Le monde rural fortement impacté

La situation est vraiment catastrophique. Le Maroc subit une sévère sécheresse cette année et la situation est qualifiée d’inquiétante aussi bien dans les zones Bour qu’irriguées. Le constat est alarmant puisque près de 90% des emblavements et  des cultures sont sinistrés, pâturés ou carrément  abandonnés.

Le cheptel qui se compte en millions de têtes est quasi affamé et les barrages affichent les niveaux les plus bas. D’aucuns s’interrogent aujourd’hui sur l’utilité et l’efficacité du fonds de développement agricole, de  celui de développement rural ou encore du fonds de lutte contre les catastrophes naturelles? L’urgence est de mise face à une sécheresse dévastatrice et face aussi au mutisme de département de tutelle et à  sa défaillance de communication sur la situation réelle dans le monde rural. 40% de la population souffre dans le monde rural et des millions de tête du bétail risquent de périr des effets des aléas climatiques.

Tableau  noir

La situation semble inquiéter l’ensemble des professionnels de l’agriculture sauf le gouvernement. D’ailleurs, le ministre de l’agriculture tarde encore une fois à agir. La sécheresse qui frappe le pays est qualifiée de dévastatrice et nous rappelle celle des années 80. La campagne agricole sera des plus mauvaises et les rendements à leurs plus bas niveaux   même dans les zones irriguées. La récolte devrait concerner seulement 10% des superficies emblavées depuis le mois de novembre et le reste soit 90% est totalement sinistrés regrette Abès Tanji, chercheur agronome. La faiblesse des pluies combinée à l’excès des chaleurs ont conduit à une sécheresse du sol et des cultures  dans les zones bour.

Le cheptel souffre de la famine en l’absence des végétations dans les parcours. Le Maroc n’a su profiter de la campagne agricole 2017/2018 qui enregistré un record de production (102 millions de quintaux). Du coup, après deux années successives de sécheresse, l’approvisionnement du marché en aliments de bétail (paille, orge, maîs…) fait largement défaut et même sur les stocks déjà en place le risque de surenchérissement des prix de vente est anticipé.

Les périmètres irrigués subissent également les effets de la sécheresse. Le niveau très bas de l’eau dans les barrages (45%) a entrainé des restrictions d’utilisation d’eau et des réductions des superficies irriguées.

La situation dans le monde rural est jugée catastrophique : pas de revenu pour les agricultures notamment après une mauvaise récolte et manque d’aliments pour le cheptel et difficulté d’alimenter le bétail jusqu’à novembre prochain, pas de pluies au mois de mars courant et du mois d’avril prochain…

Bref plus de 40% de la population souffre des effets climatiques très sévères vis-à-vis du Maroc cette année. Plusieurs millions de tête de bétail risquent de périr dans une situation pareille.   Faut-il garder le même  niveau de cheptel dans ces conditions, ne faut-il pas encourager l’abattage des animaux et la baisse des prix de la viande se demande notre interlocuteur qui estiment qu’il est difficile de garder le même troupeau jusqu’à novembre prochain.

L’urgence est mise

Il est urgent d’alimenter le bétail indique Tanji qui appelle à l’activation et à la mobilisation du fonds de développement agricole et du fonds de développement rural et même de celui de lutte contre les catastrophes naturelles. Il est temps de les utiliser pour soutenir le monde rural, dit-il. Il faut réfléchir aussi à la possibilité d’effacer les dettes des agriculteurs  comme cela a été le cas en l’année 2000.

L’urgence renvoie aussi à l’interdiction voir à l’arrêt de l’implantation des cultures fortement consommatrice d’eau à l’instar de la pastèque, des agrumes et du maïs…à la rationalisation de l’utilisation de l’eau potable dans les villes. Il faut aussi et surtout éviter de gérer la crise dans une situation de crise et mettre des plans d’action qui s’active automatiquement sans attendre à chaque fois la création d’une cellule ou comité de création de crise qui met beaucoup de temps à agir  efficacement et instantanément.

Fairouz El Mouden

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