L’amazighe est-il véritablement une priorité dans le PLF ?

Langue

Mohamed Nait Youssef

Le débat sur la mise en œuvre du caractère officiel de l’Amazighe dans tous les aspects de la vie publique remonte sur la surface. En effet, une enveloppe budgétaire de 200 millions de dirhams au titre de la Loi de finances 2022 sera allouée par le gouvernement afin d’intégrer la deuxième langue officielle du pays dans les administrations et services publics. Sans oublier bien entendu, les domaines de la justice, de l’éducation, de la santé, des médias audiovisuels, de la communication, de la culture et de l’art.

Or, la note de cadrage du projet de loi de finances (PLF) au titre de l’exercice 2023, considérant la langue amazighe comme «priorité gouvernementale» n’a pas été bien accueillie par les acteurs amazighs. Abdellah Badou, militant amazigh et ex-président du Réseau amazigh pour la citoyenneté (Azetta), a affirmé que le gouvernement actuel n’a pas une vision claire en ce qui concerne l’amazighe.

«Cette  note de cadrage est une fuite en arrière par rapport à la mise en œuvre du programme du caractère officiel de l’amazighe stipulé dans la loi organique. Il faut rappeler  que l’actuel gouvernement a fermé l’œil sur le plan gouvernemental intégré pour la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe élaboré par une commission interministérielle dans le gouvernement dirigé par Saad Eddine El Othmani.», nous confie Abdellah Badou. Et d’ajouter : «il n’y a pas d’engagements clairs  de la part du gouvernement.  En outre, nous considérions que la loi organique ne répond pas à nos attentes  et exigences au sein du mouvement amazigh sachant que la loi organique a des engagements pour des durées bien déterminées (les engagements de 5 ans, 10 ans ou encore 15 ans).»  

Selon ses dires, le gouvernement actuel déclare dans son discours que l’amazighe est une priorité, mais dans la note du cadrage du PLF du 2030, on y  trouve un paragraphe orphelin qui parle de l’amazigh dans le cadre de la justice spatiale.

D’après lui toujours, il devrait être une priorité bien définie sachant qu’il y a des chantiers transversaux dans la question de l’amazighe.

«Il fallait penser à un plan avec des objectifs et indicateurs bien déterminés. Car, 200 millions dirhams pour l’amazighe dans les politiques publiques, c’est rien !!!», a-t-il affirmé.

Abdellah Badou a pointé du doigt sur le budget qui reste à ses yeux : insuffisant.

«Le grand chantier des assistants d’accueil amazighophones pour l’accompagnement des usagers au sein des tribunaux, des hôpitaux et des centres de santé  va consommer au moins 25%  de ce budget. Par ailleurs, les 300 personnes qui seront recrutées ne vont pas couvrir  l’ensemble des institutions sur l’ensemble du territoire national, sans oublier la formation et surtout  la qualité des services qui seront présentées par ces personnes aux citoyens. », a-t-il fait savoir.

Quid de l’enseignement de l’amazighe ?

A deux semaines de la rentrée scolaire, l’enneigement de l’amazighe  pose toujours un véritable problème notamment après la régression du nombre des enseignants  de cette langue dans les écoles publiques marocaines.

«Le nombre des enseignants de l’amazighe dans les écoles publiques reste très limite. Or,  il faut que le gouvernement traduise son engagement dans la loi organique en enseignant  l’amazighe à l’horizon de 5 ans parce que  nous devrions, normalement,  arriver à 40% ou 50% de l’enseignement de cette langue dans l’ensemble des écoles. », a indiqué Abdellah Badou, rappelons que nous sommes aujourd’hui à 10%, presque. «Les enseignants de l’amazighe sont dans les environs de 1200. Quant aux statistiques dans ce domaine, elles restent toujours ambigües.», a-t-il souligné. 

Solon notre interlocuteur, il y a une absence presque totale de l’amazighe dans l’enseignement privé. «Les notes ministérielles exigeant les écoles privées à enseigner  l’amazighe sont nécessaires voire indispensables.», a-t-il rappelé.

A cela s’ajoute, dit-il,  la qualité des programmes scolaires qui existent actuellement  et qui ont été révisés l’année dernière. «On avait critiqué ces programmes parce que au niveau des compétences ciblées dans le primaire, ils n’arrivaient pas à atteindre les objectifs  escomptés en matière de l’enseignement d’une langue.», conclut-il.    

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