Les afro-américains, premières victimes de la pandémie…

Si, à l’heure actuelle, les Etats-Unis sont, désormais, la nation la plus touchée par le Covid-19, les afro-américains restent le groupe social le plus impactée par la pandémie.

Ainsi, en Louisiane où les «blacks» représentent 32% de la population  totale, 70% des personnes décédées des suites du nouveau coronavirus sont des afro-américains. Cette prévalence statistique n’est, malheureusement, pas propre à la Louisiane puisqu’elle se confirme à New York, en Alabama ou encore dans le Maryland. La tendance est donc nationale.

Dire que le nouveau coronavirus serait «raciste» reviendrait à emprunter le chemin le plus court et à vouloir taire le fait qu’aux Etats-Unis les populations les plus «pauvres» sont en majorité des «noirs» et des «latinos».

Or, en faisant l’objet d’un cocktail particulièrement meurtrier dès lors qu’il mêle disparités sociales et problèmes de santé liés à la pauvreté et à une mauvaise alimentation, ceux-ci se sont trouvés aux premières lignes de l’exposition à la pandémie.

Maire de la ville de Pontiac, dans le Michigan, et elle-même médecin, Deirdre Waterman affirme qu’en étant «en moins bonne santé» et en souffrant d’une criante inégalité aussi bien dans les salaires que dans l’accès aux soins, les noirs qui restent les plus exposés aux maladies ont, à ce titre, été frappés, de plein fouet, par la pandémie. Evoquant des données «complètement disproportionnées», la maire de Pontiac rappellera que bien que, dans l’Etat du Michigan, la communauté noire ne représente que 14% de la population, celle-ci comptabilise 33% des contaminations au Covid-19 et 41% des décès.

Ce bien triste record dément formellement une rumeur non avérée mais très tenace qui avait circulé dès l’apparition de la pandémie et qui avait trait à l’immunité supposée des Afro-américains face au coronavirus. Mais, si les afro-américains meurent en plus grand nombre c’est surtout parce qu’ils sont atteints de maladies aggravantes telles le diabète, l’hypertension artérielle, l’obésité ou encore l’asthme. Autant de complications qui les conduisent rapidement en soins intensifs et font que, dans leurs rangs, le taux de mortalité est nettement plus élevé.

Pour Georges Benjamin, le président de l’Association américaine de santé publique (APHA), si les noirs sont plus exposés au coronavirus que les populations plus aisées, la raison en est que, dans leur vie quotidienne, ceux-ci sont «face au grand public (…) Ils sont plus souvent chauffeurs de bus, ils prennent plus les transports en commun, ils travaillent plus dans les maisons de retraite, les magasins et les supermarchés».

En outre, la distanciation sociale reste, bien évidemment, beaucoup plus compliquée lorsqu’on habite dans des quartiers assez denses et que l’on occupe des logements exigus. S’agissant, enfin, du télétravail, le type d’emplois généralement exercé par cette frange de la population ne le permet pas et le fait de se faire livrer les courses à domicile reste un luxe qu’ils ne peuvent pas se permettre et qui fait qu’ils sont obligés de sortir faire leurs achats donc de s’exposer à la pandémie qui a envahi le monde ces derniers mois.

Interrogé sur les effets de la pandémie du coronavirus, Donald Trump a reconnu que la population noire a été sur-représentée dans le décompte des décès. Il ajoutera même : «Il y a un vrai problème. Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour relever ce défi (…) C’est terrible et nous devons fournir un soutien aux citoyens afro-américains (…) C’est disproportionné; ils sont très très durement touchés». Alors, attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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