Benabdallah: «l’opposition est une alternative crédible à la majorité gouvernementale»

Invité de la chaîne «Alghad.tv»

«C’est le gouvernement le plus faible qu’a connu le Maroc durant son histoire moderne», a souligné Mohamed Nabil Benabdallah, le Secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS), mercredi 11 novembre 2020. Il était l’invité de la chaîne arabophone «Alghad.tv». Pour lui, c’est «le constat unanime» que toutes les catégories sociales du pays font de cette réalité (milieux économiques, classes moyennes et défavorisées).

Il faut dire, selon le dirigeant du Parti du Livre, que cette situation s’explique par plusieurs faits incontournables, dont entre autres la vérité que ce gouvernement, depuis sa constitution, a fait preuve d’un manque de symbiose entre ses différentes composantes. Ainsi, on trouve d’une part, le Parti de la Justice et du développement  (PJD), qui préside ce gouvernement via son Secrétaire général, Saad Eddine El Otmani, et d’autre part, les autres quatre partis, guidés par le Rassemblement national des indépendants (RNI) dont leur motivation principale est   dictée par des considérations purement électoralistes. D’où leur intérêt à saper l’action gouvernementale.

Cela étant, ils croient que l’échec du gouvernement serait synonyme de l’échec du PJD lors des prochaines échéances électorales, a-t-il affirmé, avant de mettre l’accent sur le fait que le manque de coordination et l’absence d’une vision globale de la part de la majorité, ont constitué l’une des causes majeures qui ont poussé le PPS à quitter le navire gouvernemental.

L’étroitesse de vue du gouvernement

Selon l’invité de l’émission, la crise pandémique a montré au grand jour la faiblesse de l’Exécutif et son incapacité à tenir un discours convaincant à l’égard de l’opinion publique. Et de poursuivre que  le projet de loi des finances 2021 nous démontre l’étroitesse de vue du gouvernement qui se trouve ainsi dépourvu  d’une vision claire dont la finalité est l’impulsion d’une nouvelle  dynamique à l’économie nationale et tirer vers le haut les catégories sociales qui sombrent dans la précarité. Cela étant, les prochaines élections seront une occasion propice pour se débarrasser de ce gouvernement », a-t-il noté en substance.

Répondant à une question concernant le contrôle de l’action gouvernementale, le Secrétaire général du PPS a réitéré ses positions émises au début de la crise sanitaire, en rappelant que s’il n’y avait pas la crise sanitaire, qui nécessitait le renforcement de l’unité nationale afin de lutter contre la pandémie, son parti, en tant que membre de l’opposition parlementaire, aurait pu recourir à une motion de censure. Pour lui, cette option n’est pas à écarter et demeure tout-à-fait envisageable surtout dans le cas de figure  où la majorité gouvernementale ne présenterait pas une vision homogène concernant les textes des lois électorales.

Abondant dans le même ordre idées, le leader du PPS a souligné que les initiatives prises par  SM le Roi Mohammed VI, visant à immuniser la population  contre la propagation de la pandémie,  ont évité au pays le risque de fondre dans le vide à tous les étages (sanitaire, social et économique). Mais, malheureusement,  au moment où le pays s’apprêtait à sortir du confinement sanitaire, l’opinion publique a, encore une fois, noté la faiblesse du gouvernement, qui ne cessait de prendre des décisions hâtives, sans interagir avec les citoyens», a-t-il martelé.

Pour lui, le PPS, ayant pleinement  conscience de ses responsabilités, n’est pas resté les  mains croisées, faisant ainsi allusion aux multiples actions prises, conformément aux mécanismes constitutionnels, par les multiples interpellations du gouvernement  lors des séances plénières consacrées aux  questions, ou en coordination avec les autres formations de l’opposition, comme c’est le cas du mémorandum adopté conjointement avec le Parti de l’Istiqlal (PI) et le Parti Authenticité et Modernité (PAM).

Répondant à une question sur le retrait du PPS de la majorité gouvernementale, Nabil Benabdallah a été on ne peut plus clair. Il a indiqué que le gouvernement Benkirane, en dépit de certains différends,  était relativement homogène et s’attaquait de front à des dossiers à caractère économique et social auxquels le PPS a contribué, notamment ceux en lien avec  les portefeuilles ministériels importants  qu’il assumait, aux cotés des autres formations politiques composant la majorité.

Malheureusement,  ce n’est plus  le cas pour la majorité actuelle, « divisée voire obsédée par les élections depuis sa constitution», a-t-il affirmé.  En termes plus clairs, l’éthique politique exige que «l’adhésion à un gouvernement a pour finalité l’élaboration d’un programme et non pas d’exposer les querelles internes devant l’opinion  publique. Ce qui ne fait que creuser davantage  le vide politique au niveau de la société et de l’opinion publique», a déclaré le leader du PPS.

Mettre fin au vide politique

D’ailleurs, le PPS n’a cessé de lancer des alertes et des avertissements contre ce vide politique en appelant à donner un souffle démocratique nouveau à la vie politique, à travers la réhabilitation du champ politique, l’élaboration des lois organiques constitutionnelles, l’élargissement de l’espace des libertés, entre autres.

Selon l’orateur, le but escompté consiste à ressusciter la confiance et  réconcilier les citoyens avec l’action politique. Idem en ce qui concerne l’économie, avec l’objectif de donner une impulsion à l’économie nationale car le Maroc dispose de capacités économiques énormes pour aller de l’avant. Au niveau social, le PPS, en tant que parti progressiste, a fait de la lutte contre la précarité une priorité des priorités en appelant à la généralisation de la couverture sociale universelle. «Nous sommes heureux que SM le Roi a appelé  le gouvernement à s’atteler avec  sérieux à ce chantier  et œuvrer à son concrétisation durant les 5 années à venir».

Concernant l’alliance du PPS avec les autres formations, à savoir le PI et le PAM, Benabdallah a expliqué que le retour du PPS à l’opposition a donné un nouveau souffle à ses rangs, surtout au niveau de la coordination, comme en témoigne la décision de créer une commission parlementaire tripartite (PPS, PI, PAM) pour enquêter sur l’équité territoriale et la manière avec laquelle le gouvernement a géré ce dossier durant la crise pandémique. Ou encore la présentation d’un mémorandum commun contenant des éléments de réponses pour sortir de la crise actuelle (politique, sociale et économique). Est-ce que de telles actions déboucheront sur une alliance entre les trois partis ? Pour Nabil Benabdallah, ce qui est certain c’est que la coordination entre les trois partis fonctionne à merveille. Si les choses continuent dans ce sens, cette coordination sera encore renforcée par  une alliance qui se présente comme une alternative à la majorité actuelle,  lors de prochaines échéances électorales, a-t-il conclu.

Khalid Darfaf

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