L’avocat ou l’or vert, une filière prometteuse épargnée par les répercussions de la Covid-19

Par Aabidine Naji (MAP)

Si les retombées de la pandémie de Covid-19 ont été lourdes et difficiles à surmonter pour nombre de secteurs vitaux, le secteur agricole, a réussi le pari de se prémunir des répercussions de cette crise sanitaire grâce, notamment, à la sécurisation de la production de plusieurs filières dans l’optique de répondre à une demande nationale plus abondante à l’ère du coronavirus.

En plus des charges supplémentaires que le secteur agricole a été contraint de supporter pour protéger ses employés de la Covid-19, le secteur a réussi à maintenir les exportations de plusieurs cultures, telles que, l’avocatier, les fruits rouges et les cultures maraîchères qui ont enregistré des rendements important par rapport à la même période de l’année écoulée.

L’avocat, ce fruit tropical qui s’adapte parfaitement aux conditions pédoclimatiques du Maroc et dont la production s’étend du mois de septembre à mai, connaît depuis plus d’une décennie un essor remarquable dans la région de Rabat-Salé-Kénitra, pionnière dans la production de l’or vert au niveau national, où la superficie plantée a atteint 5.840 ha, soit environ 86% de la superficie nationale à la faveur d’importants efforts et du Plan Maroc Vert (PMV) qui a hâté la cadence d’évolution de cette filière dans la première région du Royaume.

Pour faire face aux répercussions de la pandémie, un ensemble de mesures ont été prises par la Direction Régionale de l’Agriculture (DRA) de Rabat-Salé-Kenitra, en veillant constamment, en collaboration avec tous les opérateurs de la filière d’avocatier au bon déroulement de la campagne agricole et en assurant le déploiement de tous les moyens humains et matériels pour la mise en place des programmes visant à pérenniser la production en ces temps de Covid-19, a indiqué le directeur régional de l’Agriculture, M. Aziz Bellouti, dans une déclaration à la MAP.

M. Bellouti, également, directeur de l’Office de mise en valeur agricole du Gharb (ORMVAG), a ajouté que toutes les mesures nécessaires pour assurer la durabilité de l’approvisionnement du marché et protéger la situation sanitaire des exploitations agricoles et des unités de valorisation contre le virus ont été prises, notamment via l’approvisionnement en eau d’irrigation, la sensibilisation et le renforcement de la communication avec les professionnels et la distribution des guides et d’affiches anti-Covid en milieu agricole et au sein des unités de valorisation et des exploitations agricoles, conformément aux mesures initiées par les autorités compétentes.

S’agissant du bilan de la campagne 2019-2020, le directeur régional a précisé que le volume des exportations de l’avocat au niveau de la région s’élève pendant cette campagne à 16.250 tonnes soit 50% du volume des exportations nationales, notant une nette amélioration des exportations en 2019-2020, soit une hausse de 163% par rapport la campagne précédente 2018-2019.

En ce qui concerne les destinations des exportations de la région, il a fait savoir que 99% des produits sont exportés vers l’Union Européenne (UE), le reste étant réparti entre des pays du golf et d’Asie.

Les exportations d’avocats ont connu un essor remarquable en passant de 1.490 T en 2008 à environ 16.250 T en 2019-2020, soit 30% de la production régionale, marquant de ce fait une amélioration importante justifiée essentiellement par l’augmentation de la production d’une part et la demande croissante du marché de l’UE principalement, a-t-il précisé.

Pour la production prévisionnelle d’avocats au titre de la campagne agricole 2020-2021, M. Bellouti a estimé qu’elle devrait atteindre 60.000 tonnes, sur une superficie productive de 3.590 hectares, enregistrant ainsi une hausse de 8% par rapport à la campagne précédente 2019-2020 et plus de 37% par rapport à la campagne 2018-2019.

Le bilan est plus qu’encourageant et dépasse toutes les prévisions eu égard à l’évolution de la superficie qui suit un trend haussier en passant de 1.330 ha en 2008 à plus de 5.840 ha en 2020, enregistrant ainsi une augmentation de 340%, s’est félicité M. Bellouti, notant aussi que l’extension des plantations s’opère à un rythme moyen de 375 ha par an.

La production a connu aussi une augmentation notable en passant de 14.900 T en 2008 à environ 60.000 T prévue en 2020-2021, enregistrant ainsi, une augmentation de 300%, a fait savoir le directeur régional, ajoutant que les rendements ont également connu une progression soutenue en passant de 10 T/ha en 2008 à une estimation de plus de 16,7 T/ha en 2020-2021, enregistrant ainsi une augmentation de 67%.

La filière a également eu un impact important sur les opportunités d’emplois. En effet, le directeur de l’ORMVAG, a indiqué que la culture d’avocatier est l’une des plus importantes et les plus dynamiques dans la région, en ce sens qu’elle crée près de 820.000 jours ouvrables à toutes les étapes de la production.

Cet essor remarquable qui caractérise la culture de l’avocatier est le fruit de plusieurs facteurs, avec notamment les aides et les incitations de l’Etat au profit des agriculteurs et des investisseurs pour promouvoir la filière d’avocatier, ce qui a permis d’insuffler une dynamique importante à cette filière qui s’est matérialisée par une évolution remarquable en termes de superficie et de production dans la région au cours des 12 dernières années.

Les efforts menés par les professionnels pour la diversification et la reconversion variétale, l’installation dans la zone de production de pépinières spécialisées approvisionnant les agriculteurs en plants de qualité, l’investissement en aval, ainsi que la promotion du produit marocain à l’étranger sont autant d’autrs facteurs qui ont contribué à l’amélioration de la production.

Pour le chef d’arrondissement du développement agricole Sidi Allal Tazi, relevant de l’ORMVAG, M. Mustapha Ait Bella, les potentialités de la région de Rabat-Salé-kénitra se traduisent par des atouts naturels favorables à la production d’avocatier, tels que les sols sablonneux de la zone côtière, la disponibilité en eau de bonne qualité, le climat doux et tempéré sous l’influence océanique, une position géographique de la région à la porte de l’Union Européenne qui constitue un marché d’absorption de première importance pour l’export, la proximité des grands centres urbains et une pluviométrie annuelle de l’ordre de 540 mm.

S’ajoute à ces facteurs, l’intérêt grandissant des agriculteurs à cette culture à haute valeur ajoutée qui se caractérise aussi par sa facilité d’entretien, son faible coût de production comparativement à d’autres espèces arboricoles et ses prix de ventes intéressants à l’exportation et au marché local, notamment au cours de ces deux dernières années où ces prix ont oscillé autour de 20 Dh/kg sur pieds pour la variété Hass, a-t-il noté.

Le Plan Maroc Vert, qui vise la mise à niveau des différentes filières de production et l’instauration d’un arsenal d’incitations financières à l’investissement, a joué un rôle primordial dans l’évolution de la filière, a fait remarquer M. Ait Bella, évoquant également la demande en progression des marchés étrangers de l’UE en particulier, relayée par un marché national en expansion.

Une demande consolidée par la réputation de ce fruit qui se caractérise par nombre de bienfaits et vertus nutritionnelles et médicinales et s’impose en tant qu’allié incontournable des produits cosmétiques et pharmaceutiques.

Pour l’agriculteur et producteur d’avocat Noureddine Laqsiri, la production de cette année a connu un essor important en dépit de la crise sanitaire, grâce à la subvention, à l’accompagnement et aux mesures prises par la direction régionale de l’agriculture visant à soutenir les agriculteurs.

“J’ai bénéficié de l’appui de l’ORMVAG, notamment en systèmes d’irrigation goutte à goutte et en équipements et matériels agricoles, avec notamment les Wind machines pour faire face aux gelées”, a confié à la MAP, M. Laqsiri, propriétaire d’un domaine agricole de 60 ha, à souk Had Oulad Jelloul, dans la province de Kénitra.

“Cette année j’ai vendu toute ma production à un bon prix moyennant 21 dhs le kg, et actuellement je suis en phase de récolte qui s’étalera sur dix jours sous de bons auspices”, s’est réjouit cet agriculteur.

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