La question taïwanaise dans le périple asiatique du président américain

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Lors du déplacement qu’il a effectué en Corée du Sud et au Japon, du 21 au 24 mai, le président américain Joe Biden a tenu à rappeler, depuis Tokyo, lundi dernier, que les Etats-Unis restent disposés à défendre militairement l’île de Taïwan si les chinois qui « flirtent avec le danger en ce moment en volant si près de (Taïwan) et avec toutes les manœuvres qu’ils entreprennent » tentent de s’emparer de ce territoire par la force.

Etant « d’accord avec la politique d’une seule Chine » et considérant que « l’idée que Taïwan puisse être prise par la force n’est tout simplement pas appropriée », Washington, forte du soutien des autorités nippones, s’est engagée à « surveiller les récentes activités de la marine chinoise ainsi que les mouvements liés aux exercices conjoints de la Chine et de la Russie » en restant persuadée, toutefois, qu’une offensive contre Taïwan restera tributaire de « la force avec laquelle le monde fera comprendre » à  la Chine que le prix qu’elle aura à payer en cas d’invasion de l’île « rebelle » sera particulièrement élevé.

Il faudrait reconnaître, néanmoins, que la déclaration du président Joe Biden vient en contradiction avec la politique dite d’«ambigüité stratégique » suivie de longue date, par les Etats-Unis et qui consistait à aider Taïwan à construire et à renforcer ses défenses sans lui promettre, de manière explicite, de voler à son secours en cas d’attaque par le géant chinois.

Et si, dans la foulée de ces déclarations, la Maison Blanche a affirmé, à la presse, jeudi soir, que la politique des Etats-Unis envers Taïwan n’avait « pas changé », il faudrait rappeler, tout de même, que, dans une interview donnée à la chaîne ABC, Joe Biden avait qualifié d’« engagement sacré »  la défense des alliés de l’OTAN au Canada et en Europe mais aussi au Japon, en Corée du Sud et à Taïwan.

A la question de savoir si les Etats-Unis seraient en mesure de répondre au développement des programmes militaires de la Chine, le chef de la Maison Blanche a répondu par l’affirmative en déclarant : « Ne vous inquiétez pas de savoir s’ils vont être plus puissants » tout en réitérant, par ailleurs, la volonté de Washington de ne pas s’engager dans une nouvelle guerre froide avec Pékin.

Ajoutant que « la Chine, la Russie et le reste du monde » connaissent parfaitement les capacités militaires des Etats-Unis, le président américain s’est dit, néanmoins, préoccupé par l’éventualité que certains pays rivaux « s’engagent dans des activités où ils feraient une sérieuse erreur ».

La réponse de Pékin ne s’étant pas fait attendre, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a, immédiatement, appelé le président américain à « la prudence » et à « ne pas sous-estimer » la « ferme détermination » de son pays à « protéger sa souveraineté ». Il a, par ailleurs, demandé « instamment aux Etats-Unis (…) d’éviter d’envoyer de mauvais signaux aux forces indépendantistes » taïwanaises. 

Interrogé sur le dossier taïwanais, lors d’une conférence de presse donnée jeudi, l’ambassadeur chinois à l’ONU, Zhang Jun, a tenu à préciser que son pays n’est pas à l’offensive mais en position de « défense » et qu’il combat « pour maintenir (sa) souveraineté et (son) intégrité territoriale ».

Ajoutant : « nous ne sommes pas fauteurs de troubles. Au contraire, certains pays, les Etats-Unis en particulier, prennent des mesures dangereuses menant directement à une situation dangereuse à Taïwan », le diplomate chinois à appelé « les Etats-Unis à mettre fin à une telle pratique (car) entraîner Taïwan dans un mur n’est de l’intérêt de personne ».

Enfin, si la Chine et les Etats-Unis s’opposent frontalement sur beaucoup de dossiers dans un climat de guerre froide, la question taïwanaise est souvent considérée comme étant celle qui pourrait mener à une confrontation armée mais attendons pour voir…

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