Poutine aura bien sa réforme constitutionnelle…

«Nous organiserons le vote national russe sur l’adoption des révisions de la Constitution le 1er Juillet 2020» a déclaré, ce lundi, le Président russe Vladimir Poutine à l’issue d’une réunion tenue en visioconférence avec des responsables de différents départements ministériels et des milieux sanitaires et municipaux afin de s’assurer que rien ne s’opposerait à la tenue de ce scrutin.

Bien qu’après avoir déjà été validée par les deux chambres du Parlement, cette réforme visant à lui ouvrir la voie pour deux mandats supplémentaires n’a plus besoin d’être entérinée par les urnes, Vladimir Poutine avait voulu, tout de même, la soumettre au verdict de ses compatriotes le 1er Avril dernier en promettant de ne pas la mettre en œuvre si les russes venaient à s’ y opposer  – un scénario hautement improbable – mais la pandémie du Covid-19 s’était interposée et il fut obligé de la reporter.

La situation sanitaire du pays s’étant nettement améliorée après « le passage du pic épidémique » la semaine dernière et la capitale russe s’apprêtant à rouvrir ses commerces fermés depuis deux mois, le président Poutine a annoncé que le 24 Juin se tiendra le grand défilé militaire – du 9 mai reporté du fait de la pandémie – commémorant la victoire de l’armée soviétique sur l’armée nazi et constituant, pour le patron du Kremlin, une aubaine dès lors qu’il lui permet de montrer, aux chefs d’Etat et de gouvernements, conviés pour l’occasion, que la Russie a retrouvé toute sa puissance d’antan en dépit des multiples « sanctions américaines » qui la frappent.

Si donc, dans ses grandes lignes, la réforme constitutionnelle proposée aux russes renforce les prérogatives présidentielles et introduit un salaire minimum garanti, elle permettra, également, à Poutine – qui a 67 ans et qui est à la tête du pays depuis 2000 – de postuler pour deux nouveaux mandats donc d’essayer de se maintenir au pouvoir jusqu’en 2036 quand il aura atteint l’âge honorable de 85 ans.

S’agissant de la nomination du gouvernement, les pouvoirs du président seront renforcés puisqu’il aura, désormais, le droit de dissoudre le Parlement si celui-ci refuse trois fois de suite la désignation d’un ministre ou d’un vice-ministre alors qu’actuellement cette possibilité ne concernait que la candidature du Premier ministre. Autre nouveauté, le président pourra nommer lui-même de nombreux juges, le procureur général et ses adjoints alors que jusqu’à présent tous cette prérogative était de la compétence de la chambre haute du Parlement et, last but not least et non des moindres, le rôle du Conseil d’Etat sera renforcé à telle enseigne qu’il pourrait préserver l’influence de Vladimir Poutine s’il en devient président même si ce dernier venait à quitter le Kremlin.

Dans le nouveau texte constitutionnel il sera bien précisé que le mariage est un acte exclusif entre deux personnes de sexes différents d’où l’inconstitutionnalité des mariages homosexuels qui n’ont jamais été autorisés par Moscou et, enfin, que la Crimée est un territoire qui est russe et qui le restera.

Avec la nouvelle Constitution, la longévité présidentielle de Vladimir Poutine, 36 années, surpassera-t-elle les 30 ans que Saline a passé à la tête de l’Union Soviétique ? Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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