Hammou Oulyazid : le doyen

Chronologie de la chanson amazighe

Mohamed Nait Youssef

Une école  musicale à part entière et une référence incontournable. En effet,  on ne peut pas parler de la chanson amazighe moderne sans évoquer l’un de ses monstres sacrés,  feu Hammou Oulyazid.

Ce père spirituel pour certains et une source d’inspiration pour d’autres à la fois chanteur, auteur, compositeur et parolier a marqué pendant des décennies le paysage musical et artistique national. Un vrai maître de joutes verbales et de poésie porteuse d’images, de sens  et de signification.

En effet, c’est à Aït Oufella, à Aïn Leuh au Moyen Atlas, que le doyen de la musique amazighe avait ouvert les yeux en 1929. Ainsi, la nature fabuleuse et les beaux paysages et visages de la région ont inspiré la verve et la musique rénovée et modernisée de l’artiste.  A vrai dire, le vrai  artiste est celui qui s’inspire et inspire !

«Ouâssim Hamou Ben Lyazid, selon l’identité administrative ou tout simplement Hamou Oulyazid, selon l’appellation Amazighe, «Ben» en Arabe étant l’équivalent en Tamazighte de «ou» beaucoup de gens lui attribuent un double nom de famille et cela pour montrer qu’ils ont effectué des recherches autour de ce personnage, mais en vain. »,  souligne le chercheur et écrivain Hamzaoui Abdelmalek. Et d’ajouter : «feu Hamou de son nom de famille réel «Ouâssim» en relation avec le nom de la tribu et le lieu de naissance de son père «Lyazid» dans le Sud-Est du Maroc «Tabouâssimte». «Boufala» est le nom de famille de la mère d’Ouâssim Hamou Oulyazid. Hamou Oulyazid est décédé le 23 avril 1973 à Ain Leuh.»

 Hammou est l’un des fondateurs et précurseurs d’un nouveau style de la chanson qui a été créé à l’époque aux côtés  des autres figures de proue du chant et de la poésie, entre autres El Ghazi Bennacer, Moha Oubaba, Moha Oumouzoune.

À partir des années 50, le chanteur a imposé sa voix  et son empreinte musicale grâce à des titres à  succès tels que les fameuses chansons « Atroukh Hdough Iberdan », « Ayoul Achiran »,   « Awa yawra maytaanid ayoul », « Tiwld awnna d’ntmoun », « Atrbht adour tkat lbab… »

 Ces merveilles ont été  reprises plusieurs fois par d’autres voix et groupes avec de nouveaux arrangements et styles musicaux.  «Le père spirituel de la chanson Amazighe de Fazaz est devenu célèbre grâce aux nombreuses chansons qu’il a enregistrées à la SNRT, ex RTM, département de Tamazight à Rabat, juste après l’indépendance du Maroc », explique Hamzaoui.

 Depuis son jeune âge, le défunt était un grand amoureux de la musique et férus des instruments. Au début, il avait commencé à jouer sur l’instrument à percussion le « bendir » en passant par « loutar », « l’oud » et le violon. En outre, sa faculté d’apprendre par cœur la poésie et  les chants traditionnels lui a permis d’y ajouter sa touche de créateur et de compositeur de nouvelles sonorités et mélodies.

 Il avait  joué le rôle majeur de rénovateur et de modernisateur de cette musique qui était méconnue, entre temps, pour le grand public. Il fallait attendre l’année de 1953 pour que le chanteur fasse  ses premiers pas à la radio nationale. Un artiste prolifique et accompli! Hammou Oulyazid compte à son actif plus de 200 chansons dont les thématiques sont diversifiées : partagées entre l’amour, la patrie, la vie quotidienne des gens, l’amitié, la trahison, la fidélité…

 Par ailleurs, de nombreux noms de la scène artistique nationale ont accompagné le chanteur au long de son parcours artistique, dont Zayd Ouhdidou, Yamna Oult Ouira, Moha Benaissa et bien d’autres. Un militant de la première heure,  feu  Hammou Oulyazid a fait  des chansons et de sa poésie un instrument de résistance contre le protectorat français et de promotion des valeurs du peuple marocain.  Il est décédé le 23 avril 1973 dans sa ville natale, Ain Leuh.

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