Enquêter avec célérité et justice

Bannir les clusters au covid-19

Depuis le 2 mars dernier et l’apparition du premier cas d’infection au coronavirus, le Maroc a accumulé, valeur d’hier à 10 heures, 10 079 cas positifs. Sur ce chiffre ce sont 8319 patients qui en ont guéri et 214 décès.

En tout et pour tout 1554 patients qui sont encore suivis, avec moins de deux douzaines se trouvant en réanimation ou soins intensifs.

Ainsi, en 110 jours, la moyenne quotidienne d’infection s’établit à près de 98 cas, celle de la guérison à 75 et les décès à 2 par jour.

Mais sur la totalité des cas d’infection, il faudra souligner que la part des clusters est assez importante, depuis l’apparition du foyer épidémiologique carcéral à Ouarzazate (ville qui s’est vite ressaisie). Jusqu’au foyer de Lalla Mimouna, en passant par ceux, d’avril dont le théâtre furent les unités commerciales et industrielles à Casablanca, Tanger, Fès et Marrakech avec entre 100 à plus de 200 cas d’infection…

A Sidi Mimouna, le record a été battu avec  460 cas d’infections dans 3 usines de conditionnement et d’emballage des fruits rouges.

Cette triste réalité devra surtout rappeler le préjudice que causent des comportements non citoyens et inconscients.

Des préjudices incommensurables…

Prenons uniquement le cas des usines d’emballage de Lalla Mimouna.

En plus des victimes de la maladie et ses conséquences sur la vie de ces femmes et hommes atteints du covid-19 ainsi que de leurs familles et contacts qui pourraient être infectés, c’est toute une partie de l’attention et des efforts du pays et des pouvoirs publics qui en pâtissent. Car c’est tout un ensemble de ressources humaines, qui est mis sur le gril pour tenter de contourner la pandémie et d’isoler le virus sans aucune possibilité de propagande.

On a vu, concrètement,  que cette urgence a nécessité la création d’un hôpital de campagne, érigé, dans la hâte, à Sidi Yahia du Gharb pour accueillir les patients atteints du virus, et, éventuellement d’autres contacts positifs, le temps d’une quarantaine, avec toutes les dépenses imaginées.

C’est également, plusieurs communes de la région qui sont isolées, dans l’attente des résultats des tests épidémiologiques, avec, certainement, un autre lot de cas positifs à mettre en isolation sanitaire et hospitalière…

Ensuite, une usine fermée c’est un manque à gagner pour un employeur, somme toute soumis à une enquête pour délimiter la responsabilité, en plus de l’arrêt de travail, de tous les cas suspects et des cas positifs, y compris les porteurs sains…

Tout cela, les pouvoirs publics auraient pu l’éviter par une volonté manifeste de faire respecter les règles d’hygiène, de protection et de distanciation, indispensables pour toute reprise d’activité. En tout cas, cela traduit une absence notable d’une une bonne gouvernance de l’état d’urgence sanitaire.

C’est pourquoi l’enquête décidée par le Ministère de l’Intérieur devra se faire en toute transparence et de manière juste. Sans chercher des dindons de la farce ni des victimes expiatoires…

Ainsi, il faudra d’abord déterminer si l’employeur a bel et bien respecté les règles d’usage formellement communiquées aux entreprises devant poursuivre l’activité de production.

La responsabilité est également à chercher, éventuellement, au niveau des autorités locales de tutelle, chargées de contrôler le respect des règles imposées, notamment ceux relevant du Ministère de l’Intérieur et de celui de la Santé.

Et, dans ce dernier cas, si les faits sont vraiment établis, il faudra sévir, immédiatement, en en faisant une valeur d’exemple, afin de prévenir toute autre récidive et risque à faire courir à toute une nation.

Mohamed Khalil

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