Le drame de Tanger!

On s’était toujours dit que notre pays vivait des contrastes hallucinants dans le parcours de son évolution. Au moment où il cumulait, par-ci, par-là, des performances éclatantes à plus d’un titre, il tombe au fond de la mare pour des faits aussi révoltants que sordides.

On ne se serait même pas retenu d’avancer que toutes les réalisations acquises par des sacrifices ardus, seraient vaines tant que les populations se seraient exposées, à chaque fois, aux affres de l’insouciance mortifère. Il y a juste quelques jours, on était soumis au désastre de pluies diluviennes à Casablanca, dévoilant des fragilités criardes, en termes de gouvernance et d’infrastructures de la ville, alors que la capitale économique incarnait à coup sûr, le symbole saillant de la modernité à travers l’histoire du royaume. Il a fallu que des précipitations torrentielles levaient ces déperditions criantes pour qu’on se rende compte de ces faillibilités qui tirent vers le bas tout signe de progrès.

Et puis, le drame de Tanger ne tardera pas encore une fois, de branler et d’émouvoir tout le pays, à travers ces images horrifiantes qui sillonnaient les réseaux sociaux. Pas moins d’une trentaine de victimes fut noyée et électrocutée, sous les eaux pluviales débordantes d’un atelier clandestin de textile dans la ville du détroit. Des cris de détresse fusèrent du trou fatal de la «fabrique» où succombaient à petits feux, des vies humaines.

Il n’y a pas plus atroce et inhumain que de voir suffoquer sous les flots  des âmes innocentes. Des scènes hideuses à couper le souffle et à heurter dans l’horreur, tout un chacun. Une manufacture secrète, à sous sol, dit-on! Mais, peut-on croire un seul instant qu’une telle fraude peut échapper à l’œil vigilant des agents de l’Autorité qui, à longueur de journées, rôdent dans les coins les plus discrets des quartiers ? Se serait-on montré si «laxiste» envers un tel impair, au point de mettre en péril des personnes sans protection ni sécurité ? Il y aurait bel et bien anguille sous roche, face à cette connivence immonde ! Il s’avère, sans nul doute, que les pouvoirs publics, à travers ses institutions de contrôle sont encore pointés du doigt pour cette louche «complaisance».

La tragédie de Tanger qui fait aujourd’hui le tour du pays et suscite rogne et indignation, interpelle l’Etat et ses diverses instances, en vue de mettre fin aux infâmes pratiques de soudoiement dans «l’informel qui, non seulement porte préjudice à l’économie nationale, par le biais de ses fuites et ses anarchies, mais aussi et surtout sème les risques de faire passer de vie à trépas aux personnels à la recherche de boulot indécent et menaçant soit-il.

Dans un pays qui se respecte et devant l’énormité et la férocité de cet incident dramatique, ses responsables directs n’hésitent nullement à déposer leur démission, si ce n’est le procès judiciaire pour cette démission flagrante aux droits à la vie digne des citoyens. Chez nous, ces déchéances ne sont guère sanctionnées ni interpellées par l’Autorité compétente, ce qui inciterait à la récidive dans l’impunité. A voir constamment ces forfaits, on est plutôt tenté à affirmer que le chemin est long pour accéder à une Nation qui met le citoyen à la tête de ses priorités !

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