Libéria: Carton rouge pour George Weah…

Moins de deux ans après son accession à la présidence du Libéria, pays anglophone d’Afrique de l’Ouest comptant 4,8 millions d’habitants, George Weah, ancienne gloire du football et premier «ballon d’or» africain, suscite contre lui colère et déception suite à l’aggravation de la crise économique dans le pays.

Ainsi, ce lundi 6 janvier, Monrovia, la capitale, était en ébullition quand, à l’appel d’un collectif d’associations de la société civile, soutenu par l’opposition, quelques 3.000 libériens ont brandi le carton rouge au nez de leur Chef d’Etat et exigé que ce dernier quitte la pelouse présidentielle, sa nouvelle aire de jeu, pour «promesses non tenues».

A quelques jours à peine du deuxième anniversaire de sa présidence, l’ancienne star du PSG et du Milan AC, a bien du mal à mettre en œuvre les objectifs qu’il s’était fixé et qui ont conduit à son élection ; à savoir la résorption de la pauvreté et la lutte contre la corruption dans un pays qui était encore hanté par la guerre civile qui avait fait quelque 250.000 morts entre 1989 et 2003, fortement éprouvé par le virus Ebola qui y a sévit de 2014 à 2016 et qui se débat actuellement avec une forte dévaluation de sa monnaie et une inflation galopante.

Cette manifestation, la troisième en l’espace de sept mois et à laquelle avait appelé Henry Costa, un populaire animateur de radio et farouche détracteur du président, s’est tenue en dépit des mises en garde du gouvernement qui, après avoir annoncé sa ferme opposition à toute manifestation de rue avant fin janvier par craintes d’éventuels «dérapages», avait fini par se rétracter et par l’accepter du bout des lèvres suite aux appels de la communauté internationale lui enjoignant d’éviter tout embrasement.

Aussi, ce lundi et pour disperser les protestataires – notamment ceux qui entendaient passer la nuit aux abords du Parlement – les forces de l’ordre ont fait usage de bombes lacrymogènes et de canons à eau si bien que de nombreux manifestants, pour la plupart tombées lors de leur fuite désordonnée, ont dû être évacués par ambulances vers divers hôpitaux et centres de soins de la capitale.

Au vu de l’enchaînement des manifestations qu’a connu le Libéria ces derniers temps, il semble qu’en descendant dans l’arène politique et en réussissant, en Décembre  2017, à accéder à la magistrature suprême de son pays, George Weah était bien loin de se douter qu’il foulait du pied un terrain beaucoup plus glissant qu’une pelouse de football.

Et même si, pour sa défense, Mister Weah rappelle qu’il a hérité d’un pays en crise, cela ne saurait, en aucun cas, le dédouaner, lui qui est appelé aujourd’hui à mettre en œuvre ses promesses de campagne en s’impliquant fortement dans la lutte contre la corruption, le trafic d’influences ou encore le favoritisme dans l’attribution des marchés publics. 

Et si, par ces manifestations les libériens appellent leur président à se dessaisir du pouvoir faute d’avoir fait preuve de beaucoup plus d’engagement en ce moment où l’exacerbation des tensions politiques au Libéria bat son plein, peut-on valablement penser que la démission du Président serait la panacée et la solution à tous les maux qui gangrènent le pays ? Rien n’est moins sûr au vu de la complexité de la situation sociale et économique dans laquelle se débattent les libériens mais attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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