Moudhaffar Al Nawab, voix du peuple irakien, n’est plus

Mohamed Nait Youssef

La scène poétique arabe a perdu l’une de ses voix les plus importantes, Moudhaffar Al Nawab. Le célèbre poète engagé, a rendu l’âme, vendredi dernier dans un hôpital des Emirats arabes unis, après une longue lutte contre la maladie. Il avait 88 ans.

En effet, c’est    Moustafa al-Kazimi, premier ministre irakien, qui a demandé que le corps du regretté  soit rapatrié à son pays d’origine par un avion ministériel. Il a été inhumé, samedi 21 mai, à Nadjaf. Ainsi, les funérailles nationales se sont déroulées dans une atmosphère lourde et solennelle en présence des poètes, des intellectuels, des artistes et des hommes de politiques irakiens. L’Union des écrivains irakiens a publié, samedi, un communiqué sur les procédures des funérailles en présentant leurs condoléances à l’ensemble du peuple irakien. «Cet accueil  en grande pompe ne concerne pas uniquement les écrivains, mais aussi les citoyens ; car il est un poète populaire et non un poète de l’élite. », s’est exprimé le porte-parole de l’Union,  Omar Essari, lors des funérailles nationales.

Né Bagdad en 1934 dans une famille de la haute société de Bagdad, diplômé de la faculté des lettres, Nawab s’est fait connaître pour ses poèmes à l’ardeur révolutionnaire et à la gouaille populaire marqués par son engagement communiste et ses critiques des dictatures arabes.

Voix emblématique de la poésie irakienne, Moudhaffar Al Nawab  a ouvert les yeux à Bagdad, en 1934. Issu d’une famille irakienne aisée, le poète, diplômé de la faculté des lettres, a lutté contre la dictature, la tyrannie  par le bais de la poésie engagée et révolutionnaire. Ces poèmes taclant certaines dictatures arabes en témoignent. Connu par ses positions politiques communistes, le poète  a vécu dans les années soixante l’expérience la prison, mais aussi de l’exil notamment en Iran, puis à Damas en passant par  Beyrouth puis des pays européens.

Condamné à mort et exilé à l’époque de Saddam Hussein, Moudhaffar Al Nawab a fait du verbe son cheval de bataille pour exprimer ses convictions et ses idéaux. Il fut également l’un des poètes ayant introduit le dialecte irakien dans sa poésie afin que sa voix sera entendue par les larges couches sociales. Par ailleurs, après plusieurs années de l’exil forcé, le poète a fait son grand retour à son pays natal en 2011, après le retrait des troupes américaines. Un accueil chaleureux lui a été réservé par  la présidence et le milieu culturel irakien.

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