Lourdes sentences dans le procès des activistes d’Al Hoceïma

Le verdict est tombé dans «le procès des évènements de Al Hoceïma», après une bataille judiciaire de plus de 9 mois. 20 ans de prison ferme contre Nasser Zefzafi et 3 de ses codétenus.

Au total, ce sont 40 activistes du «Hirak du Rif» qui ont été condamnés à des peines allant de 20 ans de prison ferme à un an de prison avec sursis.

La lourde sentence s’est vite répandue comme une traînée de poudre, dans l’enceinte du Tribunal pour envahir la place publique et faire chauffer les réseaux sociaux.

Dès l’annonce du verdict, le Secrétaire général du PPS a fait la déclaration suivante qui a été reprise sur son compte Facebook :

«A l’instar de nombreux milieux marocains, nous sommes fortement interpellés par les jugements rendus à l’encontre des activistes du Rif. Aussi, avec tout le respect que nous devons à l’indépendance de la justice, nous considérons, au Parti du progrès et du socialisme, que ces verdicts ne contribueront pas à conforter le climat de détente auquel notre pays aspire.

Nous espérons, avec force, que les voies de recours judiciaires et légales soient investies dans ce dossier pour imprégner un nouveau souffle démocratique dans la vie politique nationale».

A vrai dire, face aux chefs d’inculpation «fallacieux et à un simulacre de procès», comme l’affirmait la défense des principaux meneurs de la protestation à Al Hoceima contre la vie chère et la marginalisation spatiale, l’on s’attendait à des jugements très lourds et sévères puisqu’ils étaient passibles de la peine de mort.

Et si les avocats de la partie civile (Etat et agents des forces de l’ordre) estiment que «les peines sont très légères par rapport à ce que prévoit la loi et à la façon dont ils se sont comportés devant le juge», pour la défense des accusés, «Ce sont des peines très lourdes. L’État a échoué dans ce test de respect des droits de l’Homme et des libertés essentielles, tout comme l’indépendance de la justice».

Pour leur part, Nasser Zefzafi et ses codétenus avaient dénoncé la «partialité» de la justice et refusé de prendre la parole à la fin du procès.

La toile condamne unanimement une injustice

Aussi, pour de nombreux observateurs, il est «aberrant», dans le Maroc de ce millénaire, de condamner un activiste à 20 ans de prison ferme pour avoir interrompu un imam qui faisait un prêche hostile au mouvement dans une mosquée d’Al-Hoceïma.

Pour certains, la réconciliation nationale du Maroc avec son passé et le colossal travail de l’Instance Equité et Réconciliation (IER) est remise en cause, effacée pour laisser la place à «l’image ancienne» de la perpétuelle révolte du Rif.

Sur les réseaux sociaux la consternation et l’indignation sont fortes. Les internautes ne mâchent pas leurs mots.

Pour de nombreux citoyens, la fête du Mondial de Russie, avec les belles prestations des Lions de l’Atlas contre le Portugal et l’Espagne, a été gâchée par «la main lourde», très lourde, d’une justice accusée de tous les maux et surtout de sa «dépendante du pouvoir politique».

Ainsi l’on dénonce «une injustice flagrante», un verdict «sévère», «punitif» pour donner «l’exemple» aux éventuels contestataires…

Les 40 peines prononcées

  • 20 ans de prison ferme contre Nasser Zefzafi, Nabil Ahemjik, Ouassim El Boustati et Samir Aghid,
  • 15 ans de prison ferme contre Zakaria Adehchour, Mohamed Ihaki, Mahmoud Bouhnouch,
  • 10 ans de prison ferme contre Mohamed Jelloul, Karim Amghar, Salah Ikhchem, Omar Boulhrass, Achraf Elyakhloufi et Bilal Ahebbat,
  • 5 ans de prison ferme contre 7 mis en cause
  • 3 ans de prison à l’encontre de 7 mis en cause
  • 2 ans de prison ferme 12 mis en cause
  • 1 an de prison avec un sursis à l’encontre d’un mis en cause
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