Le Cambodge à l’heure des élections communales

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

Neuf millions d’électeurs ont été appelés aux urnes ce dimanche afin d’élire leurs représentants dans un pays où le Parti du Peuple Cambodgien, présidé par Premier ministre Hun Sen, détient, depuis 37 ans, la quasi-totalité des sièges de l’Assemblée Nationale. 

Or, bien que le parti de l’indéboulonnable Hun Sen soit pratiquement assuré de remporter le scrutin encore une fois, le principal mouvement d’opposition, fondé sur les cendres du Parti de Sam Rainsy, l’opposant historique au Premier ministre, dissout en 2017, est parvenu à présenter des candidats sous l’étiquette de « La Bougie » dans la quasi-totalité des circonscriptions à telle enseigne qu’au-delà des enjeux locaux, les élections de ce dimanche sont perçues comme étant un test de résistance d’une opposition en quête de légitimité.

Pour l’histoire, le parti de « la Bougie », énième avatar de l’opposition cambodgienne initialement représentée par le Parti de la Nation Khmère (PNK) créé en 1995 par Sam Rainsy, s’était uni, en 2012, au Parti des Droits de l’Homme de l’autre opposant Kem Sokha pour former le Parti du Sauvetage National Cambodgien (PSNC) et était parvenu, l’année suivante, à arracher 55 sièges à l’Assemblée Nationale soit à peine 13 de moins que le Parti du Peuple Cambodgien (PPC) qui, sous ses différentes formes, domine la vie politique du pays depuis 1979.

Or, bien qu’après avoir fait vaciller l’hégémonie de Hun Sen et de son PPC, le PSNC ait été dissout, en Novembre 2017, par la Cour Suprême cambodgienne, le parti de « la Bougie », qui bénéficie toujours d’une importante base militante représentant une autre voie crédible face à la prééminence du Parti du Peuple Cambodgien (PPC), est parvenu à présenter des candidats dans la quasi-totalité des communes.

Elue du Parti du Sauvetage National du Cam

bodge (PSNC) à O’Char, une commune semi-rurale de 10.000 habitants, Sin Rozeth, 36 ans, qui, depuis son adolescence, avait toujours soutenu Sam Rainsy, avait rapidement gravi les échelons du parti puisqu’elle était parvenue à décrocher, à l’âge de 26 ans, un poste d’adjointe puis à être élue responsable locale à 31 ans avant d’être chassée de son poste à la suite de la dissolution de son parti en 2017.

Revenue au-devant de la scène politique cambodgienne à l’occasion de cette élection, Sin Rozeth qui mène campagne pour proposer une alternative au PPC d’Hun Sen, a promis de « concurrencer » ce dernier en se penchant, avec toute la bienveillance requise, sur les problèmes dont se plaignent les habitants car elle ne « peut pas rester les bras croisés et laisser le parti au pouvoir faire ce qu’il veut ».

« Si vous votez pour le PPC, c’est que vous avez vraiment envie de perdre de l’argent » lancera-t-elle à une centaine de partisans pleins d’espoir réunis dans une maison de Battambang, dans le nord-ouest du pays, qui ont éclaté de rire en entendant ces propos avant d’ajouter : « Maintenant, vous avez le choix : le parti qui a volé ma place ou bien le ‘parti de la bougie’ ».

Si cette dernière campagne électorale s’est déroulée en l’absence des principales figures de l’opposition qui sont soit en exil comme Sam Rainsy qui, en étant sous le coup de multiples condamnations judiciaires, n’a pas été autorisé à retourner au pays soit obligés de garder prudemment leurs distances du moment qu’ils sont jugés pour « trahison » comme c’est le cas de Kem Sokha, Sin Rozeth est opposée, dans cette élection, à Em Sophal qui représente le PPC et Chum Huot, le candidat du Parti de l’Amour de la Nation, ancien membre, tout comme elle, du PNSC qui s’est engagé à se concentrer sur les infrastructures et à ouvrir un foyer d’accueil pour les orphelins.

Quelles sont les chances de « La Bougie » face au sempiternel Parti du Peuple Cambodgien du vieil Hun Sen ? Attendons pour voir…

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