«La crise provoquée par la pandémie apporte un désaveu cinglant aux apôtres du Capital»

Invité de la Fondation Lafquih Titouani, Nabil Benabdallah :

Khalid Darfaf

«Le monde de demain ne sera plus comme celui d’aujourd’hui et sera pire encore, si rien ne change dans nos modes d’action après cette crise engendrée par la pandémie», a souligné Nabil Benabdallah, Secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS) qui était l’invité de l’émission «Les partis politiques et les questions  actuelles», initiée par la Fondation Lafquih Titouani et diffusée samedi 4 avril sur la plate-forme Facebook.

Dès l’entame de cette rencontre, il a insisté sur le fait que l’absence d’une réponse collective au virus Covid-19  a mis à nu  les modèles économiques fondés sur  les doctrines libérales  et ultralibérales mais  aussi les tenants des approches de solidarités entre les Etats.

«Le monde de demain ne serait  plus comme celui d’aujourd’hui et les rapports de forces à l’échelle planétaire vont indubitablement changer, d’où l’interrogation sur le rôle et la place  de certaines institutions dites internationales»,  a-t-il déclaré.  Autrement dit, chaque Etat s’est retrouvé seul face à son destin et la pandémie a  révélé que dans les moments de crises, ce sont les États et particulièrement leurs services publics qui sont sur le devant de la scène et dans les premières lignes du combat.  D’ailleurs, dans tous les Etats du monde,  que ce soit en France, en Italie, au Japon, entre autres, ce sont les hôpitaux publics qui ont assumé  la lourde tâche de faire face à la pandémie et non point les cliniques privées.  «Cela nous impose le fait de revoir certains concepts qui sont d’ailleurs infondés», a-t-il martelé.

Cela étant, «la crise provoquée par la pandémie  a apporté un désaveu irréfutable aux apôtres du Capital et aux défenseurs du secteur privé, considéré selon eux comme pilier  principal dans le fonctionnement des Etats», a-t-il asséné.

Un Etat fort, synonyme d’un secteur public efficace

Pour le dirigeant du PPS, une telle situation doit nous rappeler à la raison et nous impose d’en tirer les leçons en vue de rectifier le tir et aussi afin de ne plus reproduire les erreurs du passé.  Pour ce faire, la réforme du secteur public, notamment celui de la Santé et de l’Education, est une condition sine qua non pour le progrès d’une société. «Un Etat fort est synonyme d’un secteur public efficace, fort capable de mener à bien sa mission. Il s’agit d’un secteur stratégique qui devrait être doté des moyens nécessaires pour mener à bien sa mission», a-t-il indiqué.  Et d’ajouter «L’investissement dans le secteur public est un investissement dans l’avenir d’où l’urgence d’agir  pour que l’école publique soit un véritable moteur de l’ascension sociale  garantissant l’égalité des chances». Et ce n’est pas tout, étant donné que l’Etat doit, en outre, revoir sa vision en matière de certaines stratégies sectorielles, en s’attelant à renforcer l’industrie lourde. L’objectif escompté est celui d’assurer  notre autonomie par rapport à l’extérieur et s’affranchir des facteurs de contingence externes.

Revoir les politiques sectoriels

Dans ce sens, le SG du PPS a relevé la question de la révision de la politique agricole en vue d’assurer notre  sécurité et notre souveraineté alimentaire en procédant au renfoncement de l’agriculture solidaire et l’appui des  petits et moyens agriculteurs. A cela s’ajoute aussi la promotion de l’industrie lourde, condition indispensable pour mettre en place un modèle de développement économique efficient. La dimension humaine devant également  figurer au cours de tout projet de développement se voulant progressiste  a-t-il fait remarquer,  en favorisant davantage les facteurs non économiques, de la réussite, tels l’égalité entre les genres, la renforcent de la diversité culturelle et le renforcement des libertés individuelles. Dans cette optique, le dirigeant du PPS a invité l’élite des intellectuels à faire leur retour sur l’espace public en vue de   remplir son rôle en matière de la prévalence  idées éclairées et progressistes et veiller à  immuniser l’espace  médiatique pour jouer sa mission qui lui convient.

La Santé, l’Education… prioritaire

Il faut dire, selon le dirigeant du PPS, que l’édification du Maroc d’aujourd’hui et celui du demain, soulève, à plus d’un titre, la question de la démocratisation de ses  institutions et leur mise à niveau. Comme quoi, un aggiornamento  s’impose pour aller d’avant.   D’ailleurs, a-t-il rappelé, le PPS n’a cessé de contribuer par ses idées et propositions  au débat public en se positionnant  comme un fervent défenseur du service public aux côtés de tous  ceux qui partagent sa vision. Une vision qui attaque en visière à ceux qui remettent en cause la place et le rôle du secteur public dans le fonctionnement des sociétés.

«Le PPS a toujours défendu corps et âme le principe de la priorité du secteur public et sera toujours partisan d’un État social et démocratique, dont le rôle consiste à orienter et réguler l’économie nationale tout en plaçant l’être humain au cœur de ses actions», a-t-il clarifié.  En termes plus clairs, le PPS ne sera l’allié que de ceux qui partagent ces visions, c’est-à-dire un Etat qui pilote les politiques publiques, secondé par le secteur privé.

«Loin des surenchères politiques, l’Etat doit prendre à bras le corps le secteur de l’Education et la Santé. Il s’agit de la priorité des  priorités  tout en garantissant  un niveau de vie décent aux classes défavorisées et ce en   affermissant  le tissu économique de la production», a-t-il affirmé. 

En répondant à une question portant sur  la faiblesse des politiques publiques et leurs incapacités à répondre aux besoins vitaux de la population, notamment en matière de santé et de l’éducation, Nabil Benabdallah  a reconnu que les gouvernements ont beaucoup  tardé à passer à l’action et ce depuis la réforme de la caisse de compensation entamée en 2011.  Il faut reconnaitre, a-t-il déclaré, qu’il y avait une certaine hésitation pour traiter de front certaines questions sociales  tout en soulignant que la réforme a été assujettie à des calculs étroits relevant de la pure politique politicienne.

Idem en ce qui concerne le secteur de la santé où un effort incommensurable a été consenti pour répondre à la demande croissante de la population.  En fait, des dizaines  d’établissements et centres  hospitaliers ont été construits, mais cela n’est point suffisant, a-t-il noté. En termes plus clairs, de telles réformes ne peuvent aboutir aux résultats escomptés que par la mobilisation des postes budgétaires adéquats. «La réussite d’une politique publique quelle qu’elle soit  devrait être accompagnée  par la mise en place des ressources humaines nécessaires», a-t-il noté.

L’apaisement politique, une ouverture incontournable

Cependant, il est à souligner que le modèle de développement intégré ne peut se concevoir sans une véritable démocratie, aux antipodes des visions  technocratiques  où les partis sont relégués au second plan, alors qu’ils ont un rôle primordial à jouer, a-t-il laissé entendre, tout en appelant avec insistance à l’entame d’une ouverture politique qui tire d’un trait sur le passé, en faisant allusion aux  dossiers relatifs à certains mouvements sociaux ou encore relevant de la sphère des médias.

Ainsi, a-t-il insisté  que «la réhabilitation de l’action politique passe un souffle  démocratique nouveau  marqué essentiellement par une ouverture politique.  «Il s’agit, d’une entrée principale de la réforme».

Notons que le Secrétaire général du PPS s’est félicité des efforts déployés par le corps médial, les forces sécuritaires qui font un travail remarquable sur le terrain grâce à la conduite éclairée et la  vision perspicace de SM le Roi Mohammed VI visant à faire face aux effets de la pandémie. «Ces efforts ont consolidé davantage l’unité et la solidité de la nation derrière SM le Roi Mohammed VI, tout en appelant à la poursuite de cet élan de solidarité, a-t-il conclu».

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