De la magie des portraits de Hanane Bouanani

Pour peindre, il faut, de prime abord, beaucoup voyager, s’inspirer, vivre, aimer, s’aimer, s’envoler vers d’autres univers plus beaux, plus énigmatiques, plus fastueux et peuplés de joies, de maux de la vie et de l’existence. Dans les tableaux de l’artiste peintre Hanane Bouanani, c’est toute une expérience humaine intérieure et profonde qui se révèle.

Ses personnages sont à la fois fragiles, étonnants, surprenants, tendres et puissants… Il faut le rappeler, l’émotion est le maître-mot de sa démarche. Celle-ci traverse ses toiles, avec des visages ivres, chargés de sensations, d’angoisses, de quête de soi, poétise ses couleurs et donne sens à ses formes.

L’ensemble de son travail nous dévoile une vision du monde colorée mais aussi méditative. Tout demeure en effet dans le regard, dans ces yeux bien ouverts, dirigés vers d’autres horizons, des regards errants… et des cœurs vagabonds à la recherche de l’humain en nous, d’une part manquante, d’une terre promise où le beau prime.

La touche artistique expressionniste de Hanane donne la parole à ses personnages. L’artiste les suit, les accompagne jusqu’au bout. Du coup, le couteau ou le pinceau et la couleur apaisent la vacuité de l’artiste et celle des personnages aux yeux cernés, éveillés tirant la verve du regardant. La singularité du travail de l’artiste consiste à rendre ses personnages plus vifs en usant des couleurs à la fois chaudes, vives, froides et expressives.

Une affaire de style !  L’artiste peint des portraits aux regards tourmentés, affligé d’un strabisme impressionnant, des silhouettes et des figures qui ne laissent guère indifférent celui qui les médite. Hanane Bouanani voit l’humain et sa condition via un œil artistique, vigilant, mais pointu. Derrière l’iris et la cornée de chaque personnage, reposent des histoires humaines et un vécu difficile.

On ne peut regarder les toiles de l’artiste sans penser aux grands maîtres de la peinture, entre autres Egon Schiele, son maître spirituel, ou encore Gustav Klimt. Sur le vif, la main de l’artiste se confond avec son instrument de peinture, son outil pictural pour dire ce que ses mots sont incapables d’extérioriser. Peindre, pour elle, est une manière de voir le monde, de le sentir, de comprendre autrement l’humain qui l’habite. C’est aussi un jardin d’aveux ! L’acte de peindre est une confirmation de soi dans la vie, une manière de sortir de soi-même pour aller vers l’autre où la rencontre se fait dans le royaume des couleurs, des formes et des sens cachés.

Née à Liège en 1980, Hanane Bouanani a fait ses études à l’académie Royale des beaux-arts de Liège.

Mohamed Nait Youssef

Top