Ali Faiq, le passeur…

Nouvelle  scène de la chanson amazighe

Mohamed Nait Youssef

Voix authentique du Maroc profond, Ali Faiq a fait de la musique et de l’art son cheval de bataille pour sauvegarder le patrimoine musical des Rwaïss. Chanteur, auteur, compositeur aux multiples facettes, Ali, né à Ait Milk en 1965, inspire ses mélodies et rythmes chants et rythmes des anciens Rwaïss des années 30, qui ne sont pas généralement connus par le grand public.  En effet, dans son album «Isktitn», l’artiste revisite le répertoire authentique des ténors de la musique de Souss  mais avec un style moderne et renouvelé. 

l’art son cheval de bataille pour sauvegarder le patrimoine musical des Rwaïss. Chanteur, auteur, compositeur aux multiples facettes, Ali, né à Ait Milk en 1965, inspire ses mélodies et rythmes chants et rythmes des anciens Rwaïss des années 30, qui ne sont pas généralement connus par le grand public.  En effet, dans son album «Isktitn», l’artiste revisite le répertoire authentique des ténors de la musique de Souss  mais avec un style moderne et renouvelé. 

«On a fait une initiative qui revisite un répertoire oublié même par les professionnels des Rwaïss. Il y en a même de ces professionnels qui ne le connaissent pas. Je parle bien entendu de la période des années 30, avant même Lhaj Belaïd. Du coup, il y a un patrimoine qui est dans l’archive qui n’était pas chanté, ni repris par les gens. Or, la plupart se sont concentrés sur Lhaj Belaïd. Dans cet ancien répertoire, on y croise des noms comme Abdellah Yanayer, Rais Boujmaa, Rais Mohamed Mzine. », nous confie l’artiste. Et d’ajouter: « la traduction des Rwaïss a été dénaturalisée abandonnant son authenticité au niveau des mots et des chants. Dans notre démarche, on a essayé de faire une reprise de ce répertoire pour mieux le diffuser aux gens. Car, puisque les Rwaïss qui sont sur scène aujourd’hui ne connaissent pas ou peu cet  archive qui  lutte contre les oubliettes ;  cela veut  dire que le  public, quant à  lui, ne le reconnait pas. En effet, cet archive est dans la Bibliothèque nationale de France. C’est un patrimoine caché où j’ai tenté de chercher les inspirations pour ce nouvel album «Isktitn». Par ailleurs, je travaillais seulement sur ce répertoire des Rwaïss Aboubader Nachad, Lhaj Belaïd, Boudraa : les plus connus.

Une démarche artistique novatrice. Ali Faiq est un passeur d’idées et de valeurs. Il a toujours œuvré en outre pour transmettre son art et son savoir faire aux jeunes artistes et chanteurs de demain. «J’ai essayé de tisser un lien entre les Rwaïss traditionnels qui participent avec moi sur scène et les jeunes influencés par cette musique moderne. Mon objectif : il faut que les jeunes fassent leur lecture à ce répertoire avec leur manière tout en gardant les éléments de l’authenticité en ce qui concerne les textes, les chants, les instruments et les percussions.», a-t-il dit.

Ainsi, notre vision, dit-il, consiste à ce que les jeunes jouent ce patrimoine avec leur style et contribuer à l’évolution de ce patrimoine musical. « Pour nous, on ne voulait pas en faire un patrimoine figé. On l’avait fait avec notre manière propre à nous. », a-t-il fait savoir.

Par ailleurs, c’est dans la région de Souss-Massa que l’artiste a initié un projet artistique  prometteur, «Art Igmmi». Cette structure culturelle a pour but le rayonnement à la fois de la région  et la promotion de l’art des Rwaïss. Une initiative à saluer ! 

«L’idée du projet est d’en faire un local dans une zone rurale, là où il n’y a plus d’infrastructures culturelles. Nous voulons faire un produit pour découper l’art de cette région pour préservation de la culture orale afin d’en faire une locomotive de développement et de conservation du patrimoine musical des Rwaïss. Ce serait un espace pour la recherche et la collecte des chansons dans le but de créer une base de données de cette musique, mais aussi de créer un musée pour les années à venir.», a-t-il expliqué. 

Toutefois, pour préserver la musique, il faudrait sauver et conserver ses archives de l’oubli et de l’amnésie.

Heureusement, affirme-t-il, on a un patrimoine très riche qui ravit non seulement le patrimoine musical amazigh, mais marocain d’une manière générale. A titre d’exemple, la Bibliothèque Nationale de France des archives m’a donné une idée sur des trésors musicaux cachés méconnus du public, a-t-il souligné. Et ‘ajouter : «pourquoi le Maroc ne jouirait-il pas de ce privilège ? Ce que je dis sur la musique des Rwaïss peut être repris sur celle du Malhoun, l’Aita et autres genres musicaux du Maroc. Or, les initiatives sont toujours manquantes de la part par exemple des associations, pour récolter ce patrimoine musical et le classer dans une base de données pour les recherches en matière de musique. Même chose pour les musées dans les autres pays du monde : on y trouve tous les instruments de la musique mondiale des quatre coins du monde, sauf les instruments marocains qui en restent   absents ! »

En revanche, sur les moteurs de navigations sur internet, je trouve toutes les informations sur les musiques du monde. Mais quand je lançais la recherche sur un genre musical marocain, l’information est très minime, a t il précisé. Or, avec l’émergence de l’internet, il fallait penser à consacrer et lancer des sites ainsi que des plateformes pour que le public puisse se procurer facilement. Ce qui titille sa curiosité et lui permet de découvrir ainsi tous les styles musicaux de son pays, conclut-il.

Ali Faiq a grandi à Dcheira.  Très jeune a pu apprendre les chants et la poésie des ténors de la musique amazighe, comme Lhaj Blaid et Boubakr Anechad. Un parcours très riche ayant commencé en 1988 par la création de l’orchestre Dounia Amarg en passant par le groupe musical « Amarg Fusion » (2002). Puis le  groupe baptisé « Amarg Expérience » (2016). Parmi ses albums, nous citons à titre d’exemple : « Agadir ifawn » avec Amarg Fusion sorti en   2006,  « Argan d’ufgan » avec Amarg  (2008) , « Tirra s’ikwlane » ( 2013). 

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