Le nouveau président du Pérou dans le viseur de la justice

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

A peine installé au pouvoir, voilà que le nouveau président péruvien Pedro Castillo qui, depuis son élection, fin Juillet, est la cible d’attaques virulentes de l’opposition de droite, est déjà dans le viseur de la justice.

Ainsi, après avoir ouvert, à la demande du parquet, une enquête préliminaire contre « Peru Libre », le parti du président, à propos du financement de la campagne qui a porté ce dernier à la magistrature suprême du pays et pour une affaire de blanchiment d’argent présumé, dans laquelle serait impliqué Guido Bellido, le nouveau chef du gouvernement auquel le Congrès vient d’accorder sa confiance, le juge Carlos Sanchez a autorisé «  les perquisitions à domicile, la saisie des biens et les fouilles » dans sept propriétés parmi lesquelles figure le domicile de Vladimir Cerron, un dirigeant controversé du parti qui avait déjà été condamné, en 2019, à quatre années d’emprisonnement avec sursis alors même qu’il était gouverneur du Junin, une région du centre du pays ; une condamnation qui l’avait empêché d’être le candidat de Pedro Castillo à la vice-présidence.

C’est dans le cadre de l’enquête précitée, que, ce samedi, des magistrats et des policiers péruviens ont perquisitionné les locaux de « Peru Libre ». Or, tout en faisant part, dans un communiqué, de sa « surprise » devant une telle mesure, le parti du chef de l’Etat a affirmé son entière disposition à « collaborer » dans l’enquête diligentée par le parquet mais a tenu, néanmoins, à mettre en garde contre « toute tentative d’intimidation des forces de l’ordre, du parquet et de la justice qui tenterait de violer les procédures régulières ».

Pour rappel, l’élection de Pedro Castillo, qui était quasiment inconnu d’une grande partie de ses compatriotes quelques mois à peine avant son élection, relève vraiment du miracle quand on sait dans quelles conditions l’intéressé, un syndicaliste qui exerçait la fonction d’instituteur de campagne dans le nord du pays, est parvenu à arracher la victoire.

Après sa victoire, le candidat de la gauche avait tenu à remercier les « peuples de tout le Pérou qui, dans leur diversité et avec une force historique » lui avaient apporté leur confiance car il avait, face à lui, d’une part, un système médiatique et économique qui n’avait pour seul objectif que de l’écarter de la course à la présidence de la république et qui, pour le discréditer, n’y était pas allé de main morte puisqu’il avait déployé une véritable campagne de peur en l’accusant de vouloir instaurer « un gouvernement communiste » et d’autre part, sa rivale et candidate de droite, Keiko Fujimori, la fille de l’ancien président du Pérou, qui avait mis beaucoup de temps à reconnaître sa défaite.

Criant à la fraude sans apporter la moindre preuve, cette dernière avait refusé de reconnaître la victoire de Pedro Castillo bien que ce dernier ait, officiellement, recueilli près de 44.000 voix de plus qu’elle et qu’après avoir loué le travail des organismes électoraux, la mission d’observation de l’Organisation des Etats Américains (OEA), de l’Union Européenne (UE) et des Etats-Unis avaient déclaré, d’une même voix, que le scrutin avait été « libre et transparent ».

Mais le combat de la droite péruvienne contre le nouveau président Pedro Castillo ne s’arrête pas là et ces derniers jours, plusieurs journalistes de grandes chaînes de télévision du pays ont été congédiés, sans aucune forme de procès, pour le seul fait d’avoir publiquement dénoncé, au sein de leur rédaction, « une ligne éditoriale clairement partisane en faveur de la candidate de droite et un manque patent de professionnalisme durant la campagne ».

Est-ce à dire qu’en dépit de sa victoire à l’élection présidentielle, le nouveau président péruvien Pedro Castillo va devoir faire face à de grandes difficultés au cours de l’exécution de son mandat ?

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