Benabdallah: la gestion actuelle de la crise sanitaire ne correspond pas à celle du début

M’Barek Tafsi

La gestion actuelle de la crise sanitaire se déroule d’une manière différente de celle poursuivie lors de son lancement au Maroc, selon le Secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme, invité à commenter la décision du gouvernement de prolonger jusqu’au 10 juillet prochain l’état d’urgence sanitaire en vigueur dans le pays depuis le 20 mars dernier.

Le Secrétaire général du PPS, qui était l’invité spécial, mercredi soir, du «le Site info » (média arabophone en ligne), juste après l’intervention du Chef du gouvernement devant la Chambre des représentants, a reproché à l’Exécutif son absence sur la scène médiatique au moment où il fallait préparer sur tous les plans l’opinion publique, afin que les citoyens adhèrent avec le même enthousiasme du début aux décisions  prises.

Pour Benabdallah, ce ne sont pas les décisions en elles-mêmes qui posent problème pour savoir si elles sont opportunes ou non, mais la manière de gérer la communication avec l’opinion publique, qui a été, en quelque sorte, négligée jusqu’à la dernière minute, au même titre d’ailleurs que les représentants de la nation.

Surpris par les décisions de dernière minute du gouvernement, les rumeurs qui l’ont accompagnées, la version parlant du 8 août et la version corrigée qui l’a suivie qui précise qu’il s’agit du 10 juillet, ainsi que par la diffusion à minuit des mesures d’assouplissement du confinement devant être mises en œuvre dans les zones I et II, nombreux sont les citoyens qui refusent d’adhérer aujourd’hui à ce qui est annoncé, parce qu’on n’a pas fait le nécessaire pour les y préparer à temps tant sur le plan matériel que sur les plans  psychique ou  psychologique avec la contribution de tous les départements ministériels et des spécialistes.

Il s’est interrogé aussi sur l’utilité d’un tel passage du Chef du gouvernement devant la Chambre des représentants, surtout que les députés n’avaient la possibilité d’intervenir pour émettre leurs opinions sur le déroulement de ces décisions.

C’est pourquoi, l’approche poursuivie à ce niveau s’inscrit en faux contre tout ce qui a été fait jusqu’à présent, a-t-il dit, rappelant que durant la première période, les autorités publiques avaient pris, sur hautes orientations royales, des mesures proactives, fortes, décisives et fermes qui ont été sanctionnées par l’instauration de l’état d’urgence sanitaire et du confinement sanitaire pour endiguer la propagation de la pandémie. En effet, au début, tout était clair et compréhensible pour les citoyennes et citoyens de différentes couches sociales qui avaient adhéré massivement à toutes les mesures préventives prises et ont  répondu à l’appel de contribution au fonds de gestion de covid-19. Ils avaient aussi salué les mesures économiques de soutien aux entreprises et aux couches démunies, créant ainsi une ambiance de solidarité, d’enthousiasme et de confiance entre les citoyens et les institutions.

D’aucuns chantaient l’hymne nationale, d’autres saluaient à leur manière les hommes et les femmes de la santé, de l’enseignement, de la sécurité et d’assainissement, contribuant ainsi à la création d’un climat hautement positif qui s’est heurté malheureusement aux défaillances ayant marqué le la prestation du gouvernement, dont les composantes n’ont pas réussi à s’affranchir de leurs désaccords partisans. Comme par exemple le fait qu’aucune partie n’avait osé assumer la responsabilité du projet de loi 22.20 liberticide, pourtant adopté en Conseil de gouvernement.

Conscient de la gravité de cette lacune, le PPS n’a cessé de demander au gouvernement d’encadrer l’opinion publique à travers les médias en tenant les citoyens informés de l’évolution de la situation pour qu’ils soient disposés à en assumer les conséquences.

En fait, ce n’est pas le prolongement de l’état d’urgence sanitaire qui pose problème. Plusieurs autres pays à travers le monde en ont décidé ainsi. C’est ainsi qu’en Espagne, il a été décidé de le prolonger jusqu’en septembre. Idem pour la France qui a mis en place trois zones de déconfinement progressif (rouges, oranges et vertes).

Ce qui importe le plus, a-t-il dit, c’est de s’arrêter devant certains choix que cette pandémie a remis en cause et qui doivent nous inciter à agir pour combattre la précarité qui touche quelque 28 millions de Marocains, qui ne bénéficient pas des progrès réalisés par le pays au cours des dernières décennies et à œuvrer pour renforcer davantage le processus démocratique et mettre en œuvre la Constitution de 2011.

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