«Une partie de la mémoire musicale a disparu avec les orchestres nationaux»

C’est une icône de la musique marocaine. Mohamed Benomar Ziani a consacré sa vie au chant et la musique de Chaâbi. Né à Rabat en 1938, Benomar Ziani a côtoyé les figures de proue de la musique de Melhoun, de Chgouri, de Gharnati et de la musique andalouse.

En outre, le chanteur a quitté son poste de fonctionnaire pour se consacrer entièrement à sa première passion : la musique. Après une longue expérience dans le domaine, le maître du Chaâbi avait créé son propre orchestre et se lance par la suite dans l’animation des soirées nocturnes dans de différents lieux des villes de Rabat et de Casablanca.

A l’époque, c’était le triomphe et l’âge d’or des orchestres qui constituent une partie de la mémoire culturelle et artistique du pays. Aujourd’hui, ces orchestres notamment nationaux ont disparu, et un bon des musiciens ont été proie de l’oubli.

«On avait des orchestres qui concurrençaient l’Orient entre autres l’orchestre national dirigé par Ahmed Bidaoui qui est un grand luthiste au Maroc.  Il avait aussi  Ismail Ahmed qui s’occupait du département de la musique à la radio ainsi que Mohamed Rayen qui nous présentait dans le temps.», nous confie Benomar Ziani qui a clôturé la 16ème Festival des Andalousies Atlantiques  d’Essaouira en compagnie de la diva Raymonde El Bidaouia.

A l’époque, a-t-il dit, les musiciens  travaillaient avec des cachés avant d’être recrutés à la radio. «Quand Ahmed Bidaoui et Ismail Ahmed sont partis, il n’y avait plus rien», a-t-il affirmé.

Pour les autres, poursuit-il, ils préfèrent travailler dans des soirées au lieu de travailler à la radio pour des raisons purement matérielles, car ils gagnaient plus en animant des soirées hors les murs de la radio.

Naturellement, le nombre des musiciens se dégradait petit à petit surtout avec la mort du violoniste Slam Lhajoui, Jilali Bemehdi, Saleh Charki. «Quand j’ai commencé ma carrière, je travaillais avec l’orchestre du Melhoun. On passait toute la soirée à jouer à 10dh la minute, donc 10 musiciens à 100 dh à l’époque. En outre, quand Mohamed Loufir qui dirigeait  l’orchestre est parti, il n’en restait que l’orchestre de la musique andalouse de Mohamed Loukili. Lui aussi, quand il est mort, l’orchestre a perdu sa notoriété et son éclat. Aujourd’hui, il n’y a plus rien», a-t-il fait savoir.

«Je vous le dis, ceux qui sont restés aujourd’hui c’est moi, Abdelhadi Belkhayat  et Abdelwahab Doukkali. Prenez soin de nous», a-t-il révélé avec un ton nostalgique. Violoniste de renommée, Benomar Ziani a hérité cet instrument de Mohamed Kibou, dit le maréchal. «Je faisais de la musique andalouse, Melhoun, Chgouri, la Aïta et la musique classique. Et le violon avec lequel je travaille est un instrument du maréchal Mohamed Kibou.

C’est lui en fait qui me l’avait donné avant sa mort. Je travaillais avec cet instrument depuis 55 ans», a-t-il affirmé. Un jour, confié-t-il, Kibou avait dit aux journalistes, que l’art de la Aïta entre de bonnes mains puisque Ziani est toujours en vie. Tout le monde se souvenait de sa fameuse chanson «Zaouia», un tube à succès.

Sur scène, et après toutes ces années qui se sont écoulées, le chanteur et musicien a gardé le même enthousiasme. Entre le judéo-maghrébin, le Melhaoun en passant par le Chgouri et le Chaâbi, Ziani a envoûté le public marocain avec des titres qu’il avait repris tels que «Dourbiha ya chibani», «Laâroussa», «Ya rabbi Lahnin», «Ajini, ajini» et autres chansons du  répertoire musical national.

Mohamed Nait Youssef

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