Venezuela: Les électeurs boycottent les urnes…

C’est plongé dans une profonde crise économique et miné par une inflation galopante et une pénurie des produits de première nécessité que le Venezuela a vécu ce dimanche à l’heure des élections municipales.

Et, comme il fallait s’y attendre, ce scrutin a été remporté haut la main par le parti au pouvoir de Nicolas Maduro, le Parti Socialiste Uni, seul parti en lice après que les principales formations de l’opposition en aient été exclues par le Conseil National Electoral pour avoir boycotté l’élection présidentielle du 20 mai dernier au terme de laquelle le président Maduro avait été reconduit pour un second mandat. Mais, bien que ce dernier s’apprête à entamer un nouveau mandat présidentiel de six nouvelles années à partir du 20 janvier prochain, le résultat de cette élection n’a toujours pas été reconnu ni par les Etats-Unis, ni par l’Union Européenne, ni même par un grand nombre de pays d’Amérique latine.

Et si à l’issue des élections de ce dimanche, Tibisay Lucena, la présidente du Conseil National Electoral s’est félicitée d’«une journée tranquille de civisme et d’exercice de la démocratie» et que le président Maduro s’est réjoui du fait que les vénézuéliens aient exercé «leur droit de voter librement», il y a lieu de préciser que l’absence des partis d’opposition a poussé les vénézuéliens à déserter les urnes. Ainsi, sur les 20,7 millions d’électeurs inscrits, seuls 5,6 millions ont pris le chemin des bureaux de vote donnant ainsi un taux d’abstention de 72,6%; une première dans l’histoire du pays à telle enseigne que l’ancien président du Parlement vénézuélien Julio Borges dira, en s’insurgeant contre les conditions du scrutin depuis son exil à Bogota, que ces élections municipales sont «une farce» à laquelle personne ne croit.

Ainsi, au terme des élections de ce dimanche qui se sont déroulé dans un pays qui a été déserté par 2,3 millions de ses ressortissants depuis 2015 et qui n’ont pas été précédé d’une campagne électorale puisque le résultat était connu d’avance, les candidats pro-gouvernementaux «s’empareront de la majorité des chambres municipales».

Il y a lieu de noter, par ailleurs, que cette année l’Organisation des Nations Unies a, pour la première fois de son histoire, inclus la crise au Venezuela dans son projet d’aide humanitaire annuel. Et même si, comme promis par le président Maduro, le salaire minimum a été rehaussé de 150% depuis le 1er décembre dernier, le pouvoir d’achat des vénézuéliens est toujours laminé par la hausse des prix. Aussi, le pays connait-il un exode sans précédent car, actuellement, ce sont près de «5000 personnes (qui) quittent le Venezuela chaque jour» constituant, de ce fait, «le plus grand mouvement de population dans l’histoire récente de l’Amérique latine».

Les résultats de ce dimanche vont-ils être validés par les instances internationales alors même que l’élection présidentielle de mai dernier ne l’est toujours pas bien que Maduro soit sur le point d’entamer son second mandat ? Rien, pour l’heure, ne permet de l’affirmer alors attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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