Les insurgés houtis dénoncent l’accord de paix…

L’Arabie Saoudite qui dirige, depuis 2015, la coalition militaire venue à la rescousse du gouvernement yéménite reconnu par la communauté internationale, avait décrété le 9 Avril dernier « un cessez-le-feu pour deux semaines » et appelé à la tenue, sous le parrainage de l’ONU, d’une rencontre avec les rebelles «houtis» soutenus par Téhéran à l’effet d’ouvrir la voie à une solution politique « plus large » qui serait couronnée par un cessez-le feu permanent.

Mais si, à ce moment-là, la démarche de Riyad qui avait été saluée par les chancelleries du monde entier n’avait pas été rejetée par les «séparatistes», il ne faudrait pas oublier que, dans un document publié quelques heures avant cette annonce, les Houtis avaient appelé au retrait des troupes étrangères, à la fin du blocus des ports et de l’espace aérien du Yémen et exigé que la coalition prenne en charge le paiement des salaires des fonctionnaires pour la prochaine décennie et finance la reconstruction du pays.

Ne voyant donc rien venir, les insurgés ont publié, ce dimanche 26 Avril, un communiqué mettant un terme à tous les espoirs de la communauté internationale. Revendiquant le contrôle exclusif de la capitale régionale d’Aden et accusant le gouvernement de ne pas avoir rempli ses obligations et d’avoir conspiré contre la cause du sud, le Conseil de Transition du Sud (STC) déclare, dans son communiqué, avoir proclamé, dans la nuit de samedi à dimanche à 00 heure, «l’autonomie du sud du pays» et annonce qu’un «comité d’autonomie commencera ses travaux sur la base d’une liste de tâches assignées par la présidence du Conseil».

En brisant ainsi l’accord de paix qu’ils avaient signé avec le gouvernement, les insurgés houtis, renforcés par la très forte baisse des frappes aériennes de la coalition suite au désengagement des forces émiraties compliquent davantage un conflit qui, au cours de ces cinq dernières années, aurait fait, selon l’ONU, des dizaines de milliers de morts – essentiellement civils – et provoqué la plus grave crise humanitaire de la planète puisque 7 millions de personnes, soit le quart de la population, seraient au bord de la famine et que la pandémie du coronavirus pourrait compliquer la donne.

Pour rappel, en Novembre dernier, les insurgés, qui avaient toujours revendiqué l’indépendance du sud du pays, avaient consenti à signer, à Riyad, un «accord de partage du pouvoir» mettant fin à la bataille pour le Sud au cours de laquelle ils avaient pris le contrôle d’Aden, la deuxième ville du pays. Or, bien que la coalition menée par l’Arabie Saoudite ait délibérément prolongé le cessez-le-feu qu’elle avait unilatéralement décrété le 9 avril pour quinze jours, à l’effet d’enrayer la propagation de la pandémie du Covid-19 sur l’ensemble du territoire yéménite déjà en proie à la plus grave crise humanitaire de son histoire, l’accord de Riyad est rapidement tombé à l’eau du fait notamment de la non-application des mesures clés afférentes à la formation d’un nouveau gouvernement comprenant des représentants des sudistes et à la réorganisation des forces militaires.

Aussi, au vu de tout ce qui précède, il semble donc que le conflit qui a fait vivre au Yémen la pire crise humanitaire de son histoire, voire même de l’histoire du monde moderne, ne soit pas prêt de s’achever. Alors, attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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