A la plage, la Covid-19 aurait capitulé

M’Barek Tafsi

Après avoir occupé tout l’espace public et contraint les habitants au confinement, à la distanciation physique, au port du masque et au respect de toutes les mesures de prévention et de précaution préconisées, la Covid-19 est tout simplement ignorée sur les plages.

A Skhirat, près de Rabat, à l’exception de quatre masques portés, lundi, par des agents des forces de sécurité, qui tentaient tant bien que mal de faire respecter la décision de ne pas jouer au football, aucune autre bavette n’a été visible. Et pourtant elles  sont partout disponibles et à bon marché.

Partout, la plage est envahie par un grand nombre de baigneuses et de baigneurs «démasqués», de tous les âges, qui jouaient, couraient, se laissaient détendre sur le sable, s’exposaient au soleil, tout en rythmant leur sortie à la mer (TABH-HIRA)  par des baignades.

Difficile, voir impossible pour eux de respecter tout ce qu’on a appris durant la dernière période pour éviter la contamination au nouveau coronavirus covid-19.

En l’absence de tout signe d’autorité, physique ou psychologique, le public se trouve livré donc à lui-même sans consigne, sans information, sans éducation, sans sens civique ou de responsabilité. Comme si l’on est sur une autre île, très loin de Rabat, où le virus n’a jamais circulé.

Dans certains coins sur cette plage, des groupes de jeunes du «quartier sans doute», fument des cigarettes et autres qu’ils s’échangent entre eux tout en discutant, en chantant, en s’insultant et en parlant de tout et de rien. Comme s’ils fêtent la démobilisation et la fin d’un confinement qui leur était imposé sans démagogie, sans sensibilisation, sans contrepartie, sans rien du tout.

Et pourtant c’était l’occasion idoine de les associer à cet élan d’ensemble ayant permis au pays de réaliser une véritable «success-story», de l’avis de nombreux commentateurs et politiques, en matière de lutte contre la pandémie qui aura duré plus de trois mois  avec toute la panoplie de mesures prises au niveau national. Tout cet arsenal hautement salué est en train de s’évaporer et de s’effriter, faute de communication et de capitalisation.

A la plage, il n’y a ni panneaux de signalisation ou de repères, ni recommandations, ni rappels sur la dangerosité du virus, sa circulation parmi nous, sa proximité, etc… L’apparition des  derniers foyers un peu partout dans le pays dont celui de Lalla Mimouna n’a pas été suffisamment exploitée pour rappeler au public que le déconfinement ne signifie aucunement qu’il faut crier victoire et lâcher totalement prise devant un ennemi invisible et meurtrier.

Le déconfinement ne doit pas non plus se traduire par la démission des autorités publiques. La phase est délicate et il semble qu’elle est plus compliquée que le début de la campagne de lutte contre la pandémie (état d’urgence et confinement sanitaires, mesures de prévention et de précaution, port de maques, distanciation sociale), lutte qu’il importe désormais de continuer, sans relâche. Car n’est sûr qu’il va disparaitre un jour.

Le déconfinement réussi doit se situer dans la même lancée et se  traduire par une capitalisation sur tous les acquis réalisés durant la dernière période dont le regain de confiance des citoyens dans les institutions du pays, la focalisation de leur attention sur l’évolution de la pandémie dans le pays et leur localité et ce qu’il faut faire pour se protéger et protéger les autres, la réapparition de certaines bonnes pratiques de solidarité, etc…

A l’heure de la prolifération des fakes news et de la désinformation, à travers les réseaux sociaux et la rumeur, il est plus que jamais nécessaire d’intensifier la communication officielle surtout en direction du public et avec lui pour véhiculer la bonne information et les recommandations requises pour poursuivre les réalisations et les acquis dans le cadre de la  «succes-story», citée plus haut et dont le Maroc tout entier est fier.

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