Le Maroc rejoint le Réseau des Autorités de prévention de la corruption

L’Instance Nationale de la Probité, de la Prévention et de la Lutte contre la Corruption (INPPLC) a officiellement adhéré au Réseau des Autorités de prévention de la corruption (Šibenik) lors de la 4ème réunion périodique de cette instance, qui se tient les 17 et 18 octobre à Tunis.

« Il s’agit d’une adhésion à la déclaration d’engagement dans ce réseau qui a pour vocation de créer les outils nécessaires pour renforcer les capacités des autorités de prévention de la corruption », a déclaré à la MAP le président de l’INPPLC, Bachir Rachdi, en marge de la signature par le Maroc de ce document portant ainsi le nombre d’adhérents de ce réseau à 23.

Tout en soulignant que la corruption revêt une dimension transnationale, il a fait savoir que les acteurs de la corruption exploitent l’ensemble des innovations et des avancées technologiques pour sévir dans leurs actes.
Dans ce sens, il a relevé que la coopération aussi bilatérale que multilatérale en matière de lutte contre la corruption est devenue plus importante que dans le passé dans la mesure où elle sert d’outil pour l’échange des bonnes pratiques.

Il a ajouté que chaque autorité anti-corruption a réalisé des avancées certaines dans un grand nombre de domaines particulièrement en termes de prévention et de politique publique en matière de lutte contre la corruption.

« Il y a des avancées dont on doit s’inspirer pour renforcer nos capacités à combattre ce fléau », a insisté le président de l’INPPLC.
Dans ce sens, M. Rachdi a plaidé pour une coopération dans le sens d’action commune de sorte à faire évoluer la législation et les conventions internationales en la matière.

« Il est aussi question de faire évoluer l’évaluation de ces conventions et de leur apport au niveau des différents pays en enclenchant ainsi une dynamique que nous essayons d’alimenter fortement à l’échelle internationale », a-t-il expliqué.

Abondant dans le même ordre d’idées, il a fait état de l’élaboration d’un guide servant d’outil pour un code de conduite permettant la prévention ainsi que de la mise en place des mécanismes empêchant à ce que les foyers de corruption se développent.

« Ce code de conduite est presque validé définitivement mais il reste encore des outils en matière de cartographie de risque permettant aux autorités nationales de mener des cartographies de risque sectorielles ou thématiques », a-t-il fait savoir.

L’objectif de l’approche risque permet de mettre en place les moyens pour pouvoir couvrir ces risques, a-t-il relevé, faisant état d’autres domaines plus globaux concernant une démarche de système national d’intégrité qui permet de scanner les différents piliers (justice, santé..), ainsi que le mode de suivi pour les législations et l’application des lois. Il s’agit d’un chantier que le réseau a ouvert pour approfondir la réflexion dans ce domaine, a poursuivi M. Rachdi.

A cet égard, il a estimé qu’il existe un certain nombre de domaines dans lesquels le Maroc a accumulé une grande expérience en termes notamment d’évaluation et d’observation du phénomène.

« On est actuellement en train d’approfondir l’élaboration d’indicateurs qui donnent une idée sur l’état et l’étendue de la corruption et son évolution », a-t-il révélé, soulignant que le Maroc peut amplement contribuer dans des domaines liés à l’élaboration de stratégies et au mode coordination et de convergence entre les acteurs publics et privés, et ceux de la société civile pour mener une approche cohérente et globale en la matière.

Au Maroc, l’instance a engagé un chantier de restructuration et de refonte du contenu pour qu’il soit le plus pertinent et pour viser des impacts perceptibles par les citoyens et par les acteurs économiques, a-t-il ajouté.

Il a rappelé que l’instance de par ses missions constitutionnelles a un rôle de proposition, mais aussi un rôle effectif tel qu’il est énoncé par la Constitution et qui concerne la supervision, la coordination et la garantie de suivi des politiques publiques de manière globale.

La loi, qui est en train d’être amendée, devrait permettre de rendre ces prérogatives beaucoup plus visibles et plus concrètes en matière de mise en œuvre, a noté M. Rachdi pour qui cette législation « doit proposer la stratégie de l’Etat et non seulement celle du gouvernement ».

« Il s’agit de la stratégie de l’Etat avec toutes ses institutions et l’instance doit en assurer la coopération et la coordination dans le cadre d’une interaction forte avec l’ensemble des acteurs (cour des comptes, justice, inspections…), a précisé le responsable.

Il a noté que cette révision permettra essentiellement de « clarifier les missions que l’Instance doit jouer dans ce cadre de complémentarité institutionnelle et de convergences entre les acteurs ».

Pour sa part, Chawki Tabib, président de l’Instance tunisienne de lutte contre la corruption (INLUCC), qui a également rejoint le réseau, a indiqué que cette adhésion permettra à ces pays de s’inscrire dans des coopérations bilatérale et multilatérale et de profiter des outils nécessaires pour le renforcement de l’action commune.

Il est aussi question d’ouvrir de nouvelles voies dans la lutte anticorruption et à instaurer un modèle de gouvernance exemplaire, a-t-il expliqué, notant que cette adhésion favorisera la coopération technique, l’échange d’expertise et le partage d’informations et d’investigations.

En marge de cette 4ème réunion périodique, le Président de l’INPPLC et son homologue tunisien, Chawki Tabib, ont signé un mémorandum d’entente mettant en place les fondements d’une coopération entre les deux instances, consolidant ainsi l’engagement et la vision partagée en matière de lutte contre la corruption entre Rabat et Tunis.

Le Réseau des agences de prévention de la corruption a été créé avec le soutien du Conseil de l’Europe en octobre 2018 à Šibenik, en Croatie, avec pour ambition de renforcer la coordination internationale en matière de prévention dans la lutte contre la corruption et à améliorer les mécanismes de partage des bonnes pratiques entre les autorités de prévention de la corruption. Le Réseau est soutenu par le Groupe d’Etats contre la corruption du Conseil de l’Europe (GRECO).

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