La beauté intérieure et l’essence de l’existence

Interview avec Souad Malainine Ali

Par Noureddine Mhakkak

Née le 12 Octobre 1976 à Paris, elle fait ses études à l’école Jean Macé Eaubonne. De retour au Maroc avec sa famille en 1984, elle obtint, en 1996, son baccalauréat en lettres modernes. Elle s’inscrira à la Faculté Ibn Zohr Agadir pour étudier la littérature française. Deux ans après, en 1998, elle rejoint le centre de formation des instituteurs et des institutrices à Laâyounne. Depuis 2000, Souad Malainine Ali y enseigne la langue française. Elle a publié «Entre deux rives», nouvelle, aux éditions Edilivre, Paris-France 2012, et «Fleurs des sables», un recueil de nouvelles en 2015.

Que représentent les arts et les lettres pour vous?

Les arts et les lettres, à mon avis, sont l’essence de l’existence, sans eux, nous ne saisirons absolument pas la beauté intérieure qui nous distingue en tant qu’êtres humains. Sans les arts et les lettres, la vie n’aura pas de sens ni encore moins de repères.

Que représentent la lecture/ l’écriture pour vous?

La lecture est essentielle pour moi ou si vous me permettiez de dire elle est vitale pour moi. Depuis des années, je me suis engagée pour une lecture quotidienne hormis les difficultés de tenir debout ce dilemme avec les réseaux sociaux qui empoissonnent de plus en plus notre vie communautaire et culturelle.  Ma passion de jeune fille pour la lecture des romans écrits ou bien traduits en langue française est devenue avec le temps une agréable habitude. Et à force de lire naisse la nécessité d’écrire. À travers celle-ci, j’essaie de refléter les traditions et les coutumes de la société dont je suis originaire afin que les autres puissent savoir davantage sur elle. L’écriture, pour moi, est un moyen de partage, de transmission, et de mise sous éclairage la culture et l’art de vie des gens du Sahara. Une magnifique sociabilité que de nombreuses personnes ignorent totalement ou qu’ils ont sur elle que des stéréotypes.

Parlez-nous des villes que vous avez visitées et qui ont laissées une remarquable trace dans votre parcours culturel?

Vous savez, à vrai dire, je ne me classe pas des personnes qui aiment les voyages et les découvertes. Je suis plutôt casanière. Mais, malgré cela, j’ai visité pas mal de ville au Maroc et à l’étranger. Parmi les villes qui m’ont laissée une remarquable trace, il y a Assilah et Marrakech. Quant aux villes étrangères, la commune française Liévin m’a énormément marqué, parce qu’elle est paisible et sereine aussi. Ma visite à Valencia, en Espagne, m’a bellement bouleversé également.  Pourtant, quand j’écris, mes personnages sont issus la plupart du temps du sud marocain, plus précisément de Laâyoune, de Guelmim ou de Dakhla étant donné que j’ai vécu plusieurs années au sud et que j’arrive vainement à les détacher du désert.

Que représente la beauté pour vous?

La beauté est indispensable pour rétablir beaucoup de chose autour de nous pourtant elle n’est rien sans la paix, le respect, l’acceptation de l’autre, le savoir-vivre ensemble, et sans une intégration dans une sincère citoyenneté universelle. Si chacun de nous se contente de voir sous ses pieds, personne ne retrouvera sa voie vers l’autre. La beauté est ce que nous ignorons, ce que nous craignions, et ce que nous refusions d’accepter, c’est ça la beauté. La beauté c’est l’échange.

Parlez-nous des livres/ films que vous avez lus/ vus et qui ont marqué vos pensées?

Dernièrement, j’ai assisté à un sublime film américain/espagnole intitulé Seule la vie. L’intrigue du film parle d’un couple américain qui vie à New-York et qui s’apprête à avoir un enfant que tout à coup leur vie bascule à cause d’un mortel accident. Dès lors, leur tragique destin s’entrelace avec d’autres destins dans un autre continent en Europe, plus précisément en Espagne. Le film est profondément touchant depuis le début jusqu’à la fin. Il fait réfléchir à la vie, à l’amour, aux chansons de Bob Dylan, à la famille, à la maladie, à la mort, au deuil, à l’injustice du destin, et à la continuation malgré la disparation. Certes, que le film n’a pas fait énormément de bruit néanmoins, je vous recommande de ne pas y passer à côté. Tandis qu’aux livres, celui qui m’a marqué le plus ces temps-ci est le roman de l’auteure italienne Simona Sparaco, publié chez Michel Lafon, Le dernier battement de cœur. Un bijou de 254 pages qui raconte l’histoire de deux compagnons qui attendent avec impatience leur premier bébé, tant désiré, quand soudain l’échographie du 7ème mois aperçoit une anomalie chez leur futur garçon qu’ils décideront durement de ne pas l’avoir. Un roman poignant écrit avec un beau style à ne pas rater de dévorer.

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