la banlieue de la capitale où habitent les juges conservateurs de la plus haute juridiction du pays pour leur faire part de leur colère et de leur désarroi en criant « mon corps, mon choix ».

« Nous n’arrêterons pas de nous battre jusqu’à ce que tout le monde, et je dis bien tout le monde, ait accès à des avortements sûrs et légaux, quels que soient ses revenus, son code postal ou son origine ethnique » a déclaré, l’élue Barbara Lee qui, par le passé, avait évoqué publiquement son propre avortement clandestin.

Pour rappel, si l’avortement est déjà soumis à des restrictions dans 23 Etats dirigés par des républicains, il y en a qui, pour se manifester, attendent la décision qui sera prise par une Cour Suprême, désormais, ancrée dans le conservatisme alors qu’une vingtaine d’autres Etats ont déjà promis de rendre l’avortement illégal même en cas de viol ou d’inceste et de contraindre, ainsi, les victimes à parcourir plusieurs milliers de kilomètres pour mettre un terme à une grossesse qui est non seulement non désirée mais, surtout, « forcée ».

C’est donc pour protéger le droit à l’avortement dans les Etats où ils sont majoritaires, que les élus démocrates ont appelé, ce vendredi, à une importante mobilisation sur les marches du Congrès dont le bâtiment fait face à la Cour Suprême qui reste, néanmoins, la seule institution apte à protéger le droit à l’IVG car bien que la Chambre ait voté, à l’automne dernier, une loi garantissant l’accès à l’avortement dans tout le pays, le texte y afférent n’est toujours pas parvenu à dépasser l’étape du Sénat où les démocrates ne sont pas majoritaires.

Mais, étant donné que de plus en plus d’entreprises commencent à prendre position pour le droit à l’avortement alors même qu’elles l’avaient longtemps évité et que Janet Yellen, la secrétaire au Trésor, a même mis en garde contre les conséquences « très néfastes sur l’économie » si le « droit des femmes à décider quand et si elles veulent avoir des enfants » venait à être remis en question, les démocrates espèrent qu’en cette affaire et avec l’émergence d’une nouvelle génération de dirigeants dont les attentes diffèrent de celles de leurs prédécesseurs, le monde économique va finir par leur prêter main-forte.

Enfin, si bien qu’il soit soutenu par une majorité de la population, le droit à l’avortement reste, toutefois, un sujet de société très clivant depuis le fameux arrêt « Roe vs Wade » de 1973 qui protège, depuis lors, le droit des américaines à interrompre leur grossesse, attendons pour voir…

Top