Inde: l’ambitieux plan de relance du Premier ministre…

A quelque chose malheur est bon, dit-on… C’est, justement, ce que vient de confirmer, ce mardi et en pleine pandémie du coronavirus, le Premier ministre indien Narendra Modi en dévoilant les grandes lignes de son très ambitieux plan de relance destiné à faire face aux conséquences de la crise économique que traverse le pays et son 1,3 milliard d’habitants du fait de la crise sanitaire mondiale.

«La crise du coronavirus nous a appris l’importance des chaînes d’approvisionnement local (…) Nous nous trouvons à un moment charnière. Cette crise est un message pour nous. Elle est une opportunité  pour aller de l’avant (…) La seule façon de progresser est d’être autonome (…) Nous devons faire du local ; ce n’est pas seulement notre besoin, c’est aussi notre responsabilité» a-t-il tenu à rappeler.

D’un montant de 20.000 milliards de roupies (245 milliards d’euros), soit près de 10% du PIB, et axé sur «la terre, le travail, les liquidités et la règlementation», ce plan destiné à relancer une économie ébranlée par la pandémie s’adressera aux industries artisanales, aux agriculteurs «qui suent nuit et jour», aux petites et moyennes entreprises et à une classe moyenne «qui paie honnêtement ses impôts».

Prévoyant une réforme du marché foncier et du marché du travail, ce plan de relance suscite, néanmoins, quelques craintes quant à une remise en cause des droits afférents à la protection des travailleurs et de l’environnement dès lors que ces derniers temps, plusieurs états ont remis en cause certains acquis en matière de droit du travail en allongeant la semaine légale de quarante-huit à soixante-douze heures.

Baptisé «mission pour l’Inde indépendante» ce plan confirme la volonté bien affichée par «Na-Mo» – comme l’appellent affectueusement ses partisans – de mener le pays vers l’autosuffisance voire même d’en faire une grande puissance du 21ème siècle.

Dans son allocution, le Premier ministre s’est gardé, toutefois,  de donner des précisions laissant à la ministre des Finances Nirmala Sitharaman le soin de détailler, par la suite, le contenu des mesures, leur ventilation secteur par secteur et leur financement.

Pour rappel, le sous-continent indien étant «figé» depuis que le 25 mars dernier, le Premier ministre avait imposé un confinement total de la population, ce sont donc des milliers de chantiers, d’usines, de commerces, de transports ainsi que ces innombrables petits métiers qui font vivre des centaines de millions d’indiens qui sont à l’arrêt  depuis ce jour-là.

Ce confinement a été prolongé à deux reprises avec certains assouplissements au début du mois de mai pour permettre à une trentaine de trains de circuler entre la capitale et certaines grandes villes. Les modalités concernant la quatrième phase – «complètement différente» des deux précédentes, aux dires du Premier ministre – seront annoncées avant le 18 mai.

Enfin, si le Bharatiya Janata Party, le parti au pouvoir, a acclamé «le plus grand plan jamais mis en place par l’Inde» alors même qu’une partie du montant annoncé a trait à des mesures qui avaient déjà été dévoilées par le gouvernement, force est de reconnaître, toutefois, que les premières victimes de ce confinement ont été ces millions de travailleurs migrants privés de ressources qui, loin de leurs villages d’origine, ne survivent que grâce à l’aide humanitaire.

Ce nouveau plan de relance économique va-t-il réellement permettre à l’Inde d’atteindre l’autosuffisance et d’être propulsé au rang de grande puissance du 21ème siècle comme le souhaite son Premier ministre Narendra Modi ? Attendons pour voir…

 Nabil El Bousaadi

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