Le Coronavirus contraint Poutine à reporter sa réforme constitutionnelle…

«Je déclare la semaine prochaine fériée avec paiement des salaires (…) La santé, la vie et la sécurité des personnes sont une priorité absolue pour nous (…) Le plus sûr, en ce moment, est de rester à la maison (…).

Les hôpitaux, pharmacies, magasins, banques et transports resteront ouverts (…) Je pense donc que le vote [sur la révision constitutionnelle] doit être reporté à une date ultérieure (…) Vous savez avec quel sérieux je considère ce sujet mais notre priorité absolue est la santé, la vie et la sécurité de nos citoyens».

C’est lors d’une allocution télévisée que le président russe Vladimir Poutine a fait part, ce mercredi, à ses compatriotes, des mesures de soutien qui seront apportées aux retraités, aux entreprises et aux familles nombreuses et de sa décision de différer, à cause du coronavirus, le vote sur la réforme constitutionnelle qui devait se tenir le 22 Avril prochain à l’effet de lui permettre de se maintenir au pouvoir jusqu’en 2036.

La décision prise par le Chef de l’Etat est intervenue au moment où le pays a commencé à voir augmenter, d’une manière dramatique, le nombre de patients atteints par le Covid-19 et après que, la veille, Sergueï Sobianine, le maire de Moscou, ait reconnu qu’étant donné que les chiffres de contamination étaient «significativement plus élevés» que les cas officiellement recensés, les autorités n’avaient pas encore une «image claire» de l’ampleur de l’épidémie.

Ainsi, ce mercredi et pour la seule ville de Moscou, le nombre des personnes contaminées est passé de 290, la veille, à 410 alors que le pays compterait 658 contaminations. Aussi, en abordant, pour la première fois et de manière officielle, la question de la pandémie du Coronavirus, le Président russe a fait savoir que les mesures prises ont permis au pays d’«éviter une diffusion trop importante de la maladie» et a mis garde ses compatriotes sur le fait que le virus qui s’est répandu sur la planète comme une trainée de poudre peut affecter «tout le monde» et donc que «ce qui se passe en Europe ou de l’autre côté de l’Océan [aux Etats-Unis] pourrait devenir [leur] réalité dans un avenir proche».

L’aveu fait ce mercredi par Vladimir Poutine – et qui relève d’un changement de stratégie puisque ce dernier se contentait d’affirmer que la situation était «sous contrôle» – est loin d’être une surprise au vu de la prolifération, ces derniers jours, de «pneumonies» ayant contraint les autorités à utiliser des maternités pour abriter les personnes touchées par la pandémie.

Or, bien que les pouvoirs publics aient, dès le mois de février,  procédé à la fermeture des frontières et à l’application de mesures strictes de contrôle, il n’est pas encore question d’imposer un ralentissement trop brusque à l’économie du pays.

Aussi, si quelques évènements culturels ont été annulés et que les écoles ont été fermées, aucune mesure de confinement généralisée n’a encore été prise, à ce jour, sauf à l’encontre des personnes âgées de plus de 65 ans qui ont été sommées de rester chez elles et qui, pour cela, se sont vus retirer la gratuité des transports dont elles bénéficiaient jusque-là et ce, jusqu’à nouvel ordre.

Enfin, après le report de la consultation afférente à la réforme constitutionnelle, c’est l’annulation de la parade du 9 mai célébrant le 75ème anniversaire de la victoire sur le nazisme et à laquelle étaient conviés les chefs d’Etat et de gouvernements du monde entier qui représenterait un autre coup dur pour le Kremlin car elle constitue un point cardinal dans la politique de Moscou. Qu’en sera-t-il d’ici-là ? Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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