Sensibiliser notre population aux gestes qui sauvent

Arrêt Cardiaque

Ouardirhi Abdelaziz

L’arrêt cardiorespiratoire(AC) est un problème d’origine électrique qui se manifeste par un rythme cardiaque extrêmement rapide et irrégulier : c’est la fibrillation ventriculaire. Si aucun soin n’est pratiqué dans les minutes qui suivent l’arrêt cardiaque, les chances de survie sont quasi nulles.

Pour en savoir plus sur ce dernier et les moyens qui peuvent sauver une vie, nous avons contacté le professeur Ahmed Bennis cardiologue.

De nos jours, nombreuses sont les victimes d’un arrêt cardiaque subit aux conséquences fatales, dramatiques, et dans la majorité des cas se sont des personnes jeunes qui en sont victimes.

Un supporter marocain a succombé à un arrêt cardiaque, lors du match ayant opposé le Maroc au Bénin. Le légendaire joueur de football argentin Diego Maradona est décédé, des suites d’un arrêt cardiaque.

Un jeune joueur Lotois a été victime d’un arrêt cardiaque, Mohaz Ouattara, 21 ans. Le footballeur camerounais Marc-Vivien Foé a succombé à un arrêt cardiaque à l’âge de 28 ans.

Disparition subite de Salaheddine El Ghomari, des suites d’un arrêt cardiaque……

Qu’est-ce qu’un arrêt cardiaque ?

Le cœur, pour différente raison, fibrille et n’assure plus l’éjection du sang dans l’organisme et dans le cerveau. La victime perd connaissance, tombe, et ne réagit pas quand on lui parle ou quand on la stimule. La victime ne respire pas ou les mouvements respiratoires sont inefficaces, lents et bruyants.  Dans ce cas, il faut agir très vite, car il s’agit d’un arrêt cardiaque. L’arrêt cardiaque peut survenir n’importe où,  à la maison, dans la rue, dans les transports en commun, au travail….

Agir très vite

Au Maroc, on enregistre chaque année plus de 1.500 personnes qui font un arrêt cardiaque brutal, avec mort subite. Ce qui peut arriver n’ importe où, à la maison, dans la rue, dans les transports en commun, au travail…. Quand on assiste à une telle situation qui engage le pronostic vital, on  doit agir, avant que l’ambulance de la protection civile ou des secours n’arrive. Il faut savoir que chaque minute qui passe sans agir représente 10 % de chances de survie en moins.

Il s’agit de ne pas avoir peur, de ne pas paniquer, mais d’entreprendre des gestes susceptibles de sauver la personne. Exemple, si les moyens de réanimation rapide comme le massage cardiaque, le bouche à bouche, ne sont pas entrepris, les chances de survie sont minimes.

Pour réaliser de tels gestes, il faut que nos citoyens soient formés. Or, ce n’est pas le cas actuellement. En outre, il faut insister sur le fait qu’ au niveau des lieux de rassemblements ( super marché , aéroport, mosquée , stade , il n’ y a pas de défibrillateurs , ni de personnes formées pour utiliser ces défibrillateurs .

Intérêt des défibrillateurs

 Pour bien comprendre tout l’intérêt que peut jouer un défibrillateur en cas d’arrêt cardiaque subit, il y a lieu de citer l’exemple de la France.

En France, face à l’arrêt cardiaque, les autorités sanitaires ont compris tous les avantages et intérêts que peut apporter l’utilisation immédiate d’un défibrillateur. Depuis mai 2007, le grand public est autorisé à utiliser les défibrillateurs automatisés externes. Ils sont de plus en plus nombreux à être disponibles dans les lieux publics et dans les entreprises. Très simples d’utilisation, leur rôle est simple : délivrer un choc électrique pour permettre au cœur de se remettre à battre efficacement. Ces appareils sont fiables à 99,9 %

Une refonte du système s’impose

Parler de l’arrêt cardiaque ou de toutes les autres urgences vitales, c’est faire immédiatement référence aux moyens et actions qui doivent être entrepris pour apporter une aide urgente à toutes les personnes qui sont victimes d’un malaise ou d’un accident de la voie publique.

Ce n’est jamais évident, car  il y a la question des ambulances qui arrivent toujours en retard, qui souvent ne sont pas médicalisées   alors qu’il faut un médecin  réanimateur ou un infirmier urgentiste.  Souvent, il n’y a pas d’oxygène, de défibrillateur, de moyens de perfusions, et on doit savoir à l’avance où on doit acheminer le malade pour qu’il puisse bénéficier d’une prise en charge immédiate spécialisée. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas et il va falloir procéder à une refonte de ce système dans lequel nous travaillons. Cette refonte totale, on doit la concevoir en plusieurs étapes.

Il faut assurer une formation des professionnels de santé sur les moyens de réanimation, reconnaitre un arrêt cardiaque 24 H / 24  H. En cas d’infarctus du myocarde, coronarographie, dilater les artères coronaires bouchées, il faut tout mettre en œuvre pour revasculariser immédiatement. Parfois, il faut des moyens de réanimations lourds. Tout se joue en quelques minutes, c’est pourquoi il faut entreprendre une refonte en profondeur de ce système.

Pourquoi le tabac ?

Il faut rappeler que le profil type des personnes qui vont faire un arrêt cardiaque, se sont celles qui ont la quarantaine avec des facteurs de risques cardiovasculaires : le tabac, le diabète, le cholestérol et l’hypertension artérielle. Aujourd’hui, on sait que 80 % des accidents cardiaques sont évitables. C’est particulièrement vrai pour le tabac, qui reste le premier facteur de risque cardiovasculaire. Tout simplement parce que le tabac contient des milliers de composants toxiques, qui vont immédiatement favoriser la formation de plaques d’athérome, de caillots et qui vont boucher les artères coronaires.

Quand les artères coronaires d’un sujet jeune sont bouchées ; l’accident cardiaque est sévère et mortel, parce qu’il n’y a pas le reconditionnement myocardique. C’est-à-dire, qu’il n’y a pas de circulation de suppléance, le cœur n’est pas préparé à vivre sans oxygène. Ce n’est pas la même chose que pour une personne âgée diabétique, hypertendue, qui a déjà fait quelques accidents cardiaques. Ce genre d’individus, ces accidents cardiaques sont relativement moins sévères, c’est comme si le cœur est devenu habitué à vivre à ces périodes d’ischémies…

Des signes qui alertent

Il est très utile de savoir qu’avant l’arriver  de l’accident cardiaque, il y a quelques symptômes auxquels on ne prête pas attention.

C’est une douleur thoracique qui survient quelques jours avant chez une personne jeune de 40 ans , qui fume , qui a du cholestérol , diabétique et qui ressent une douleur au niveau de la poitrine à l’effort , qui impose l’arrêt à la marche , un essoufflement ,  des palpitations et parfois une perte de connaissance brève , passagère ….

Sur des terrains similaires, il faut faire très attention, quand le malade est immédiatement pris en charge. On ausculte le patient et l’examen met en évidence des artères coronaires bouchées et on procède à la dilatation de ces artères bouchées. Ce qui permet de sauver ces patients .Ce qui est important, c’est le volet relatif à la prévention.

Il faut rappeler aujourd’hui que les gens jeunes qui font des accidents cardiaques et qui meurent jeunes, sont des personnes à risque. Donc il y a un comportement, il y a une responsabilité de ces personnes, surtout vis-à-vis du tabac qui le principal facteur de risque majeur d’accident cardiaque.

Il s’agit aussi d’éduquer,  de sensibiliser et de former notre population dés le jeune âge, en milieu scolaire, au niveau des entreprises et des établissements aux gestes qui sauvent. Une approche qui est indispensable pour améliorer le pronostic en cas d’arrêt cardiaque.

A retenir

Si on est témoin d’un arrêt cardiaque, il faut agir très vite pour sauver la vie de la personne qui en est victime. Placer la personne sur une zone sécurisée, à l’écart de la circulation, appeler immédiatement la protection civile, faire le 15, indiquer le lieu exacte où se trouve la victime. En attendant l’arrivée des secours, il faut placer la victime sur son dos, sur une surface dure. Mettez-vous à genoux contre la victime, sur le côté.

Positionnez les mains l’une sur l’autre, un peu en dessous du milieu du thorax, les bras bien tendus. Appuyez de tout votre poids, bien au-dessus : ce ne sont pas les bras ni les mains qui appuient mais tout le corps. Ce sont des pressions fortes, enfoncez les mains de 5 à 6 cm dans la poitrine et relâchez complètement le thorax entre chaque compression. Effectuez les pressions sur un rythme régulier de 100 par minute, par séries de 30 compressions consécutives. Faire du bouche à bouche pour apporter de l’oxygène. Ne pas arrêter le massage cardiaque jusqu’à la reprise de conscience de la victime ou de l’arrivée de l’ambulance.

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