Les habitués partagés entre «préparatifs» et «temporisation»

Réouverture des hammams

Par Karima Hajji (MAP)

Les bains traditionnels ou communément appelés « hammams » restent un rituel hebdomadaire pour nombre de marocains pour multiples raisons notamment pour le bien-être et la relaxation qu’ils procurent. La réouverture de ces lieux dans le cadre des mesures annoncées pour la 2è phase du « plan d’allègement du confinement sanitaire » divise ses habitués entre ceux qui s’y rendront dès les premières heures du jeudi et ceux qui temporiseront en attendant que le « flou »se dissipe.

Certains habitués retrouveront le chemin du « hammam » dès le premier jour de réouverture avec assurance puisqu’ils sont certains de respecter les différentes mesures de prévention pour éviter la contagion par la Covid-19 et de la capacité des propriétaires des lieux à appliquer les mesures dictées par les autorités. D’autres usagers préfèrent temporiser en l’absence d’unanimité parmi les propriétaires des Hammams sur la réouverture ou non, en raison de l’adoption par chaque établissement de mesures qui lui sont propres, notamment la prise se rendez-vous par téléphone.

Les personnes travaillant (« Kessala » ou « Tayaba ») en contact étroit avec les habitués expriment, de leur côté, des craintes. Naima, employée dans un Hammam dans le quartier de l’Océan à Rabat, a confié à la MAP qu’elle reprendra son travail jeudi à 7h du matin puisqu’elle a été avisé par le propriétaire sans savoir quelles seront les conditions de travail surtout qu’elle est enceinte de 6 mois. Dans ce sens, le président de la Fédération nationale des associations des propriétaires et gérants des hammams traditionnels et douches au Maroc, Rabii Ouachi, a indiqué que les autorités ont dicté plusieurs conditions impossibles à appliquer, notamment le port du masques, ne pas dépasser les 50 pc de la capacité d’accueil et la distanciation sociale.

La Fédération préfère attendre la réouverture normale des « Hammams » même si cela va demander beaucoup plus de temps. L’objectif est de préserver la santé et la sécurité des clients parce qu’il s’avère difficile d’appliquer la distanciation sociale, a-t-il dit, ajoutant que la Fédération a laissé le libre choix aux propriétaires de reprendre ou non leurs activités. En revanche, ils doivent assumer leur décision.

Mettant l’accent sur l’absence de communication des autorités sur la manière d’appliquer ces mesures sur le terrain, M. Ouachi a souligné la nécessité d’ouvrir un dialogue sérieux et responsable.

Selon lui, la situation requiert une intervention urgente pour sauver ce secteur notamment le cumul des factures d’eau et d’électricité et le loyer.

Le président de la Fédération nationale des associations des propriétaires et gérants des hammams traditionnels et douches a également lancé un appel aux autorités compétentes pour prendre les mesures nécessaires et exceptionnelles en faveur des professionnels de ce secteur pour minimiser les conséquences de cette épidémie, évoquant, dans ce sens, l’amnistie fiscale ou encore des prêts sans intérêt pour favoriser la relance.

Le secteur des bains maures a son importance dans le tissu économique et social national et constitue une source de revenu pour plusieurs familles en plus de sa place dans la mémoire collective marocaine, a-t-il poursuivi, soulignant l’inexistence de statistiques précises du nombre d’emplois générés dans le secteur mais qu’il existe environ 12.000 hammams au Maroc, lesquels génèrent près de 120.000 opportunités d’emplois directs et indirects.

Le secteur vit une situation difficile qui s’est aggravée avec l’arrêt de l’activité pour plus de trois mois, a constaté le président de cette fédération, ajoutant que la pandémie de la Covid-19 accentuera la crise des professionnels et la précarité de l’emploi.

La réouverture va demander des dépenses supplémentaires pour les réparations des dégâts causés par cet arrêt d’activité, a-t-il tenu à préciser.

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