Azzedine Hachimi Idrissi… de la poétisation de l’espace

Mohamed Nait Youssef

Il faudrait un œil perspicace pour plonger dans l’univers plastique de l’artiste, Azzedine Hachimi Idrissi. Ses œuvres incarnent une quête infinie d’une poésie, d’une spiritualité et d’une esthétique ensommeillées dans le  Cosmos. Le poète allemand Hölderlin disait qu’«il faut habiter poétiquement la terre». L’artiste propose, quant à lui, d’habiter spirituellement et poétiquement l’univers. D’où le choix du thème «Poétique de l’espace»  par l’artiste pour son exposition qui s’est déroulée à la galerie de la fondation Mohammed VI à Rabat.

Il s’agit d’une poésie recherchée à la fois dans l’immensité du Cosmos et l’étrangeté de l’espace. Dans ses travaux, les formes géométriques, à savoir les cercles, les carreaux, les rectangles… ne sont pas ici pour combler ou meubler un vide, mais elles donnent à voir un autre monde regorgeant de sens et de significations. L’œil erre dans les formes, se jette volontairement dans les cercles vicieux de l’existence,  dans le ciel étoilé de l’univers infini.

Par ailleurs,   les  formes circulaires, galactiques et les couleurs à la fois chaudes, froides, vives où jaillissent des lumières émanant de nulle part et permettent au méditant de voir les choses autrement. L’univers est incarné sur une toile. Il est visible à l’œil nu : un travail délicat qui exige beaucoup de technique, d’imaginaire créatif et méditatif. Il faut le rappeler aussi, ces tableaux «sans titres»,  un choix esthétique du peintre, invitent immédiatement le regardant à un voyage artistique et spirituel dans les dédales des couleurs et des formes.

A chacun alors de trouver l’harmonie, le titre et le sens qui riment avec son état d’âme et son rapport avec la toile. Ainsi, il faudrait consacrer du temps pour apprécier ce bleu omniprésent dans les tableaux de l’artiste. Un bleu clément qui porte de la sérénité, du plaisir pour l’œil et l’âme, mais encore séduisant et invitant l’inconscient à un rêve au-delà de l’habituel.

Le jaune, le vert, le rouge et l’orange poétisent la toile. Le cercle, toujours présent tantôt sous forme d’un soleil,  d’une planète ou encore d’un rêve instable et lointain. Comment peut-on alors saisir la poétique d’un espace, au-delà de la métaphysique, sans sortir du soi, sans franchir les limites du réel, du palpable, du Kitsch, de l’étant, des vitrines, des lumières factices  de la société moderne ? D’où  la nécessité de l’art, de la méditation et de la poétisation de l’espace par la force du verbe,  la beauté de la couleur et l’étrangeté des formes.

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