La dette pénalise la capacité bénéficiaire de l’ONCF

Si son résultat d’exploitation consolidé est passé dans le vert au premier semestre 2017, l’ONCF souffre toujours d’une dette colossale et d’une perte nette importante.

L’Office national des chemins de fer (ONCF) a fait passer son résultat d’exploitation de -38,2 millions de DH à fin décembre 2016 à 87,4 millions de DH à fin juin 2017. Cette performance s’explique par une hausse des revenus consolidés de 1,8% à 2,25 milliards de DH. Aussi, le ratio achats et charges externes sur les produits d’exploitation s’est amélioré de 450 points de base à 43,2%. De même, les charges de personnel et les dotations d’exploitation ont reculé de respectivement de 1,8% et de 2,2%.

Toutefois, les bénéfices de l’ONCF se sont maintenus dans le rouge à -461 millions de DH à fin juin 2017 contre -452 millions de DH à fin décembre 2016. En effet, la question de retour des résultats de l’ONCF dans le vert passe impérativement par un désendettement significatif. Il est à souligner, à ce titre, que la dette nette du premier semestre a atteint 34,1 milliards de DH, en hausse de 5,6% sur un semestre. Ce niveau représente 128% des fonds propres. Aussi, l’ONCF détient dans son actif un crédit de TVA de 3,8 milliards de DH difficilement récupérable. Une telle dette est plutôt insoutenable, l’ONCF devant être certainement recapitalisée ou recourir au partenariat public-privé (PPP) en vue de refinancer certains investissements plutôt que multiplier les prêts.

Pour rappel, l’Agence française de développement (AFD) vient d’accorder à l’ONCF un nouveau prêt de 80 millions d’euros pour financer la dernière tranche du projet de la Ligne à grande vitesse (LGV) Tanger-Casablanca.  Ce n’est pas la première fois que l’AFD accorde un prêt de ce genre. En 2011, elle avait accordé un premier financement d’un montant de 220 millions d’euros à l’ONCF pour la réalisation du projet de la LGV. De même, la Banque africaine de développement (BAD) avait approuvé, en 2016, un prêt de 112,3 millions de dollars en faveur du Maroc afin de renforcer les infrastructures ferroviaires sur l’axe Tanger–Casablanca–Marrakech. Aussi, en 2010, un prêt de 396 millions de dollars avaient était accordé par la BAD pour moderniser d’autres tronçons de l’axe Tanger – Casablanca – Marrakech, un projet actuellement en cours d’achèvement.

Il est à signaler que l’ONCF doit investir près de 24 milliards de DH sur la période 2015-2017, dont 11,2 milliards de DH pour le TGV. Outre le TGV, l’ONCF compte entre autres poursuivre les travaux de réalisation des projets d’augmentation de la capacité de la ligne ferroviaire Casablanca – Kénitra (Triplement de la voie) et la poursuite de la deuxième phase du projet de doublement complet de ligne ferroviaire Settat – Marrakech dont la première phase est achevée. De même, les projets de grandes gares devraient mobiliser 1,5 milliard de DH avec des projets touristiques pour 500 millions de DH.

Evidemment, ce volume d’investissement répond à l’augmentation rapide de la demande de transport au cours des dernières années. Toutefois, au niveau financier, un risque de surinvestissement paraît significatif surtout que l’endettement est appelé à croître en aggravant la charge financière. D’ailleurs, la charge financière nette absorbe 74% de l’EBITDA, sachant qu’en plus des charges d’intérêts, l’ONCF a supporté en comptes sociaux, des dotations financières de 151 millions de DH, probablement en raison de la dette libellée en devises.

Kaoutar Khennach

Related posts

Top