L’ancien roi Juan Carlos 1er prend le chemin de l’exil

«Juan Carlos 1er quitte l’Espagne» titraient en Une, ce lundi matin, tous les grands journaux espagnols et, dans son éditorial, «El Pais» a tenu, de son côté, à préciser que «le roi émérite quitte l’Espagne pour empêcher ses affaires personnelles d’affecter la monarchie».

Ainsi, dans une lettre transmise à son fils, l’actuel roi Felipe VI et publiée ce lundi 3 Août sur le site officiel de la monarchie, le vieux monarque espagnol qui avait abdiqué au profit de ce dernier en 2014, se disant «guidé par la conviction de rendre le meilleur service aux Espagnols, à leurs institutions» et à leur roi, a informé ce dernier de sa «décision de s’exiler» et de lui laisser ainsi, le soin de restaurer une monarchie marquée par moult scandales.

Saluant le geste par lequel l’ancien monarque espagnol, qui a déjà connu «la déchirure de l’exil» après l’avènement de la Seconde République en 1931, «a facilité les choses pour son fils et successeur en acceptant, avec sérénité, le départ de la résidence qu’il occupe depuis 1960», le journal de droite «El Mundo» évoque, pour sa part, «un geste douloureux en défense de la Couronne» sans s’empêcher, par ailleurs, de pointer du doigt le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez et de l’accuser d’avoir fait pression sur Felipe VI pour que son père quitte le palais de la Zarzuela.

«La Razon», un journal éminemment «royaliste» revenant, pour sa part, sur le travail fortement louable accompli par l’ancien monarque après la dictature franquiste écrira: «Pour ceux qui ont vécu ces années fébriles (…) il y a peu à expliquer sur le travail décisif de Don Juan Carlos. Aux générations nées dans la liberté et donc moins conscientes de sa valeur et de l’effort continu que sa défense exige, il suffira de rappeler que le vieux Roi, aujourd’hui cible d’insultes et de calomnies, a affronté tous les obstacles que les forces du passé, fortes et nombreuses, ont dressées contre l’ambition de faire de l’Espagne une nation libre».

Tout en reconnaissant ignorer, pour le moment, la destination choisie par l’ancien roi d’Espagne, «La Vanguardia» regrette, de son côté, une décision qui est un nouvel exil fut-il « volontaire ou forcé par les circonstances (car) c’est un autre roi qui se met en route vers l’exil».

Sans vouloir nier les écarts de la fin de règne du vieux monarque espagnol mais en essayant, tout de même, d’arrondir les angles, «ABC», un média conservateur favorable à la monarchie, rappelant que «l’être humain est faillible», évoque, quant à lui, un roi qui, à l’âge de 82 ans, serait « devenu un personnage à deux visages» à savoir, celui qu’il avait lorsqu’il «a aidé l’Espagne à marcher sur les voies des libertés d’une démocratie parlementaire» et celui qu’il avait affiché en partant chasser l’éléphant au Botswana au moment où, en 2012, l’Espagne vivait une crise économique sans précédent.

«Publico», une publication gauchisante, reste, de son côté, beaucoup moins indulgente envers un roi qui aurait «fui» l’Espagne, après avoir été «acculé par la justice» car de nombreux détails portant sur «l’opacité» de sa fortune opaque commençaient à voir le jour.

C’est donc en étant poussé par l’important tourbillon médiatique afférent au rôle joué par l’ancien souverain espagnol dans l’attribution du marché du TGV reliant La Mecque à Médine et par l’enquête diligentée par la Cour Suprême sur l’éventuelle rétro-commission de 100 millions de dollars que ce dernier aurait perçu de la part des dirigeants saoudiens et qu’il aurait dissimulé au fisc espagnol au lieu de la reverser au Trésor Public, que Juan Carlos aurait choisi l’exil. Interrogé par le quotidien «20 minutos», l’avocat du vieux monarque a tenu à affirmer, par ailleurs, que son client entend rester à la disposition de la justice espagnole même en étant hors du pays.

Quelles vont être les suites de ce nouveau feuilleton dont le héros principal est l’ancien roi d’Espagne?

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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