La saga des femmes Soulaliyates continue pour la modernisation de la loi régissant les terres collectives

Croyant fortement en la justesse de leur cause et mues par la volonté d’obtenir tôt ou tard gain de cause, les femmes Soulaliyates continuent leur lutte lancée il y a 10 ans pour mettre fin aux injustices dont elles sont victimes en application du dahir du 27 avril 1919  régissant t les terres collectives les collectivités ethniques et qui les exclut des bénéfices et de l’usufruit des terres collectives.

Venues de toutes les régions du pays, nombreuses sont les femmes Soulaliyates qui se sont retrouvées jeudi après midi à Rabat pour un nouveau sit in devant le parlement pour réclamer justice et l’adoption d’une nouvelle loi en phase avec les mutations que connait le Maroc des Droits de l’homme et conforme aux dispositions de la nouvelle Constitution marocaine; une loi qui reconnait de manière explicite l’égalité de fait entre les femmes et les hommes dans tous les droits et quelle que soit la nature des terres collectives en question, y compris le droit pour les femmes de transmettre leur qualité d’ayant droit à leurs enfants, filles et garçons.

En participant à un tel rassemblement devant un parlement pourtant en congé, les femmes Soulaliyates entendaient transmettre aux parlementaires, à la classe politique et aux partis politiques surtout un message, selon lequel il est temps pour eux de se pencher sur leurs revendications légitimes de bénéficier des fruits de leur labeur et des revenus de terres collectives. Il n’y a pas de raison de les exclure parce que c’est la coutume ou parce que c’est le statu quo.

Dans la matinée de jeudi, les femmes Soulaliyates avaient pris part un séminaire national, initié par l’Association démocratique des femmes du Maroc (AMFM) sous le thème «de la Hogra à Tamkine» pour traiter sur le même pied d’égalité les hommes et les femmes en cas de melkisation des terres collectives ou d’exploitation des terres de parcours.

Intervenant lors d’une séance de débat ayant marqué ce séminaire, les représentantes de ce mouvement des femmes Soulaliyates venues de Kénitra, Midelt, Ain Louh et Taroudant ont été unanimes à insister sur la nécessité d’adopter une nouvelle loi moderne en bonne et due forme au lieu de se contenter de solutions de replâtrage en application de circulaires incomplètes et le respect dépende du bon vouloir des autorités et de ceux qui se considèrent comme étant les maitres légitimes des terres collectives.

Pour Rkia Bellot (Haddada-Kénitra), la doyenne du mouvement, le problème des femmes Soulaliyates est plus profond qu’on le pense.

La Jemaâ, réservée aux hommes à l’exclusion des femmes, illustre bien l’incapacité de la société de reconnaitre la femme en tant qu’être humain et de tenir compte de l’approche genre dans le traitement de la situation des hommes et des femmes en général.

«Scandalisée et profondément blessée par les injustices que je subissais en tant femme, exclue du droit de jouir des mêmes avantages que mes frères et autres hommes des terres collectives, j’ai décidé il y a 10 ans de m’engager dans cette lutte non seulement pour la justice, mais également pour me réconcilier avec moi-même en tant qu’être humain», a-t-il elle expliqué. En dépit de tous les dégâts collatéraux et maux causés à ma famille, je jouis aujourd’hui d’une satisfaction morale, qui me donne courage et me pousse à aller de l’avant», a-t-elle expliqué.

Abondant dans le même sens, Zenou Ghanem  (Gourrama, Midelt), Zahra Oukhda (Ain Louh) et Aicha Khribèche (Taroudant) sont revenues en détail sur l’exclusion des femmes des bénéfices des terres collectives exploitées par d’autres soit en tant que locataires, investisseurs, ou agriculteurs.

A Taroudant, seules deux femmes (Souad Chakri et Aicha Khribèche) sont maintenant exclues. « Pour les maitres de la situation, il faut les sanctionner, disent ils, car ces deux femmes font le va et vient entre Rabat et Taroudant pour réclamer l’égalité dans le traitement et l’accès aux terres collectives d’où leurs parents ont été chassés », disait Khribèche. «Nos noms ont été effacés de la liste des bénéficiaires établie en application de la circulaire du département de tutelle», a-t-elle fait savoir.

A l’ouverture de ce séminaire, la présidente de l’ADFM, Saida Drissi a rappelé que l’association soutient le mouvement revendicatif des femmes Soulaliyates depuis sa naissance en avril 207 et que depuis cette date, l’ADFM  apporte un soutien multiforme à leur action.

M’Barek Tafsi

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