L’Irak se dote d’un nouveau gouvernement…

Malgré la pandémie du coronavirus qui a fait, à ce jour, plus de 100 morts, la montée, sur son sol, des  tensions entre Washington et Téhéran, la chute des cours du pétrole, la recrudescence des attaques de l’organisation Etat islamique et la crise politique dans laquelle il est plongé depuis 6 mois, l’Irak s’est finalement doté d’un gouvernement avec à sa tête Mustafa Al-Khadimi, 53 ans.

Or, même s’il est parvenu à obtenir, dans la nuit du 6 au 7 mai, la confiance du Parlement, cet ancien chef des services de renseignements qui s’était illustré dans la guerre contre le groupe Etat islamique s’était trouvé dans l’incapacité de former le «cabinet de solutions» qu’il espérait car les partis chiites, sunnites et kurdes se sont  accroché avec force au système de répartition confessionnelle et ethnique des postes tel qu’il avait été mis en place en 2003 par l’administration américaine après la chute du régime de Saddam Hussein.

Seuls quinze ministres sur les vingt-deux que compte le nouveau gouvernement ayant été « avalisés », certains commentateurs estiment qu’à l’exception de quelques personnalités de premier plan comme l’universitaire et ancien ministre Ali Allawi affecté au ministère des Finances ou encore le général Othmane Al-Ghanemi, chef d’Etat-major, souvent aperçu en Syrie aux côtés des iraniens et des russes au titre de la coordination de la lutte contre Daesh auquel a été attribué le portefeuille de l’Intérieur, tous les autres auraient, dans l’ensemble, «des profils de directeurs d’administration».L’ancien capitaine de l’équipe nationale de foot-ball, Adnane Dirjal, a été propulsé à la tête du ministère des Sports et de la Jeunesse.

Et si, par ailleurs, en l’absence de «politiciens» et de «technocrates de haut vol», les portes-feuilles des Affaires étrangères et du Pétrole restent encore à pourvoir, le vote de la loi de finances 2020 est un chantier prioritaire pour le nouveau gouvernement du moment que le projet sur lequel avait travaillé l’ancien premier ministre Adel Abdel Mahdi avant d’être acculé à la démission en novembre dernier, avait tablé sur un prix du baril brut à 56 dollars alors que la semaine dernière, celui-ci est descendu à 30 dollars et risque d’aller bien plus bas encore du fait de la crise sanitaire mondiale.

Se trouvant donc à la tête d’un gouvernement qui hérite d’une économie à genoux, de relations diplomatiques au plus bas et de menaces de nouvelles manifestations face à une austérité qui semble inévitable, Moustafa Al-Kazimi qui se dit conscient «des crises qui se suivent et s’accumulent pour le pire depuis 2003» et prêt à gérer, comme il se doit, «la transition» dans l’attente de la tenue «des élections anticipées» à la date qui sera fixée ultérieurement parviendra-t-il à calmer la colère de la rue irakienne ? Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Related posts

Top