«Al Boraq» … sur les rails de la modernité!

DNES à Tanger: Mohamed Nait Youssef

Il est 9h00. Un soleil timide se profile derrière les nuées, en ce vendredi 16 novembre, au lendemain de l’inauguration du Train à Grande Vitesse  «Al  Boraq»  par le Roi Mohammed VI et le Président de la République française, Emmanuel Macron. Un événement important voire historique ! A la gare de Rabat Agdal, dans la ligne consacrée au TGV, une poignée  de journalistes marocains et étrangers accrédités au Maroc attendent avec beaucoup d’enthousiasme l’arrivée d’«Al  Boraq»  qui a fait  son départ depuis la gare de Casa-Voyageurs. Les caméras et les regards sont fixés sur cette nouvelle locomotive qui reliera les villes de Tanger, Kénitra, Rabat et Casablanca en deux heures environ. Le temps est précieux dans l’ère actuelle et Al Boraq, qui symbolise ce nouveau visage du Maroc qui se modernise au fils des projets, mettra le pays sur les rails de la vitesse.

A 9h40, le TGV arrive à la gare de Rabat Agdal. Quelques minutes après, il entame son périple inédit, avec à bord quelques privilégiés. Des journalistes notamment, invités à découvrir ce nouveau joyau du Maroc du 21e siècle. On traverse le fameux pont de Bouregreg, puis la ville jumelle de la capitale, Salé, avant qu’à «Al  Boraq»  n’arrive à Kénitra pour prendre sa nouvelle ligne et sa vitesse maximale. En prenant sa ligne moderne, la vitesse augmente petit à petit. Et l’œil, à travers les grandes vitres, se noie dans les fabuleux paysages de la côte atlantique. Le confort est assuré.  Le voyageur pourra suivre l’itinéraire de son voyage à travers deux écrans installés dans chaque compartiment. Toutes les informations y sont affichées : la vitesse, l’horaire et la température. Entre la ville blanche et Kénitra, la vitesse moyenne du TGV  est de 180 km/h. il faudra 320 km/h pour qu’«Al Boraq» relie Kénitra et Tanger. Le temps de prendre un café, feuilleté un livre ou déclencher une discussion ou encore contempler le beau paysage…. Le TGV arrive en un clin d’œil dans la ville du détroit. Al Boraq  arrive dans la nouvelle gare de Tanger à 11H. Le vent  clément  du Détroit enveloppe chaleureusement les invités.

Saïd Al Bassi, chef de centre conduite et de formation grande vitesse à Casablanca, qui fait partie de la première équipe de conduite qui a initié les essais après une formation en France et au Maroc, n’a pas caché sa joie lors du lancement de ce projet.  «Je ne peux qu’être fier de ce projet  parce que j’ai vécu un condensé d’émotions sur le plan humain et professionnel. J’ai vécu des moments très intenses, des moments de joie, des moments de difficultés…  C’est une expérience personnelle extraordinaire à tous les niveaux. Je ne peux qu’être fier de faire partie de la première équipe qui a lancé le TGV au Maroc et en Afrique », confie-t-il dans une déclaration à Al Bayane, juste après l’arrivée d’Al  Boraq  à Tanger.

Saïd  est l’un des membres  de la première équipe à avoir conduit le TGV. «J’ai participé à toute la campagne des essais. On a fait tous les essais depuis la ligne classique, sur la LGV, la montée de la vitesse…. on a fait le record de l’Afrique de la vitesse pour atteindre  les  357 km/h», a-t-il déclaré. Saïd figure parmi les quatre cadres qui ont contribué à la formation des conducteurs. Au total, ce sont 40 conducteurs marocains dont 6 qui ont été  formés en France et au Maroc.  Concernant la conduite, a-t-il fait savoir, tous les essais ont été faits par des conducteurs marocains.

Reghay Issam, 35 ans, 13 ans d’expérience dans le domaine, a assuré le voyage des journalistes de la Métropole  à la ville du Détroit. De  2009 à 2014, il était conducteur de ligne classique avant de se lancer dans la nouvelle expérience professionnelle de la LGV.  «Je suis conducteur de train depuis 2005, c’est-à-dire que c’est une chose qui me semble un peu normale. Pour ce qui est d’Al Boraq, je fais partie des 6 conducteurs qui ont fait des essais  en France. C’est un honneur d’appartenir à cette équipe», s’est-il réjoui.

Une conférence de presse a été prévue pour présenter les chiffres et dévoiler les grandes lignes de ce projet.  Dans la salle, le conducteur qui a assuré le  voyage inaugural, Khalid Bougen, 35 ans. Le chauffeur était au volant du train royal à une vitesse de  320Km/l’heure. «C’est un honneur  d’être le chauffeur qui a assuré ce voyage qui a relié Tanger et Rabat en présence de sa Majesté le Roi Mohammed VI et du Président de la République française, Emmanuel Macron», a-t-il déclaré. «Ma formation initiale des trains classiques a été faite au Maroc. J’ai commencé ma carrière à l’ONCF en 2006. J’ai  fait un  parcours de trois ans entre formations et d’autres fonctions pour arriver au stade de conducteur de trains classiques. C’est après 5 ans d’expérience dans la conduite que j’ai été sélectionné pour conduire le TGV», a-t-il ajouté. Le conducteur du  TGV, explique-t-il,  profite davantage du  confort, du parcours qui se réduit avec la vitesse  et la nouvelle technologie. Le TGV est plus qu’un train, c’est  un acquis parmi tant d’autres qui mettra le Maroc  sur les rails de la modernité. Tentez le voyage, vivez l’aventure, le TGV vaut le détour!

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