Une heure avec l’écrivain Abdelfattah Kilito

Le miroir d’encre

Par Noureddine Mhakkak

Inviter l’écrivain marocain Abdelfattah Kilito pour parler de ses œuvres devant un public intéressé est une chose prestigieuse, mais l’inviter pour en parler devant des élèves dont l’âge varie entre 16 et 17 ans est une chose plus remarquable. En effet, cela impose à l’écrivain une autre façon de communiquer, plus accessible mais sans perdre sa richesse, sa profondeur et son contenu quant à la littérature arabe et francophone. En somme, l’exercice demande de la pédagogie.

C’est pour ces raisons là que j’ai beaucoup apprécié cette rencontre de l’écrivain Abdelfattah Kilito avec les élèves, ou plutôt certains élèves du Lycée Lyautey, qui était organisée dans le cadre de la journée de la francophonie et la poésie, le 19 Avril 2018, de 11h à Midi en salle Delacroix.

Cette rencontre a connu la présence de plusieurs professeurs de langue arabe et des représentants de l’administration du Lycée.

Dès le début, notre écrivain et intellectuel Abdelfattah Kilito était calme et souriant, comme à son habitude d’ailleurs. Mme Amal Benouiss, professeure de langue arabe, a introduit l’invité en parlant de son parcours académique et culturel, de ses nombreux ouvrages sur la création dans le domaine de la critique et du roman. L’auteur n’a cessé de parler avec une langue française de haut niveau, de son amour envers la langue et la culture arabe, lui qui a étudié et enseigné la langue française. Cet amour qui l’a poussé à étudier la littérature arabe et à préparer une thèse de doctorat sur les Séances arabes (Les Maqamates) publiée aux éditions Actes sud, sous le titre Les séances : Essais et contes culturels arabes chez Hamadhanî et Harîrî.

Ensuite L’écrivain Abdelfattah Kilito a abordé, dans un style incisif, et avec beaucoup d’humour, les thèmes majeurs de ses deux livres qui parlent de la relation entre les langues et de l’interculturel universel entre les civilisations. Le premier livre « Tu ne parleras pas ma langue » qu’il a écrit en langue arabe et qui a été traduit en langue française par Francis Gouin, traite la problématique du passage d’une langue à l’autre, et le problème de la traduction. Tandis que le deuxième livre « Je parle toutes les langues mais en arabe » est écrit avec une certaine intronisation et une pointe d’humour, en traitant les rapports dans la vie quotidienne et en littérature entre l’arabe littéral, l’arabe moderne, l’arabe classique, et les langues étrangères.

Après qu’il eut terminé d’exposer ses réflexions sur cette relation entre ces langues, il a mentionné l’importance de la langue et de la culture française en mettant en relief le fait que c’est grâce à la presse culturelle française que plusieurs écrivains étrangers ont été révélés comme Samuel Beckett qui a pu accrocher le prix Nobel de littérature ou Jorge Luis Borges qui est devenu mondialement célèbre.

Les questions des élèves étaient riches par leur diversité et l’écrivain Abdelfattah Kilito était généreux dans ses réponses. Car il a essayé d’y répondre sans oublier une.

Il est également important de mentionner la présence d’une classe d’un établissement public marocain, le collège Al Moutanabbi. Les élèves de cet établissement participaient aux activités organisées par le lycée Lyautey. C’est dans ce cadre qu’ils ont pu eux aussi profiter de l’intervention de l’auteur et ont pu également échanger avec lui.

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