Le besoin de la création et la fréquentation de l’art et des lettres

                                       Entretien avec Rita (Ghita) El Khayat

Par  Noureddine Mhakkak

-Médecin Psychiatre Psychanalyste (Université de Paris).-Médecin Spécialiste du travail et d’ergonomie (Université de Bordeaux)  -Médecin Spécialiste de médecine aéronautique (Université de Paris) -Anthropologue diplômée de l’HESS (École des hautes en sciences sociales –Paris) -Conférencière, elle a présenté ses travaux en Europe, aux Etats-Unis (Université de Michigan, Université de Miami), dans les universités italiennes, marocaines, algériennes et tunisiennes, à l’Ile de La Réunion (Mascareignes, Océan indien), etc.-Recrutée par l’OM.S à deux reprises, (Bureau de Brazzaville et d’Alexandrie, postes refusés pour des raisons familiales).

-Crée en 2003 la maison d’édition «Éditions Aini Bennai»-Crée en Italie de la chaire d’«Anthropologie du Savoir et de la Connaissance» (Université de Chieti), 2008-Visiting Researcher, Università Statale, (Chaire de Droit constitutionnel «Pari Opportunità /Egalité des chances», MILANO, Italie) jusqu’à ce jour-Expert de la Méditerranée pour IEMed, Barcelone, Espagne, (Think tank dédié aux relations euro-méditerranéennes).-Membre du réseau méditerranéen «Jasmine»-Crée l’Association culturelle et les Editions Aïni Bennaï (2004).-Membre du Pen club italien.-Freelancer Cinéma et médias.

Émission littéraire quotidienne « UN LIVRE, UN AMI », SNRT, radio nationale marocaine, 2008-201-Écrivain, 36 livres publiés au Maroc, en Italie et internationalement en plusieurs langues. Essais, romans, nouvelles, poésie.

S à deux reprises, (Bureau de Brazzaville et d’Alexandrie, postes refusés pour des raisons familiales).-Crée en 2003 la maison d’édition «Éditions Aini Bennai»-Crée en Italie de la chaire d’«Anthropologie du Savoir et de la Connaissance» (Université de Chieti), 2008-Visiting Researcher, Università Statale, (Chaire de Droit constitutionnel «Pari Opportunità /Egalité des chances», MILANO, Italie) jusqu’à ce jour-Expert de la Méditerranée pour IEMed, Barcelone, Espagne, (Think tank dédié aux relations euro-méditerranéennes).-Membre du réseau méditerranéen «Jasmine»-Crée l’Association culturelle et les Editions Aïni Bennaï (2004).-Membre du Pen club italien.-Freelancer Cinéma et médias. Émission littéraire quotidienne « UN LIVRE, UN AMI », SNRT, radio nationale marocaine, 2008-201-Écrivain, 36 livres publiés au Maroc, en Italie et internationalement en plusieurs langues. Essais, romans, nouvelles, poésie.

A publié dans une trentaine d’ouvrages collectifs, auteur de très nombreux articles scientifiques (Thématiques : Médecine, Psychiatrie, Psychanalyse, Anthropologie, Art, Réflexion sur le féminin, etc.)

-Membre du Pen club italien, 9 décembre 2013.-Prix Una Campana per la Pace, Maiori, 2007.-Prix Mandir per la Pace, Assissi, 8 septembre 2007, Italie. -Rameau d’Or, Prix du Maire d’Assissi pour la Paix, Assissi, 8 sept. 2007, Italie. -Prix spécial et mention spéciale « Prix Francesco Alziator » pour l’Essai « Georges Devereux, il mio Maestro, 29 Oct. 2008, Cagliari, Sardaigne, Italie. -Prix Euro-méditerranéen du Latium, Cérémonie du Vittorio-Emmauele, Rome 2009.-1er Prix international de Poésie « Eugenia Tantucci », Rome, 10 décembre 2013.-Prix littéraire étranger de Roccamorice, juillet 2014, pour « LA DEFIGLIAZIONE » (Traduction du Récit « Le Désenfantement »).

-Prix littéraire étranger du 17ème Festival littéraire international d’Abbatteggio (Abruzzes) pour « LA DEFIGLIAZIONE » (traduction du livre « Le Désenfantement »), juillet 2014. 1- er Prix du concours de « La Lettre d’amour », Chieti, Italie, août 2019. -Chevalier de l’Ordre du Trône, 1994 (Maroc). -Première femme dans l’histoire du Maroc et du monde arabo- musulman à avoir écrit une lettre a un roi, en 1999 « Epître d’une femme à un jeune Monarque », traduite en 11 langues.-Citoyenne d’Honneur de la ville de Pescara (Adriatique), le 10 octobre 2006, en présence du Président du Sénat italien, Franco Marini.-Candidate Prix Nobel de la Paix 2008.-Ambassadrice des Jeux Méditerranées de 2009 (Pescara, Italie). -Officier de l’Ordre du Mérite national, 2009 (Maroc).

-Médaille d’Honneur de l’Institut du monde arabe, IMA, (Paris, France) 19 avril 2019.

Voici une interview avec elle. Bonne lecture.

1-Que représentent les arts et les lettres pour vous ?

Tout ! LA VIE, LA SURVIE, et le moment présent… et ce qu’il y a de plus beau du passé, … la seule qualité de l’avenir car la pensée, le livre et la lecture, l’intellect, les idées sont le noyau même de mon existence ; l’art m’a consolée de beaucoup de peines, il m’a confortée, il m’a lavée des affronts, des impossibilités, des vues étriquées des gens ordinaires. L’art et les lettres m’ont permis de dépasser ma condition de femme, qui, dans notre société, est très très loin d’être un problème résolu ! art et lettres, mais aussi la science- m’ont donné la force de dépasser toutes les avanies liées à mon sexe féminin ; de la fréquentation de l’art et des lettres, de la rencontre vraie ou virtuelle avec les artistes et les écrivains, j’en suis ressortie forte et vigilante. Je n’en suis pas sortie, je ne fais qu’y rentrer, vraiment…

2- Que représente l’écriture /La lecture   pour vous ?

Tout : voyez donc, dans le désordre !

Le livre c’est la vie en élan ; lire donne envie de faire, il provoque le besoin de la création ; l’humain étant mortel, loi imposée par la vie elle-même, lire est presque un phénomène animal car il donne envie de vivre ; on lit donc on découvre ce qu’on en connait pas ; le livre provoqué des suggestions absolument inépuisables ; il explique, il pousse plus loin l’envie d’expliquer la vie et de s’expliquer sa vie, ses décours et ses sinuosités…

3- Parlez-nous des villes que vous avez visitées et qui ont laissé une remarquable trace dans votre parcours artistique.

Casablanca quand j’étais enfant, Marrakech, Rome Et Shiraz. Sur Casablanca, j’ai beaucoup écrit ; je vous livre quelques lignes sur cette ville extraordinaire : “Eddar-el-Beida, bladi, Casablanca, ma Ville” Rita El KHAYAT, Marsam collection Offrande, Rabat, 2006 (traduit en espagnol et en arabe). Quand j’étais petite, nous venions de Rabat à Casablanca pour trois raisons extraordinaires : visiter la Foire, aller au Zoo de Aïn Sbaâ ou nager dans La Piscine Municipale. Souvenirs vagues et magiques.

J’avais peur de l’Œil-du-Lion, quand nous nous rendions vers le parc, à Aïn Sbaa, pensant trouver le roi de tous les autres animaux veillant sur ses comparses, fièrement dominateur, lâché dans la nature !

  « Quand je devins moins, à peine moins, naïve, j’habitai L’Œil-des-Loups et je quittai quelques temps plus tard ce quartier absolument charmant de Casablanca sans avoir jamais su pourquoi on l’appelait Aïn-Diab… Les flamboyants des jardins tranchaient sur le bleu intense du ciel dès le mois d’avril, quand la fête s’emparait des sens de l’univers, l’été s’approchait. Au loin les vagues frisaient en longues crinières blanches… » (Page 1)

   Marrakech, quand j’y suis arrivée au soleil couchant alors que j’étais à la fin de mon adolescence m’a laissé une image de couleurs extraordinaires, des ocres, bruns, bistre, encre foncée, moi qui n’avais vu que des villes blanches ; des constructions basses, à angle droit, des attelages, des ânes et des chevaux, animaux de trait, complétaient cette vision qui me sembla sortie d’un livre de voyage que quelqu’un aurait ouvert à cette page aux couleurs somptueuses !

4-Que représente la beauté pour vous ?

Tout.

L’essentiel, l’accessoire, le vital, le plus, le moins l’évident et la caractéristique de l’essence même de la vie. La beauté c’est le renouveau, la transformation, la transfiguration. Elle nous fait oublier ce qui est une souffrance, elle procure le délassement, nous fait réfléchir sur nous-mêmes : sommes-nous baux nous-mêmes, sommes-nous beaux à l’intérieur de nous –mêmes ? Cette beauté est-elle un don que nous faisons aux autres ? Les enrichit ‘elle autant qu’elle nous satisfait, détende, rende heureux ?

La beauté est une expérience fouillée de la vie.

5- Parlez-nous des livres /films que vous avez déjà lus/vus et qui ont marqué vos pensées.

  Films et livres donnent couleur et odeur à la vie et à l’expérience vécue. Ils sont souverains contre la solitude. Ils sont une amitié-arme contre ce qui est inexplicable, injuste, laid, pauvre de sens. Lire, c’est immédiatement s’identifier à des paroles imprimées qui font sens immédiatement en nous, on aurait pu les dire ou les écrire, mais quelqu’un l’écrivain, l’a fait mieux que nous et donc nous l’a offert… « Lire, c’est suivre ceux qui ont le chou farci… Merci ! », Chante Pierre Perret, dans sa drôlerie habituelle…  

 Je suis une addict absolue au cinéma et aux films. Je ne comprends pas que l’on puisse ne pas aimer le cinéma et ne pas voir de films car c’est une donnée de la vie humane actuelle qui passe par le regard, l’image, l’image couplée au son ; ne pas voir de films c’est comme vivre au moyen-âge, c’est le sous-développement le plus profond, c’est comme être analphabète !!

Les téléphones portables ne peuvent pas être un remplacement du monde visuel par un écran minuscule au regard d’un écran de salle de cinéma ou au moins celui d’un téléviseur…

 Parler des livres et des films que j’ai déjà lus ou vus et qui ont marqué mes pensées, ce serait comme raconter ma vie ! ils sont innombrables, ils sont nécessaires, ils définitivement importants dans ce que je suis et ce que je pense ; parler de Virgile, d’Homère et de Rousseau, c’est un pari car il faut les replacer dans mon parcours dans mes déambulations entre instruction et démarche personnelle d’acquisition du savoir, de la connaissance, de l’art, etc.

Novecento, Médée de Pasolini, Fellini, Mangala fille des Indes, Out of Africa, « La piscine » de Jaques Deray, Spartacus, etc. etc. je suis une dévoreuse de films et de livres et les citer ne serait qu’en faire une belle salade, sans un sens péjoratif, mais seulement pour appuyer sur el fait que chaque œuvre que j’ai traversée, livre ou film, mériterait, chacune, une longue digression ; comme par exemple, puisqu’il me vient à la tête « Les demoiselles de Numidie » de Mohamed Leftah… Je suis sortie étreinte de ce livre.

Je l’ai abandonné. Je ne pourrai pas le relire. Et puis, il y a les auteurs de livres ou les réalisateurs que j’ai rencontrés et qui, évidemment, me font voir différemment leurs productions que si je ne les avais pas recroisés ; parfois, l’individu qui a écrit ou réalisé un film est extrêmement décevant et parfois, il est absolument plus fascinant que sa réalisation écrite ou filmée…

6-Parlez –nous de vos projets culturels /Artistiques à venir.

 Je devrais avoir enfin le courage d’exposer mes œuvres picturales ; je ne sais pour quelle raison je n’y arrive pas. Timidement, j’en illustre mes livres ou ose exister à côté de peintres sur des livres…. La question n’est pas résolue en moi !

Les livres : oui, il y a un certain nombre de republications qui arrivent… parce que les éditions sont épuisées, comme le livre des Prénoms, le roman « La liaison », « Le Maroc des traditions, des rites et des coutumes », etc.

Et puis, un nouveau livre de poésie, et un roman que j’ai écrit pendant six ans, je crois qu’il aurait un fort impact… je le souhaite car j’y ai mis tout mon cœur. Avec beaucoup de questionnements sur ce qu’est la littérature, l’art, la création, après 35 livres déjà tous publiés…

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