L’économie marocaine reprendra doucement mais sûrement

Propos recueillis par Khalid Attoubia (MAP)

L’économie marocaine reprendra doucement mais sûrement, grâce aux mesures décrétées par les autorités pour atténuer les répercussions de la propagation du nouveau coronavirus, a indiqué l’universitaire brésilien, le professeur João Bosco Monte.

Les différentes actions entreprises par le Maroc étaient judicieuses et sont à même de préserver la stabilité non seulement en termes de santé publique, mais aussi au niveau des aspects socio-économiques, a souligné le président de l’Institut Brésil-Afrique, précisant que «tous les pays sont appelés à prendre des mesures préventives et d’accompagnement de l’économie pour juguler l’impact de la pandémie».

Pour le professeur Pr. Bosco Monte, par ailleurs coordinateur général du Forum Brésil-Afrique, «le Royaume a bien fait en mettant en œuvre des mesures préventives importantes comme le confinement et la fermeture à temps opportun de son espace aérien».

«C’est important, car d’autres pays ont payé cher le manque de rigueur, en échouant à maintenir la contagion à des niveaux maitrisables et dans les limites des capacités de leurs systèmes de santé», a-t-il insisté.

Abordant les efforts des pays touchés par la pandémie pour protéger leurs entreprises et prévenir l’effondrement de l’économie, M. Bosco Monte, qui est consultant international pour des organisations brésiliennes et étrangères, a salué les différentes démarches menées par le Maroc, «qui s’érige en un modèle aux niveaux régional et mondial, en ce qu’il a donné l’opportunité aux populations de surmonter la la pandémie et aux entreprises de pouvoir être plus résilientes face à la crise».

Parmi les principaux défis socio-économiques liés à la pandémie du Covid-19, figure l’augmentation des taux de chômage, a fait observer l’expert international, relevant que cette situation, qui dépendra du temps que prendront les mesures d’isolement, concernent en particulier les secteurs du transport aérien et du tourisme.
«L’agriculture sera relativement impactée, mais pas autant que les autres activités économique. Je pense qu’il faudra attendre jusqu’à la fin de l’année pour avoir une plus grand visibilité sur le véritable impact de la pandémie», a expliqué le lauréat en 2018 du prix de Commandeur de l’ordre de Rio Branco, décerné par le gouvernement brésilien. «La production du phosphate est également une question d’importance pour un pays à grande vocation agricole comme le Brésil», a-t-il noté.

M. Bosco Monte a, par ailleurs, estimé qu’»il faut raisonner en termes de mix économique, c’est-à-dire que c’est la complémentarité des différents secteurs qui façonne la manière avec laquelle l’économie en général réagira à la crise sanitaire». «La bonne santé de chaque secteur dépend des autres activités économiques, car il s’agit de tout un écosystème économique qui doit être accompagné», a affirmé le professeur brésilien.

Commentant l’impact du nouveau coronavirus sur le marché africain, M. Bosco Monte a souligné que le monde post-coronavirus aura besoin de davantage d’intégration économique, ce qui serait une bonne opportunité pour le Maroc, une fois les marchés redevenus stables.

Dans ce sillage, l’expert brésilien, chercheur postdoctoral sur l’intégration africaine, a estimé que le Royaume est appelé à persévérer dans sa politique africaine, notamment au volet économique, car de larges horizons s’ouvriront avec l’accord de libre-échange africain.

«Mais, d’abord, l’Afrique doit apporter une réponse commune à la pandémie, parce qu’aucun pays n’est préparé à affronter la crise tout seul. Si on veut aller plus rapidement on peut marcher seul, mais pour aller plus loin il faut marcher ensemble», a-t-il dit.
«L’appel de SM le Roi Mohammed VI à une initiative des chefs d’État africains visant à établir un cadre opérationnel pour soutenir les dirigeants de la région dans la gestion de la pandémie s’inscrit justement dans cette optique visant un agenda commun qui entend mettre en commun les moyens scientifiques, techniques et financières nécessaires à la lutte anti-coronavirus», a poursuivi M. Bosco Monte.

Au plan international, le professeur brésilien s’est notamment attardé sur la situation au sein de l’organisation des BRICS, qui comprend le Brésil, la Chine, l’Inde, la Russie et l’Afrique du sud.

Pour lui, il est plus judicieux d’analyser chaque pays de manière distincte. «Si la Chine peut déjà entrevoir une véritable reprise économique, la Russie et l’Inde, elles, semblent toujours dans un stade difficile et risqué», a noté M. Bosco Monte.

Par contre, a-t-il enchainé, «en Afrique du Sud, qui est en confinement et pourrait enregistrer une contraction de son PIB pouvant aller jusqu’à 16%, la situation pourrait virer au désastre, car son économie a présenté des signes de faiblesse».

Et de conclure qu’»en définitive, la crise sanitaire doit servir de leçon et l’organisation doit être réinventée en faveur d’une plus grande intégration et je pense que la Chine pourra jouer le rôle de locomotive».

Le professeur brésilien n’a pas manqué de commenter la situation du Brésil, qui est devenu le deuxième pays le plus touché par la pandémie. «Nous affrontons un grand problème qui aurait pu être évité, celui des divergences politiques au sujet de la lutte contre le coronavirus», a indiqué M. João Bosco Monte, rappelant la récente démission du ministre de la Santé.

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