«La filière bio est créatrice d’emplois par excellence»

Al Bayane: Pouvez-vous nous dresser un état des lieux de l’agriculture biologique au Maroc?

Abdelhamid Aboulkassim: Bien que l´agriculture biologique soit encore à ses débuts, je pense qu’il existe aujourd’hui une prise de conscience auprès de tous les acteurs de l’importance de cette filière y compris pour les citoyens.  La superficie consacrée à cette agriculture a connu une augmentation significative en atteignant 10 milles ha, sans omettre également 200 milles ha des plantes spontanées, à savoir l’arganier qui est certifié bio et une nappe aromatique et médicinale importante qui est également certifiée.

Cependant, il est à souligner qu’on est encore en retard par rapport à certains pays, notamment en Afrique.  Sur le continent africain, il faut avouer qu’il y a des pays qui nous dépassent de loin, tels que l’Ouganda, la Tanzanie ou encore la Tunisie.

En quoi consiste véritablement cette prise de conscience?

J’estime qu’il y a aujourd’hui une volonté manifeste pour développer le secteur. Aussi, faut-il signaler qu’il existe un engouement sans précédent pour cette filière aussi bien au niveau des consommateurs que des producteurs.  Il faut dire qu’il y a un potentiel énorme à explorer pour booster encore davantage cette filière.

Quels sont les problèmes que rencontrent les agriculteurs de cette filière?

Il s’agit en fait de problème logistique. Autrement dit, notre principal souci, c’est de trouver les possibilités pour que les producteurs et les consommateurs se rencontrent.  Il y a une forte demande de la part des clients, mais vue la pénurie d’espaces destinés à la commercialisation des produits bio, on trouve des difficultés pour que notre produit atterrisse sur la table du consommateur.

Nous sommes appelés à retravailler tout le processus de commercialisation de nos produits. A cela s’ajoute la formation technique qui est importante. En fait, les agriculteurs qui se convertissent à l’agriculture bio, se trouvent souvent prisonniers des méthodes de l’agriculture conventionnelle basée sur le traitement insecticide et fongicide, contrairement à l’agriculture biologique qui requièrent un travail minutieux et de longue haleine et un traitement avec les bio pesticides…

Existe-t-il véritablement une politique publique destinée à l’agriculture bio?

Je pense que l’Etat est conscient de l’importance de booster ce secteur en décidant d’abord de le réguler  et ce, à travers la promulgation de la loi  n°39-12 relative à la production biologique des produits agricoles et aquatiques.  D’ailleurs, l’Etat a intérêt à développer cette culture car c’est un mode de production qui fait appel à toutes les techniques de production non polluantes susceptibles de maîtriser les rendements, améliorer la qualité sanitaire des aliments et protéger la santé humaine et animale.  En plus de cela, l’agriculture biologique utilise beaucoup de main-d’œuvre. C’est un secteur potentiel créateur d’emplois par excellence.

Mais les produits bio sont presque inaccessibles pour le consommateur eu égard à  la cherté de leurs prix?

Cela est en partie vrai, étant donné que les produits bio sont considérés comme une denrée rare et peu cultivée.  C’est une agriculture à risque car la production est moindre. Parfois on peut perdre toute la récolte faute de traitements adaptés.  A cela s’ajoute l’absence de magasins spécialisés. Maintenant, nous sommes en négociation avec une chaine d’hypermarchés pour distribuer nos produits vers les grandes villes et nous apporter une assistance logistique.  Ainsi, il faut s’atteler à l’amélioration du circuit de commercialisation et valoriser la recherche et développement dans ce secteur.

Quel est véritablement votre rôle en tant que fédérations des agriculteurs bio?

Fimabio a vu le jour le 2 juin 2016. Elle est composée de plusieurs associations, à savoir l’Association nationale des Producteurs de la filière biologique, l’Association nationale pour la valorisation des produits biologiques et l’Association nationale des distributeurs et exportateurs des produits biologiques. D’ailleurs, notre Fédération est reconnue comme le représentant unique de la filière de l’agriculture biologique au Maroc. En fait, notre mission consiste à contribuer à l’élaboration de la stratégie du développement de la filière biologique en concertation avec tous les acteurs de la filière, la vulgarisation des règles et les normes relatives à la qualité, la promotion des bonnes pratiques en matière d’organisation, de protection et de préservation de l’environnement auprès des professionnels et le renforcement des actions de communication et de promotion des produits biologiques, entre autres.

Propos recueillis par Khalid Darfaf

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